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dimanche 29 août 2010

Quand le vodou aura son premier musée-centre culturel

Les objets sacrés du vodou constituent un patrimoine culturel, un héritage monumental à sauvegarder et à préserver. Un projet de création d'un musée-centre culturel est envisagé par un groupe de citoyens et intellectuels. Ce, dans l'objectif de la perpétuation et de la revitalisation des valeurs culturelles, populaires et religieuses du pays.
Haïti: La Fondation pour la préservation, la valorisation et la production d'oeuvres culturelles haïtiennes (FPVPOCH), composée de l'anthropologue Rachel Beauvoir Dominique, de Reynald Trouillot, de Marianne Lehmann, des architectes Didier Dominique et Jean Hénock Trouillot, ambitionne depuis vingt ans de créer dans le pays un musée-centre culturel, consacré au vodou et à la culture haïtienne.
Selon Rachel Beauvoir Dominique et Jean Hénock Trouillot, « ce musée, qui sera formellement le premier espace d'exposition consacré aux arts sacrés du vodou, se veut aussi le premier « centre culturel de préservation, de conservation et d'activités culturelles et artistiques relatives au vodou et à la culture du pays. D'où le projet dénommé : musée-centre culturel ». Les architectes Didier Dominique, Jean Henock Trouillot travaillent d'arrache-pied à la conception de la maquette du bâtiment devant abriter ce musée. Cette construction, indiquent-ils, « doit répondre aux normes standard de tout musée ».
Le musée-centre culturel du vodou sera doté d'une bibliothèque, d'une salle de spectacles (théâtre, danse, musique), explique Jean Hénock Trouillot. « Ce musée aura aussi la vocation d'encourager et de produire des recherches scientifiques sur la culture haïtienne et le vodou », ajoute-t-il.
Les fonds de collection de ce musée-centre culturel seront notamment constitués de la riche collection d'objets sacrés de Marianne Lehmann. Il s'agit d'une riche collection d'environ 3 000 objets, répartis en grandes installations représentant des divinités du vodou et en objets de tous genres, tels que : cruches, drapeaux, colliers, crécelles, costumes, statues. Ces objets ont été généralement utilisés dans des cultes du vodou. Ils sont notamment issus de temples de vodou et de « lakou ». Au-delà de leur dimension esthétique, ces objets ont une valeur significative sur le plan magico-religieux.
Les arts sacrés du vodou d'exposition en exposition.
Une grande partie des objets de la collection de Madame Lehmann a, depuis 1996, fait l'objet d'expositions itinérantes organisées aux Etats-Unis d'Amérique, en République dominicaine, au Canada et en Europe du Nord. Une exposition de ces objets a été tournée dans de nombreuses villes américaines, dont celle de l'Université de Los Angeles en Californie et du Musée d'art de Baltimore. Cette institution lui a consacré un catalogue : « Les arts sacrés du vaudou en Haïti ». En 2000, le Centre culturel espagnol de Santo Domingo a réalisé une exposition autour de ces objets, laquelle a eu lieu dans une église datant du XVe siècle, l'époque de la colonisation espagnole dans la partie est de l'île. De 2006 à 2007, à l'initiative de Jacques Hainard et de Philipe Mathez, une autre exposition s'est tenue au Musée ethnographique de Genève. Intitulée « Vodou, un art de vivre », cette exposition a fait l'objet d'un catalogue, du même titre, conçu et réalisé par Jacques Hainard et Philipe Mathez, respectivement directeur et conservateur du Musée ethnographique. Ce catalogue de 448 pages, auquel ont contribué une vingtaine de chercheurs, d'universitaires et de vodouisants, est paru en anglais, en allemand et en néerlandais. Dans le cadre de l'exposition genevoise qui s'était poursuivie jusqu'au mois d'août 2008, les organisateurs ont projeté le documentaire, « Une mémoire vodou », réalisé par Irène Lichtenstein. Dans ce film, Marianne Lehmann raconte sa passion. Elle fait découvrir ses pièces et fait rencontrer des artisans qui fabriquent ces objets pour lever un coin du voile sur une des croyances les plus mystérieuses du pays.
En septembre 2007, une autre exposition allait être réalisée au Musée des cultures mondiales de Göteborg, en Suède, en présence des architectes Didier Dominique et Hénock Trouillot et de l'anthropologue Rachel Beauvoir-Dominique. L'ouverture de cette exposition a été suivie de la présentation de la collection des objets sacrés par l'anthropologue Dominique, de la conférence d'Hénock Trouillot, (dans laquelle il a situé le contexte historique des objets présentés).
Du 1er novembre 2008 au 10 mai 2009, l'exposition s'est déroulée au Tropenmuseum d'Amsterdam. De style XIXe siècle en brique, le Tropenmuseum est l'un des plus grands musées ethnographiques d'Europe. Logé dans un édifice d'une quarantaine de mètres de hauteur et de cinq étages à balcons intérieurs, ce musée comprend des collections impressionnantes de milliers d'objets du monde entier.
Après le musée de Göteborg où elle s'est poursuivie jusqu'en janvier 2010, l'exposition se déroule de mai à octobre 2010 au Musée ethnologique de Berlin - qui comporte une collection permanente de plus de 500 000 objets du monde entier. En novembre 2010, les objets seront montrés au Musée canadien des civilisations d'Ottawa. D'octobre 2011 à avril 2012, ils seront à nouveau présentés au public allemand, puis en juin 2012 à l'Ubersee Museum de Brème.
L'exposition durera jusqu'en novembre de cette année. Les recettes des entrées des différents musées où se sont tenues les expositions seront reversées à la Fondation pour la préservation, la valorisation et la production d'oeuvres culturelles haïtiennes, en vue de la construction du musée-centre culturel. Entre-temps, les initiateurs de ce projet comptent sur les contributions des organisations et de citoyens d'ici et d'ailleurs pour les aider à concrétiser ce rêve qui les tient tant à coeur.
La création du Musée-centre culturel vodou en Haïti s'inscrit dans les lignées de la préservation et de la conservation d'un patrimoine culturel, artistique et sacré que constituent les objets vodou. Bien nombre de ces objets sont entreposés dans une maison de sept pièces, « placés sous l'oeil de sa propriétaire, en l'occurrence Marianne Lehmann ». Quelques pièces ont été endommagées lors du séisme du 12 janvier. Par la suite, elles ont été confiées au Centre de sauvetage de biens culturels pour être restaurés. « Car nous tenons à préserver cet héritage culturel monumental », a lâché l'anthropologue Rachel Beauvoir Dominique. Les objets sacrés du vodou témoignent du syncrétisme religieux, de la dimension spirituelle, cultuelle, rituelle et artistique d'Haïti. Ils sont capables de provoquer d'intenses émotions ou des sensations de transe. Ces objets renvoient au passé et à la culture populaire haïtienne ainsi qu'aux influences africaines et occidentales. C'est pour plus d'un tout un « art de vivre » !
Chenald Augustin
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=82937&PubDate=2010-08-27

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