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samedi 5 janvier 2008

Photographie de la population haïtienne.. LA POPULATION D'HAITI EN CHIFFRES

Par Thomas Lalime
thomaslalime@lematinhaiti.com
L’Institut haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI) a clôturé, à la fin de l’année 2007, les travaux du Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH), dont la phase de collecte a été initiée le 12 janvier 2003.
Haïti comptait, en 2003, une population de 8 373 750 habitants, selon les résultats du RGPH. Avec un taux d’accroissement de 2,4 %, calculé par l’IHSI sur la période 1982-2003, nous serions déjà 9,21 millions d’Haïti en 2007 et proches de dix millions en 2010. La patrie accueille plus de 200 000 nouvelles bouches chaque année avec une forte concentration dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince. En janvier 2003, près de 2/5 de la population (37 %) habitaient le département de l’Ouest, l’Artibonite en comptait 16 % et le Nord 10 %. Ces trois départements, les plus peuplés, regroupaient à eux seuls 63 % de la population. Le poids de chacun des autres départements se situe entre 4 % et 7 % de l’ensemble de la population. Près de 60 % des Haïtiens vivent en milieu rural, tandis que les 2/3 de la population urbaine de l’ensemble du pays, évaluée à 40,8 %, résident dans le département de l’Ouest. Le processus d’urbanisation devient donc de plus en plus préoccupant et elle explique en grande partie la surpopulation des départements de l’Ouest, du Nord et de l’Artibonite.
Les Haïtiens fuient la campagne pour la ville, et ceux des grandes villes (certaines provinces) tentent de fuir le pays. Dans l’ensemble du pays, la population active représente 54,4 % des personnes de quinze ans et plus. Pour la population de dix ans et plus, ce taux est de 47,7 %. Par rapport au sexe, ces taux sont respectivement de 65,5 % et 56,9 % pour les hommes et de 46,4 % et 39,3 % pour les femmes. Ils varient également suivant le milieu de résidence : 50 % et 43,3% en milieu urbain et 57,8 % et 50,9 % en milieu rural. La population active est définie par l’Organisation internationale du Travail (OIT) comme l’ensemble des personnes ayant entre quinze et soixantequatre ans et qui ont travaillé non bénévolement durant une semaine de référence. Les personnes ayant un emploi mais ne l’exerçant pas pour différentes raisons, comme un congé maternité, ainsi que les chômeurs font également partie de la population active. Les autres personnes sont considérées comme des inactives. Le taux d’inactivité de la population de l’ensemble du pays est fixé à 51,1%. On compte plus d’inactifs parmi les femmes (59,3 %) que chez les hommes (42,1 %). Les élèves et étudiants dominent les inactifs du département (57,1 %) suivis des personnes au foyer (25,7 %).

Le poids de l’agriculture et de l’informel dans l’économie nationalePrès de 50 % des actifs occupés (49,6 %), dont 93,3 % en milieu rural, se concentrent dans la branche « Agriculture, sylviculture, élevage, chasse et pêche », dominée surtout par les hommes. La branche « Commerce de gros et de détail », dominée surtout par les femmes, vient en second rang avec une proportion de 25,3 %. En dehors du milieu de résidence, les femmes restent majoritaires dans la branche « Commerce de gros et de détail » avec 69,2 % en milieu urbain et 88,0 % en milieu rural. Près de 50 % de la population active occupée de l’ensemble du pays travaillent comme « agriculteurs et ouvriers qualifiés de l’agriculture et de la pêche ». D’autres, 23,4 % et 11,2 %, sont occupés respectivement comme « personnel des services et vendeurs de magasin et de marché » et comme « artisans et ouvriers des métiers de type artisanal ». En milieu urbain, parmi les actifs occupés, certains travaillent comme « personnel des services et vendeurs de magasin et de marché » (35,7 %) et d’autres comme « artisans et ouvriers des métiers de type artisanal » (21%), alors qu’en milieu rural, ils sont surtout constitués de travailleurs agricoles (71,6 %). Les actifs occupés de l’ensemble du pays sont essentiellement des travailleurs indépendants (82,1%), suivis de loin par les « employés » (12,7 %) et les aides familiaux (2,2 %).

Quel que soient la situation dans l’occupation et le milieu considéré, les femmes sont moins représentées que les hommes, à l’exception des catégories « indépendant » et « aide familial » en milieu urbain. L’agriculture et le secteur informel occupent donc la majeure partie de la population active. Difficile donc de concevoir un plan de développement économique et social qui négligerait ces secteurs. Dans le département de l’Ouest, la grande majorité des locaux occupés (95,1 %) a entre une et cinq pièces et la tendance est la même tant en milieu urbain (92,2 %) qu’en milieu rural (96,9 %). Les locaux occupés ayant une et deux pièces sont les plus importants 42,3 % et 15,9 % respectivement. La taille moyenne des ménages occupant les locaux du département de l’Ouest est de 4,7 personnes en milieu urbain et de 4,6 personnes en milieu rural. Seulement 8,5 % des logements sont connectés à un service de distribution d’eau, sur l’ensemble du territoire. De cette catégorie, 80,7 % se trouvent en milieu urbain. Par contre, pour les logements n’ayant aucune connexion, plus de 60 % se trouvent en milieu rural. Un nombre important de ménages (31,9 %) utilise la source pour s’approvisionner en eau à boire. En ce qui concerne l’eau à usage courant, la rivière est aussi le mode d’approvisionnement le plus utilisé (32%); viennent ensuite l’achat par « boquite » (18,4 %), la source (13,9 %) et le robinet (11,2 %). En milieu urbain, les principales sources d’approvisionnement en eau à boire sont : achat par « boquite » (43,5 %), robinet (22,6 %), fontaine publique (10,7 %) et eau traitée (8,8 %). En milieu rural, l’accessibilité se fait en source : source (50,4 %), fontaine publique (12,8 %), robinet (10,9 %) et rivière (7,6%). Concernant l’eau à usage courant, 47,7 % et 21,2 % des logements en milieu rural s’approvisionnent respectivement en eau de rivière et de source, tandis qu’en milieu urbain la principale source d’approvisionnement est l’achat par « boquite » (42,5 %), suivi de loin par le robinet (20,1 %).

