La frontière haïtiano-dominicaine est poreuse. Nombre de médicaments contrefaits passent par cette frontière. Des facteurs, comme la déficience des structures frontalières, le manque flagrant d'information des consommateurs, la faiblesse de l'Etat rendent florissant le marché de la contrefaçon en Haïti.
200 000 décès par an pourraient être évités si les médicaments utilisés étaient efficaces, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Récemment en Haïti, trois personnes sont mortes aux Gonaïves, parce que les médicaments achetés aux pharmacies Bric-à-brac même Amour, Star Pharma et Soleil étaient contrefaits.
Après la mort de ces trois personnes, le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) a déployé ses moyens. Dans six départements, Nord-ouest, Nord, Centre, Artibonite, Ouest et Sud, les inspecteurs du ministère sont intervenus dans plusieurs pharmacies, emportant des lots de médicaments contrefaits.
Violer allègrement la loiCes médicaments ne sont pas enregistrés et circulent sur le marché informel. Reconditionnés dans des flacons, ils attirent irrésistiblement les petites bourses. Ils courent les rues, dans les autobus et sur tous les toits. Certains produits médicamenteux sont sollicités : « Twa samdi », « Agase matlòt », « Dexaprostafen » séduisent les femmes désireuses de gagner de l'embonpoint afin d'attirer le regard des hommes. Les stimulants sexuels trafiqués, on ne sait dans quel laboratoire artisanal, circulent librement. « Sòs pwa », présenté dans un minuscule flacon, est très prisé chez les hommes qui brûlent de faire durer le plaisir de la chair. « Prenez ça, vous en avez pour deux heures », nous lance ce marchand dans une pompe à essence. D'autres nous proposent des stimulants pour l'appétit et des sirops pour la grippe. Les médicaments contrefaits fragilisent la population haïtienne. Eternelle victime de la faiblesse et de la faillite de l'Etat qui laisse le marché parallèle prospérer dans n'importe quelle condition, la population est prise entre l'enclume des contrefacteurs qui facilitent les petites bourses et le marteau des prix anarchiques dans les pharmacies. Les entrepôts d'un grand nombre de pharmacies de la place ne répondent pas aux critères établis par la Direction centrale de la Pharmacie du MSPP. Les conditions d'hygiène laissent à désirer : étagères remplies de poussière, de graisse que visitent les cafards qui viennent se repaître des restes d'aliments ; entrepôts à l'étroit, entretenant une chaleur étouffante, qui détériorent moult produits.
En face même de l'Hôpital de l'Université d'Etat, à la rue Mgr Guilloux, les boutiques des apothicaires sont alignées côte à côte. Sans nul doute, elles sont visibles pour les consommateurs et invisibles pour les responsables, constatent les observateurs. Ainsi, les propriétaires des pharmacies peuvent continuer à violer allègrement la loi.Autour des montagnes de toutes sortes d'immondices, les marchands ambulants dressent leurs étals chargés de médicaments. Ils fonctionnent à peu près de la même manière que les employés des pharmacies qui exécutent des ordonnances médicales verbales.
Dans une petite enquête que Le Nouvelliste a réalisé auprès des marchands ambulants de médicaments, à la question « pourquoi vendez-vous des médicaments dans les rues quand vous savez que ce que vous faites est illégal ? », la réponse fuse littéralement : « N ap degaje nou. Fòk nou fè komès pou nou viv.» Dans cette république où des membres de la population se transforment en commerçants, la moralité est reléguée au second plan. Tuer pour une bouchée de pain sous les yeux complices des responsables (irresponsables ?) n'est rien dans un pays qui ne sait trop que faire de sa population.
L'intention frauduleuse
« Un médicament contrefait est un faux médicament qui a été étiqueté frauduleusement de manière délibérée pour en dissimuler la nature et/ou la source », précise la directrice de la Direction de la Pharmacie, du Médicament et de la Médecine traditionnelle, Magalie Rosemond. Elle qualifie le sérum antitétanique (SAT) « de tueur silencieux, de faux médicament ».
Elle met un soin particulier à établir les caractéristiques des médicaments contrefaits. Ils sont, précise-t-elle, une spécialité pharmaceutique ou un générique avec soit des principes actifs authentiques/faux emballage, principes actifs incorrects /faux emballage ou faux emballage /faux principes actifs. Parfois, ils ont le vrai emballage mais avec les principes actifs incorrects ou encore le vrai emballage avec les principes actifs insuffisants ou sous-dosés.En fonction des caractéristiques, souligne la directrice de la Pharmacie, trois concepts bien différents se dégagent : celui de la qualité du médicament, celui de la légalité du produit et celui de l'intention frauduleuse.
Sources de médicaments contrefaitsLes médicaments contrefaits viennent de partout, a-t-elle indiqué. Cependant, les principales sources de contrefaçons sont la Chine et l'Inde. En Afrique, le Nigéria se hisse en tête. Dans la Caraïbe, la République dominicaine et Haïti ne sont pas en reste.Au niveau de chaque pays, les contrefacteurs investiront le marché suivant le besoin des consommateurs. Dans les pays riches, ils portent leur choix sur les médicaments coûteux, tels les hormones, les corticoïdes et les antihistaminiques.Dans les pays pauvres, ô comble de malheur ! ils jettent leur dévolu sur les antipaludéens, antituberculeux et antirétroviraux. C'est ainsi que l'on peut trouver des potions de composition douteuse dans un médicament destiné à une personne contaminée par le virus du SIDA. Ajoutons que les pays pauvres constituent le marché de prédilection des contrefacteurs.Soulignons que ces compositions douteuses qui ne possèdent pas de propriétés curatives et préventives face aux maladies humaines ou animales ont pour conséquence, l'échec thérapeutique et la résistance capable d'entraîner la propagation de la maladie.
Pays de consommationSelon les révélations d'une étude réalisée par REMED en Afrique, sur 429 médicaments analysés, 77 étaient non conformes, 41 étaient sous-dosés, 17 ne contenaient pas le bon principe actif, 19 avaient un problème de fabrication tels que : uniformité de masse, temps de désagrégation anormal, dégradation extérieure, poids variable des comprimés.
Selon la Food and Drug Administration (FDA) qui est l'autorité régulatrice pour les médicaments, les cosmétiques et les aliments aux Etats-Unis, 10% du marché mondial sont envahis par des médicaments contrefaits, dont 60% se trouvent dans les pays pauvres. D'après l'OMS (janvier1999/octobre 2000) 40% sont consommés par les pays industrialisés.Attend-on qu'une bonne partie de la population haïtienne soit décimée pour prendre des mesures en vue de contrôler nos frontières, débarrasser nos rues, nos pharmacies « bric-à-brac » des tueurs silencieux ?Claude Bernard Sérantserantclaudebernard@yahoo.fr
Le Viagra est la molécule la plus contrefaite dans le monde.
Etude en Asie du Sud est: 38% des médicaments contre le paludisme vendus en pharmacie ne contenaient aucun principe actif.
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
lundi 16 avril 2007
Défi à relever: (Suprimer) Ces médicaments qui tuent
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