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mercredi 23 juin 2010

Séisme à Haïti: le bout de bois et la céramique rouge

Publié le 21 juin 2010.-  

Simon Boivin, Le Soleil.-
(Québec) Au creux du désespoir, coincé dans un piège sans issue, Nicolas Mazellier a songé à mettre fin lui-même à la lente agonie d'une mort quasi certaine. Son regard s'est alors porté sur un «bout de bois et un morceau de céramique rouge».
Même si l'après n'est pas rose, l'idée d'attenter à ses jours ne hante plus son esprit. «Ce serait incohérent, dit-il. J'ai trouvé un sens à ce que j'ai vécu. Ça ne fait pas partie des options. Mais il reste que sous les décombres, dans l'angoisse... Oui.»
Depuis son retour au Québec, M. Mazellier a entretenu une correspondance avec l'un des soldats équatoriens qui l'ont tiré des décombres, le commando Miguel Granja. Une opération de sauvetage qui aurait pu mal tourner, a-t-il appris dans une lettre. «Je sais que ç'a été difficile, indique le rescapé. Une fois qu'ils m'ont trouvé, ils ont creusé par en haut et ça ne marchait pas. Mais quand il [M. Granja] me dit qu'ils ont failli tout laisser tomber... Mais ils ne l'ont pas fait.» Il entend rendre visite à ses sauveteurs.
Nicolas Mazellier ne prétend pas avoir un message à livrer. Si son expérience très personnelle peut être utile à quelqu'un, alors tant mieux. «Je considère que j'ai une exigence qui s'est imposée à moi de témoigner de la présence de Dieu dans nos vies, dit-il. Je ne dis pas que tout le monde doit la saisir. Mais pour moi, c'est comme ça que ça s'est passé. Et je respecte que des gens ne croient pas.»
La principale leçon tirée de son malheur est qu'il faut profiter du moment présent et accepter que la douleur fait partie de la vie.
«Je me suis rendu compte que pendant 38 ans, j'avais fui, affirme-t-il. Même les difficultés font partie de l'existence. La façon dont on les traverse nous rend un peu meilleurs. Chaque moment est important. [...] C'est terrible, mais si demain, on me disait : "Tu as le choix de le vivre ou pas"... Je suis heureux d'avoir vécu ça.»
À son grand étonnement, Nicolas Mazellier a reçu il y a quelques semaines sa valise. Celle qu'il défaisait lorsque le sol s'est mis à trembler le 12 janvier, en Haïti. Passablement amochée, elle contenait toujours ses vêtements, mais surtout quelques gravats de l'hôtel Montana. Il les a gardés dans un petit sac de plastique transparent. Des parcelles de béton, de pierre. Et des éclats de céramique rouge.
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/dossiers/seisme-en-haiti/201006/20/01-4291841-seisme-a-haiti-le-bout-de-bois-et-la-ceramique-rouge.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4291840_article_POS1

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