Une compilation qui ravive des liens oubliés
Haiti Goes Latin
20/08/2014 -
Patrie du compas, avec des groupes qui ont marqué l’histoire de la musique comme Tabou Combo, Haïti fait aussi partie de la planète salsa. C’est ce que vient rappeler la compilation Haiti Goes Latin, qui rassemble des titres enregistrés entre 1976 et 1984, quand les cuivres soufflaient sur les braises des rythmes latinos pour les rendre toujours plus ardents.
Il suffit parfois de jeter un œil sur une mappemonde pour comprendre la logique de certains phénomènes musicaux, même si la géographie n’apporte qu’une explication partielle. Entre les côtes cubaines et haïtiennes, il y a moins d’une centaine de kilomètres, ce qui fait de la première République noire le voisin le plus immédiat de la patrie de la révolution socialiste à la mode caribéenne. Difficile d’imaginer qu’une telle proximité n’ait pas produit ses effets, même si de part et d’autre du détroit qui porte le nom de Passage du vent, des identités culturelles fortes se sont développées.
Difficile aussi de concevoir que la salsa ait joué à saute-mouton au dessus des mornes haïtiens pour relier La Havane à Porto-Rico, un peu plus à l’Est dans la mer des Caraïbes, parfois via New-York et ses communautés exilées. Et bien que Port-au-Prince se soit mis à vibrer au rythme du compas à partir des années 60 puis surtout durant la décennie suivante, les musiciens locaux n’ont pas échappé à l’influence des artistes étiquetés Fania (Johnny Pacheco, Celia Cruz, Ray Barretto…), label américain qui est à la vague latine ce que Motown est à la soul.
A travers une dizaine de titres parus dans la période 1976-1984 et parfaitement nettoyés pour offrir un son impeccable, la compilationHaiti Goes Latin – à ne pas confondre avec un album de la même époque et portant le même nom, enregistré par Les Docteurs du rythme – s’est attachée à souligner cette spécificité, décryptant aussi le phénomène sur le plan historico-musical dans un livret très instructif.
Une demi-douzaine de chanteurs et groupes sont présents sur cette sélection, dominée par les Frères Dejean, une des formations phares du pays à l’époque, qui accompagnent aussi les projets plus personnels de leur batteur Tuco Bouzi, illustrés ici par Tuco’s Jam et Tuco’s Jam #3 très empreints de latin jazz. Avec My Angel’s Smile, joué par le bassiste Alix Jacques, le propos prend des accents brésiliens. Le piano est bien là, comme sur le morceau d’ouverture Boss du Caribbean Sextet, mais l’arrivée des claviers modernes commence à se faire sentir, entre autre sur l’interprétation du traditionnel L’Artibonite. Leur utilisation extensive finira, des années plus tard, par transformer la musique haïtienne.
Compilation Haiti Goes Latin (Celluloïd/Rue Stendhal) 2014
Page Facebook de Haiti Goes Latin
Par Bertrand Lavaine
TAGS : Salsa - Haïti - album
http://www.rfimusique.com/actu-musique/salsa/album/20140820-haiti-goes-latin-salsa
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
jeudi 21 août 2014
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