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lundi 28 mai 2007

Haiti-République Dominicaine : Esclavage moderne sur l’île

Article écrit par Edwin Paraison transmis à Alterpresse le 26 mai 2007-05-28
Traduit en français par Thom Gato pour Haïti Recto Verso

Lire l'aricle original en Espagnol : http://www.alterpresse.org/spip.php?article6042

“Enfant Haïtien esclave” est le titre d’un documentaire qui expose le drame de 400.000 enfants et adolescents haïtiens venant de zones rurales éloignées qui sont cédées comme restaveks à des couples ou des familles ou ils sont soumis à un traitement indigne de la condition humaine, en s’occupant des taches domestiques.
L’ONG « Enfants haïtiens des rues » productrice de la vidéo, estime que depuis l’étude réalisée en 1998 par les Nation Unies sur ce phénomène, le nombre est passé de 300.000 à 400.000 d’enfants dont les parents, dans la grande majorité des paysans, forcés par la situation économique dégradante d’Haïti, ont décidé de céder leurs enfants à des familles qui vivent dans les villes « pour qu’ils puissent bien manger et aller à l’école ».
La Coalition Nationale pour les droits des haïtiens (NCHR en anglais) a débuté en 199 une campagne internationale de dénonciations pour pousser les autorités haïtiennes à prendre les mesures adéquates afin de protéger les droits de ces enfants, des fillettes pour la grande majorité, considérées comme esclaves, lesquelles n’atteignent pas l’aspiration rêvée par les parents.
L’Agence France Presse (AFP) reprend cette semaine le sujet a travers une histoire dont l’actrice est Sylvine, une fillette de 6 ans qui doit se lever à 5 heures du matin pour aller chercher de l’eau à la fontaine publique localisée à 5 kilomètres, pour l’utilisation des autres membres de la maison. Ainsi elle passera le reste de la journée réalisant différents labeurs domestiques comme balayer, laver le linge des autres y compris d’enfants de son âge, aider à cuisiner, faire la vaisselle. » Je n’ai pas le temps de jouer » dit-elle.
Jean Robert Cadet de son côté, un immigrant à succès aux Etats-Unis d’Amérique, a écrit une autobiographie intitulé « Restavek : de l’esclavage de l’enfance haïtienne à la classe moyenne nors américaine », pour dénoncer les humiliations subies, y compris mauvais traitements physiques, par un enfant sur 10 en Haïti selon l’UNICEF, à travers ce grave problème social.
Dans l’île partagée aujourd’hui par Haïti et République Dominicaine, depuis 1794 l’esclavage a été aboli dans sa partie occidentale, tandis que TOUSSAINT LOUVERTURE en 1801, en annexant la partie Espagnole, proclama la libération des sur tout le territoire de l’île. De là que des deux côtés de la frontière, il existe un activisme marqué pour éliminer les pratiques qui rappellent l’esclavage ou son considérées comme formes contemporaines de l’esclavage.
Le Haut Commissariat des Nation Unies pour les droits humains, ainsi que l’Organisation Internationale du travail (OIT) considèrent que plus de 12.00.000 de personnes au monde son victimes de l’esclavage moderne dans les pays industrialisés comme dans en voie de développement. Un rapport de la OIT cite comme exemples les travailleurs saisonniers de l’industrie de la viande en Allemagne et les ramasseurs de fruits de la floride.
Egalement dans des pays comme le brésil, l’inde, Le Pakistan, le Népal, Les Philippines, l’Indonésie, Perou,le Paraguay et la Bolivie, selon un rapport présenté l’été dernier par la Commission des Droits Humains du Conseil Economique et Social de l’ONU, la vassalité, qui est le fait de travailler pour payer une dette, est une forme d’esclavage moderne.
Ce concept comprend ainsi le travail forcé, le trafic et la traite de personne, l’exploitation sexuelle, le mariage forcé, le travail d’enfant, les enfants travailleurs de la guerre comme au soudan, Ouganda et au Nigeria.
