Un écart de deux voix, 38 contre 36, qui consacre le passage du salaire minimum à 125 gourdes en attendant le vote du Sénat
Mardi 18 août 2009, Radio Kiskeya
La Chambre des Députés a approuvé mardi par 38 voix pour, 36 contre et 4 abstentions l’objection du Président René Préval à la loi sur le salaire minimum à 200 gourdes (environ 5 dollars), lors d’une troisième et ultime séance consacrée à cette épineuse question à l’origine d’une grande polarisation sociale.
Les vues de l’Exécutif ont triomphé au cours d’un vote serré au bulletin secret après que l’assemblée s’était prononcée en faveur d’une proposition du Député David Génésté (Alyans/Cayes, Sud) demandant l’examen de l’objection du chef de l’Etat en lieu et place du rapport de la commission des affaires sociales. Ce document avait déclenché une vive polémique parmi les élus avec une "solution médiane" de 150 gourdes résultant d’une modification de l’objection présidentielle.
"Le vote a été démocratique, mais je suis déçu du résultat", a confié l’air dépité à l’issue du scrutin le représentant de la circonscription de Pétion-Ville (banlieue est de Port-au-Prince), Steven Benoît, qui avait introduit la loi portant le salaire minimum à 200 gourdes. Il s’en est pris aux absentéistes du jour dont la voix tonitruante s’était pourtant fait entendre à plusieurs reprises en faveur de la cause des ouvriers à la recherche d’une amélioration de leurs conditions de vie.
Pour sa part, le président de la Chambre basse, Levaillant Louis-Jeune a exprimé sa satisfaction, estimant qu’il n’y avait ni vainqueurs ni vaincus parmi les protagonistes de ce débat social très passionné. Il a promis d’acheminer dès mercredi au Sénat le texte de l’objection du Président Préval tel que voté.
Louis-Jeune a émis le vœu que ses collègues de la Chambre haute emboîteront le pas aux Députés afin que la loi fixant le nouveau salaire minimum à 125 gourdes soit promulguée et effective dès le 1er octobre prochain, au bénéfice des travailleurs du secteur de la sous-traitance.
De violentes manifestations de rue mobilisant des milliers d’ouvriers, d’étudiants de l’Université d’Etat d’Haïti et de représentants des mouvements sociaux se sont déroulées ces derniers jours à Port-au-Prince en faveur des 200 gourdes, une augmentation spectaculaire considérée comme une mesure de justice sociale incontournable. spp/Radio Kiskeya
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article6104
Un commentaire :
Si nos parlementaires ne marchaient pas sur la tête, le pays aurait pu se défaire de ce débat entre sourds et muets et faire usage du facteur temps dans des domaines beaucoup plus positifs.
Bien entendu, nous faisons chœur avec ceux qui croient que le salaire payé à un ouvrier haïtien reste dérisoire et scandaleux. Mais nous sommes aussi persuadés qu’une augmentation de 300 pour cent d’un coup, comme une envie de pisser ne saurait être sans effet sur la vie économique du pays.
En guise de commentaire je voudrais juste retracer la chronologie des faits qui entourent cette polémique sur le salaire minimum pour comprendre la dynamique de la réflexion des détenteurs d’un des trois pouvoirs en Haïti.
1.- Un député voulant jouer à Robin des Bois, présente une loi stipulant une augmentation du salaire minimum journalier de 300 pour cent. C'est-à-dire faire passer ce salaire de 70 gourdes à 300 gourdes en tenant compte de l’indexe de l’inflation. Pourquoi 300 ? – Secret de Polichinelle !
2. Les tout-puissants députés adoptent et votent cette loi sans se poser de question. Jusqu’à ce moment, la presse ne dit pas grand-chose sur cette affaire.
3. Le Président René Préval refuse de publier et de faire appliquer la loi en dénonçant les risques de cette augmentation brutale sur l’industrie de la sous-traitance en particulier. A ce moment, tout le monde en parle : les étudiants sont dans les rues manifestent et cassent ; le secteur des affaires appuie sur la sonnette d’alarme. Le président s’apprête à objecter la loi.
4. Les députés qui avaient pourtant voté la loi se rendent compte que peut être il y a du vrai dans le discours du Président de la République. Ils pensent maintenant à étudier plus en profondeur les tenants et les aboutissants de la dynamique de l’augmentation du salaire minimum : Ils ont eu la divine idée, qui leur est venue aussi comme une envie de pisser, de créer une commission pour vérifier l’état de finances des entreprises. Bien entendu on comprend certes que cela n’aurait jamais pu se faire avant de voter la loi ! Ils prennent conscience et acceptent l’idée d’une augmentation à 150 gourdes. Des camps se forment et des obstacles s’érigent.
5. Comme promis, René Preval envoie son objection à la chambre des députés.
6. Après des débats avortés et des rencontres houleuses, les députés – qui avaient voter la loi des 200 gourdes, votent en faveur de l’objection de Préval c’est-à-dire un salaire minimum de 125 gourdes.
Faites vos jeux mesdames et Messieurs !
Pardons faites-vous vos propres idées !
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mercredi 19 août 2009
Salaire minimum : Préval et les patrons l’emportent à la Chambre basse
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