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jeudi 24 mai 2007

FRANCOIS LATOUR... PERTE INESTIMABLE

Enlèvement et assassinat de François Latour
Le comédien qui a fait courir tout Port-au-Prince dans la pièce de « Pèlen Tèt » et dont les publicités divertissaient de belle façon le grand public a été lâchement assassiné. Son corps a été trouvé du côté de Batimat, dans la banlieue nord de la capitale.
L'assassinat de François Latour, l'homme de théâtre très connu, jette une grande stupéfaction dans tous les secteurs de la société haïtienne. C'est une famille terrifiée par un grand drame que nous avons rencontrée à Delmas 31, Rue Jacques Premier. Madame François Latour, vêtue de blanc, ne pouvait nous donner des informations détaillées au sujet du tragique événement. Entre ses douloureuses lamentations, les larmes aux yeux, elle affirme qu'après avoir déjeuné à la maison, François Latour est sorti de chez lui vers 4h30 de l'après-midi, le mardi 22 mai, en vue de rencontrer un mécanicien et de terminer un enregistrement pour la radio. C'est aux environs de 8h30 pm qu'elle entend le klaxon de la voiture de son mari devant la barrière de la maison.

Il pleuvait. Elle se rappelle avoir dit à quelqu'un d'aller ouvrir. Puis, elle n'entend plus rien. Elle croit que les agresseurs de son mari l'attendaient dans leur voiture en bloquant l'entrée de la maison. Dans l'angoisse, elle a attendu près du téléphone. C'est à 11h pm, précise-t-elle, que le directeur de Radio Caraïbe, Monsieur Patrick Moussignac, l'appelle pour l'informer que « François a été kidnappé. »Elle n'a pas laissé la petite table de téléphone, attendant « un appel des kidnappeurs pour savoir ce qu'ils exigeaient comme rançon ».

Entre-temps, elle multiplie les appels à des proches de la famille à l'étranger pour s'assurer de leur aide sur le plan économique. Elle dit n'avoir jamais reçu d'appel des kidnappeurs. C'est aux environs de 9h am, le mercredi 23, que la famille, plongée dans l'angoisse toute la nuit, apprend la nouvelle que le corps du célèbre homme de théâtre a été retrouvé aux environs du magasin de matériaux de construction Batimat, au nord de la capitale.

Selon le commissaire de Delmas, Carl Henry Boucher, une rançon de 100.000 dollars américains avait été réclamée en échange de sa libération. Le commissaire Boucher a affirmé avoir tout tenté pour sauver le célèbre comédien. Les policiers mobilisés n'ont pu arriver à localiser les kidnappeurs. La voiture de la victime a été retrouvée à la Rue Barbé de Marbois, à Delmas 31.

La maison de François Latour était remplie d'amis affligés, tôt le lendemain. Sa fille adoptive, en état de choc, ne pouvait donner plus d'informations. « Nous avons tous reçu un terrible coup ! » se contentait-elle de soupirer.
Cet assassinat brise la relative accalmie qui, depuis quelques mois, enchantait les citoyens de la capitale, frappés depuis mars 2004 par une vague d'insécurité sans précédent. Le tragique événement est venu replonger les familles dans la peur d'une éventuelle reprise à grande échelle des kidnappings. Dans son bilan de sa première année de gouvernance, l'administration Préval-Alexis s'arrogeait le mérite du recul de l'insécurité. Selon des observateurs, à quelques semaines des vacances d'été, cet assassinat peut jeter une psychose de peur chez les Haïtiens de la diaspora qui se préparaient à venir en grand nombre jouir des plages d'Haïti et passer un peu de temps avec leur famille.

La mort violente du comédien François Latour a eu le même effet émotionnel que celle du journaliste Jean Léopold Dominique, le 3 avril 2000. Les auditeurs qui ont appris la nouvelle tôt dans la matinée ont été très secoués. Des présentateurs d'émissions de nouvelles, connus pour leur professionnalisme, n'ont pas caché leur émotion derrière leur micro.