Dans ce contexte le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, à l’occasion de la commémoration du 200 ème anniversaire de l’abolition du commerce d’esclaves en mars dernier exprima : « Nous devons nous rappeler que, encore aujourd’hui, plusieurs millions d’êtres humains sont sujets à des pratiques semblables à l’esclavage…Malgré tout ce qui a été obtenu à travers notre campagne en faveur des droits humains, il nous reste encore beaucoup à faire. »
La pauvreté, la discrimination, l’exclusion social qui placent en condition d’extrême vulnérabilité les êtres humains dans n’importe quel coin du monde, sont citées entre les facteurs qui maintiennent enchaînés les victimes de l’esclavage moderne, parmi lesquels on rencontre haïtiens et dominicains.
Il a été recensé des cas de femmes dominicaines conduites vers Haïti sous couvert de fausses promesses pour exercer la prostitution, comme cela se produit dans des pays européens, ou on estime à plus e 60.000 créoles qui travaillent dans l’industrie du sexe. La presse dominicaine rapporte souvent des épisodes tragiques en haute mer de trafic de voyageurs illégaux qui tentent d’accoster les rives de Porto Rico.
Parallèlement les conditions d’embauchage et de travail des coupeurs de canne de nationalité haïtienne dans les champs de canne en République Dominicaine, ont été qualifiées depuis la fin des années 70 par la Société Antiesclavagiste (ASI) de Londres et par l’OIT comme esclavage moderne.
D’éminentes personnalités dominicaines ont fait référence à ce sujet dans la même direction. L’Avocat Ramon Antonio Veras a publié des articles et des livres à ce sujet. Antonio Isa Conde, en assumant ses fonctions de directeur du Conseil d’Etat du sucre (CEA) en 1996 signala « les conditions presque esclavagistes dans lesquelles vivent les habitants des bateys.
Depuis la chute du régime duvaliériste en 1986, les dénommés « buscones » anciens embaucheurs du CEA, ont joué un rôle important dans l’embauchage d’une moyenne annuelle de 10.000 coupeurs de canne haïtiens, pour un total de 210.000 en 21 ans lesquels ont pénétré officiellement sans document de voyage ni contrat de travail qu’ils aient signé personnellement.
Près de 2.000 filles et garçons haïtiens tombent chaque année dans les mailles des trafiquants selon une étude réalisée par l’organisation Internationale des migrations (OIM) et l’UNICEF en 2002, dont les résultats révélèrent l’usage de la main d’œuvre enfantine dans la productions de certains produits agricoles et comme domestiques dans certaines maisons de la région du Cibao, furent prouvés par des investigations sous les auspices de la USAID à travers la fondation Panaméricaine du Développement et le représentation locale de la OEA en 2004.
Il existe une réalité que nous les haïtiens et les dominicains devons accepter et affronter sans fausses expressions de patrie blessée. L’esclavage dans ses formes contemporaines existe sur l’île. Présenter les dominicains comme des esclavagistes n’est pas juste et doit être condamné. Considérer ceux qui développent des campagnes sur le sujet comme des « ennemis du pays représente une posture disproportionnée qui révèle une ignorance du dossier aujourd’hui.

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Nous avons l’impression que l’auteur de l’article a oublié consciemment de parler de l’utilisation que font certains secteurs et certains politiciens qui ont eu à un certain moment la sagesse de récupérer les enfants des rues pour leur donner un toit.
Cette récupération cachait des buts non avoués. L’expérience a montré que ces enfants ont été élevés et nourris à une certaine sauce qui en a fait des combattants de mauvaise cause.
Enfants-chimères, hier, délinquants chefs de gangs, combattants aujourd’hui, la société qui a marginalisé ces enfants pour des raisons bien déterminées en paie aujourd’hui un trop lourd tribu.

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