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vendredi 31 août 2007

Une bombe désamorcée !


Le commissaire du gouvernement, Claudy Gassant, dont la révocation a été réclamée, a répondu, ce jeudi, à la convocation de la Commission justice et sécurité du Sénat. Sa présence, ajoutée à une série de rencontres engageant le chef de l'Etat et les présidents des deux chambres, désamorce une polémique entre l'Exécutif et le Parlement

Calvitie prononcée, cellulaire collé à l'oreille...Claudy Gassant a patienté plus d'une heure dans un espace attenant à la salle de séance du Sénat. Dans le même « tribunal » où sa révocation a été réclamée, il y a de cela une semaine, le commissaire du gouvernement est rentré en scène comme pour jouer un rôle dans un feuilleton à rebondissements. Le chef du Parquet de Port-au-Prince s'est mis à l'écoute de Youri Latortue, le président de la commission Justice et Sécurité du Sénat qui, dans une allocution de dix minutes a dit avoir placé les intérêts de la Nation au-dessus de toute polémique.

« Le Sénat est une assemblée de sages, des hommes qui peuvent se montrer à la hauteur... », a dit le sénateur Latortue, tout en expliquant le sens de la séance plénière "boudée" par le commissaire Gassant et au cours de laquelle des parlementaires avaient convenu d'interpeller le Premier ministre Jacques-Edouard Alexis. Le chef de file de "Latibonit an aksyon", parti régional ayant deux membres au Sénat, a déploré certaines accusations relatives à l'opposition de quelques-uns de ses collègues à la lutte contre la corruption, la contrebande et le trafic de la drogue menée tambour battant par l'administration Préval/Alexis.

« Je peux affirmer que tous les sénateurs appuient la lutte contre la contrebande. C'est un chantier qui doit aller au-delà des quelques interpellations qui ont fait la une des journaux », a déclaré le parlementaire qui a récemment pris le contre pied des déclarations du chef sortant de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti, M. Edmond Mulet. Ce dernier avait vertement demandé aux parlementaires de ne pas faire le jeu des trafiquants de drogue et des contrebandiers en exigeant le renvoi de Claudy Gassant, le chef de la poursuite judiciaire.

« Nous sommes prêts à accorder le bénéfice de l'urgence en votant des projets de loi relatifs à la lutte contre la corruption », a rassuré le président de la Commission justice et sécurité du Sénat qui s'exprimait en présence du ministre de la Justice, René Magloire, et celui chargé des relations avec le Parlement, Joseph Jasmin, qui se faisaient accompagner du commissaire Gassant. « Nous ne perdons pas la face. Nous évitons une crise au pays », a ajouté le parlementaire qui a implicitement désamorcé cette polémique entre l'Exécutif et le Sénat qui menaçait d'interpeller le Premier ministre Jacques-Edouard Alexis sommé la semaine dernière de révoquer le commissaire du gouvernement pour insubordination.

L'incident est clos

« Nous pouvons dire que l'incident est clos. Nous allons travailler dans le sens des intérêts de la Nation », a enchaîné, de manière plus explicite, le président du Sénat, Joseph Lambert. La veille, il avait annoncé un dénouement heureux du conflit alimenté depuis une semaine. Le chef de l'Etat, René Préval, quelques jours après la séance qui a abouti au principe d'interpellation du gouvernement de coalition, avait convoqué une série de réunions avec les présidents de la Chambre des députés et de celle du Sénat. « Personnellement, je crois qu'il y a eu une mésinterprétation », a indiqué Joseph Lambert, qui récemment, considérait Gassant comme un « monstre en devenir », le fait que le chef du Parquet n'avait pas répondu à la première invitation de la Commission justice et sécurité du Grand corps. Joseph Lambert a tenu a salué l'engagement du commissaire du gouvernement, celui du chef de l'Etat et du Sénat qui évitent au pays « une crise dont les conséquences seraient incalculables ». Un discours convaincant pour ses collègues qui ont participé à la séance convoquée par la Commission justice et sécurité du Sénat, mais pas assez pour calmer la colère du sénateur Fritz Lebon Carlos. « La demande d'interpellation du Premier ministre est un acte constitutionnel. Nous ne pouvons pas faire autrement », a-t-il rétorqué lors d'une conférence tenue parallèlement à la séance.

 Gassant dompte le Sénat

Le contentieux vidé, les sénateurs, le ministre convoqué et le commissaire du gouvernement sont rentrés dans le vif du sujet. Dix minutes ont suffi à celui considéré par certains comme agaçant pour emballer l'assemblée, y compris le tonitruant Gabriel Fortuné. « J'ai toujours voulu répondre à la convocation de la commission Justice et Sécurité du Sénat. Malheureusement, il y a eu des barrières. Il y a une différence entre le Magistrat et le simple citoyen que je suis », a expliqué Claudy Gassant.
« Autrefois, on disait que ce sont les juges qui libèrent les kidnappeurs. Aujourd'hui, on prétend que je suis le principal responsable du regorgement des prisons », a dit Gassant qui s'exprimait sur la problématique des détentions préventives prolongées. Quelque 6076 personnes sont entassées dans les dix-neuf centres de détention du pays. Seulement 1079 de la population carcérale ont été condamnés, selon des chiffres cités par le ministre de la Justice qui n'admet pas le concept de « surpopulation carcérale ». Haïti, dit-il de préférence, fait face à un surpeuplement de certains centres d'incarcération.
 Claude Gilles

gonaibo73@yahoo.fr
 http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=47952&PubDate=2007-08-30

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