L’accès aux services sociaux de baseLa lampe à gaz, lampe à pétrole, demeure le mode d’éclairage le plus utilisé par les ménages dans l’ensemble du territoire. Des 1 793 198 ménages interrogés, 1 475 545 dont 1 024 237 en milieu rural utilisent au moins ce mode d’éclairage. En milieu urbain, 406 544 ménages utilisent l’électricité et 451 308 ménages la lampe à gaz. Les principaux modes d’évacuation des déchets solides sont le jetage sur terrain vide (36,3 %) et l’incinération périodique (25,8 %). La situation est la même en milieu rural 47,5 % et 30,5 %. En milieu urbain, les principaux modes d’évacuation sont jetage dans une ravine (26,0 %) et jetage sur terrain vide (19,6 %). La principale source d’énergie utilisée pour la cuisson diffère suivant le milieu de résidence. En milieu urbain, c’est le charbon de bois qui est prédominant (68,5 % des ménages), tandis qu’en milieu rural, c’est le bois/paille qui est le plus utilisé (90,9 % des ménages).

La prévention de l’environnement est loin d’être une préoccupation pour la société. Concernant le type de lieux d’aisances, 70 % des locaux à usage d’habitation individuel occupés de l’ensemble du pays disposent au moins d’un type de lieux d’aisances. En général, les ménages utilisent les latrines individuelles (37,5 %) et le trou dans la parcelle (16,5 %). Parmi les 29,8 % de locaux qui ne disposent pas de lieux d’aisances, la majorité (84,8 %) se trouve en milieu rural. Le degré d’alphabétisme de la population de 10 ans et plus est estimé à 61,0 % dans l’ensemble du pays. Il est plus élevé chez les hommes que chez les femmes : 63,8 % contre 58,3%. Le degré d’alphabétisme est de loin meilleur en milieu urbain qu’en milieu rural (80,5 % contre 47,1 %). Sur l’ensemble de la population âgée de cinq ans et plus, 37,4 % n’ont aucun niveau, 35,2 % ont atteint le niveau primaire, 21,5 % le niveau secondaire et la proportion des personnes ayant le niveau universitaire n’est que de 1,1 % (1,4 % d’hommes contre 0,7 % de femmes). Au cours de l’année académique 2001-2002, 45,9 % de la population âgée de six à vingt-quatre ans ont fréquenté un établissement scolaire ou universitaire. Par ailleurs, les chiffres indiquent très peu de différence entre les garçons (46,6 %) et les filles (45,3 %). Les personnes âgées, dont plus de 70 % (71,9 %) vivent en milieu rural, représentent 7,4 % de la population totale du département. La proportion des femmes âgées est supérieure à celle des hommes, 53,3% contre 46,7 %. Au total, 7,7% des personnes âgées ont déclaré avoir au moins un handicap. Moins de 80 % des personnes âgées, en majorité des femmes, ne savent ni lire ni écrire et seulement 13,5 % d’entre elles ont atteint le niveau primaire. Le département de l’Ouest attire la plus forte proportion de personnes nées hors de la commune recensée (68,1 %). Suivent les départements du Nord (7,7%), l’Artibonite (7,6 %), la Grande-Anse (3,8 %) et le Sud (3,5 %). Les autres départements comptent entre 2,7 % et 1,9 % de non natifs. Les grandes villes constituent donc centres d’attraction d’importance pour les paysans.
La population haïtienne présente une structure jeune. Plus de la moitié de la population est âgée de moins de 21 ans. Les personnes âgées de moins de quinze ans représentent 36,5 % de la population, celles de 15 à 64 ans 58,3 %, tandis que la population âgée de 65 ans et plus est de 5,1 %. Un peu plus de la moitié de la population de l’ensemble du pays est constituée de femmes. Cette légère différence s’observe aux âges actifs particulièrement entre dix et 39 ans. Au niveau des milieux de résidence, cet excédent est beaucoup plus prononcé où l’on compte 86 hommes pour cent femmes en milieu urbain et 98 hommes pour cent femmes en milieu rural. L’Indice synthétique de fécondité (ISF), qui exprime le nombre moyen d’enfants nés vivants par femme au cours de la vie féconde, est estimé à 4 enfants dans l’ensemble du pays et en milieu rural contre 3 enfants en milieu urbain. Le nombre moyen d’enfants par femme varie également suivant le niveau d’instruction de la femme. Les femmes analphabètes ont, en moyenne, plus d’enfants que celles ayant atteint le niveau de l’enseignement secondaire ou plus. Ces statistiques semblent tout dire en ce qui a trait à l’ampleur des problèmes à résoudre. Elles rendent plus facile la définition des objectifs à atteindre. On dira par exemple qu’il faudra faire passer le taux de chômage de 32,7 % à 20 % en cinq ans et à 10 % en quinze ans ; réduire le taux d’accroissement urbain de 4,9 % à 2,5 % ; élever le taux d’alphabétisme de 61 % à 90 %. Ces résultats ne peuvent être obtenus à court terme.
vendredi 4 janvier 2008
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