L'ITINERAIRE D'UN COMBATTANT
François Latour était connu durant ces dernières années pour sa manière originale de présenter des spots publicitaires. Il contribuait, à sa façon, à développer une satire sans agressivité dans ses jeux de mots qui détendaient une société « stressée ». Son talent d'homme de théâtre s'exerçait dans un domaine commercial qui s'adaptait à de nouvelles conceptions dans la présentation d'un produit. Un peu désillusionné par des problèmes dans le secteur théâtral et par la persistance de situations politiques qu'il avait tenté de combattre dans des pièces engagées, Francois Latour avait laissé les planches à la déception générale de ses admirateurs.
Le public haïtien n'oublie pas « sa prestation exemplaire » dans le rôle de Polydor de la pièce « Pèlen Tèt », traduite et adaptée par Franckétienne de l'oeuvre de Slamovir Morzek, « Les émigrés ».

Sous la dictature de Jean Claude Duvalier, cette pièce a porté les autorités d'alors à prendre une mesure de censure sur le théâtre, qui a été contestée par plus de 150 intellectuels haïtiens. Après avoir joué des pièces classiques connues comme « Caligula » d'Albert Camus, François Latour était passé de la caricature de la dictature locale à un théâtre plus populaire. « Bouki nan Paradi » de Franck Fouché, « Lamiral » de Syto Cavé faisaient partie de son registre moderne.

Au niveau du cinéma, il a joué dans des films comme « L'homme sur les quais » de Raoul Peck et « Map pale nèt » de Raphael Stines. Il était aussi, à l'instar d'Anthony Phelps, un grand diseur de textes poétiques.

La société haïtienne vient encore de perdre une de ses meilleures intelligences dans une période d'effritement de valeurs intellectuelles. Cet assassinat crapuleux frappe un homme qui était dans une sorte de retraite solitaire, après ses moments de bravoure contre la dictature.

Tout en souhaitant que justice soit rendue à cette nouvelle victime de la barbarie, la direction, la rédaction et le personnel de Le Nouvelliste présentent leurs condoléances les plus émues aux proches et à la famille de François Latour.
Source Journal Le Nouvelliste sur http://www.lenouvelliste.com
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Notre indignation!
Il demeure plus qu’évident que le meurtre de François Latour va provoquer un tournant important dans la gestion de la sécurité du pays. Au moins on s’attend à ce que la population se lève comme un seul homme pour exiger des autorités actuelles une action efficace et réellement définitive contre le grand banditisme et la violence peu importe son origine.
La liste est déjà assez longue et on ne saurait souhaiter faire plaisir à ces satrapes dont l’existence puise l’essence dans la putréfaction des corps à l’instar des vils charognards.
« Pas un cadavre de plus », devrait être le mot d’ordre pour exiger un politique cohérente contre la violence.
Après plus de 365 jours de gouvernement auquel les bons esprits ont attribué une note proche de la moyenne, il est grand temps que PREVAL démontre et fasse comprendre le poids de ce qu’il garde entre les jambes. L’autorité de l’Etat doit être rétabli dans une attitude proche de la renaissance.
Ce qui reste du tissu social haïtien doit perdurer, recousu et renforcé. L’Etat doit faire prévaloir son autorité.
Le temps de notre « tété langue » avec les bandits doit s’interrompre immédiatement et que chaque individu qui a choisi de vivre en semant le deuil dans la famille haïtienne et surtout en dépouillant le pays des rares valeurs réelles qui lui restent doivent le faire en connaissance de cause. En sachant avec pertinence et clarté la responsabilité qu’ils ont acceptée d’endosser en ayant élu et fait le choix de s’opposer aux lois universellement acceptées et indispensable à la survie des institutions et des individus.
Que les châtiments soient proportionnels aux crimes ! Voilà le prix à payer pour faire régner l’ordre dans une logique de rétablissement de l’autorité de l’Etat.(DL 24/05/07)

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