Qui acceptera de réhumaniser Haïti ?
Si les choses de chez nous, aussi graves ou aussi drôles puissent-elles être, ne possèdent plus cette faculté de nous surprendre, souvent elles déclenchent chez nous une indignation presque meurtrière.
J’ai cherché pendant des heures un titre pouvant servir à encadrer ces réflexions qui servent d’exutoire propice à l’expulsion de ces accès de haine et d’impuissance qui submergent mon esprit et surtout servir a écumer ces idées contradictoires qui nous renferment vers un nihilisme paralysant.
Dans cet exercice j’ai pu passer en revue tous les refrains qui ont justifié tout le côté insolite de cet environnement qui a façonné ma raison et ma folie.
« Somos un pais muy especial » criait une affiche publicitaire mettant en vedette un célèbre comédien dominicain répondant au nom de Cuquin Victoria. C’est sans aucun doute la réflexion qui devrait accompagner nos hochements de tête devant certaines nouvelles qui nous parviennent soit par le biais des moyens de communication formels et traditionnels que ce soit par les dires édulcorés, révisés aux couleurs locales des radios et « téledyols ».
Cette semaine, deux dépêches émanant du Journal Le Nouvelliste ont encore attiré mon attention et m’ont relâché dans un labyrinthe de réflexions d’où je cherche encore la bonne et vraie sortie. Dans un article intitulé « GEDIMEX vend du riz avarié »
(http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=41857&PubDate=2007-04-02), avec photographies à l’appui, le journal a mis le doit sur une plaie que la société –grâce à ses caractéristiques particulières- contourne dans l’indifférence endémique qui nous caractérise aussi. Qu’une société mette la vie des citoyens en danger ce n’est pas un problème. Ca ne l’a jamais été et ne le sera jamais sous le soleil d’Haïti.
Les responsables de GEDIMEX pourront écorcher leurs poitrines avec des mea culpa à n’en plus finir, ils n’arriveront jamais à dissiper les nuages qui obscurciront leurs activités et surtout leurs consciences. Les allégations d’ignorance et l’appel à la rescousse d’un hasard salvateur se heurteront de plein fouet à ce déterminisme commercial prisé par cette classe connu comme l’appât du gain.
Si on veut être méchant on pourrait tomber dans une attitude calomnieuse de dire que GEDIMEX serait capable d’acheter ce produit dans cet état. Là encore ont pourrait être surpris d’apprendre qu’une telle réflexion en découle guère d’une calomnie gratuite.
On pourra toujours de demander et trouver une logique au fait que dans un pays ou les gens crèvent de faim, une société peut conserver un produit jusqu’à sa décomposition organique.
Qui pis est, ce produit a été mis en circulation parce que les représentant de GEDIMEX sont conscients que la population, en connaissance de cause n’allait pas le bouder … Si ce riz avarié est inapte à la consommation pour beaucoup, il trouverait bien des preneurs dans une frange de la population.
Le journaliste Claude Bernard Sérant du Nouvelliste publie un reportage sur les médicaments contrefaits qui ont causé la mort de certains individus qui les auraient consommés. Dans cet article je retiens un paragraphe pathétique et triste : « Blessée par une bouteille de Coca, le 19 mars 2007, Ghislaine Limage, une femme de 54 ans, reçut une injection de SAT acheté à « Même Amour Bric-à-Brac ». Tout de suite après l'injection, elle fut privée momentanément de la vue. Arrivée à l'hôpital, elle rendit l'âme 25 minutes plus tard. Dans la même journée, Emerson Delva, un enfant de 5 ans, fut atteint d'un coup de pierre à la tête. Une infirmière retraitée du voisinage administra diligemment à l'enfant, pour prévenir le tétanos, le médicament procuré à « Soleil » pharmacie. L'enfant connu le même sort que les précédentes victimes. »
Comment, merde, on peut acheter des médicaments dans un « truc » qui se nomme « Même Amour Bric à Brac » ? Est-ce la conceptualisation du « tout moun se moun » qui invite à cette haitiannisation de toutes les activités de la vie nationale ou n’importe qui peut faire n’importe quoi, n’importe ou et n’importe comment ?
Le plus grave de l’affaire c’est qu’il n’y aura point de suite à ces affaires qui rentrent en flagrante violation des lois et dispositions établies – bof ! Quelles lois d’ailleurs !- Celui qui, dans le cadre des attributions que lui confèrent son poste et les lois du pays, oserait secouer cet arbre chargé de fruits pourris, serait jeté en pâture à des accusations de manœuvrer contre le peuple.
Il est clair que devant ce constat il incombe d’interpeller une conscience –même avec le govi !- pour confectionner un plan d’éducation civique. Oui encore une formule-cliché, politiquement correcte.
Qui va s’occuper du souci national de faire au moins une simple chose correctement et de travailler à l’expansion de ce souci de bien faire. Peu importe le domaine, peu importe l’ampleur de l’action ; un simple geste capable de déclencher une réflexion élogieuse du style « pale mwad sa » ; une action capable d’être étiquetée de modèle, une propre façon de faire les choses à la manière des humains. Une simple action pour nous rehumaniser !
Source: Publication de jopi intervenat du forum de MOUN.COM sur http://www.moun.com
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mercredi 4 avril 2007
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