L'assemblée des sénateurs a entériné, mardi, après plusieurs semaines de tergiversations, le rapport de la commission recommandant la mise en accusation du président Martelly, de son Premier ministre Laurent Lamothe ainsi que son ministre de la Justice Jean Renel Sanon. Ces trois principales autorités de l'État sont accusées de « crime de haute trahison, de parjure » par la commission sénatoriale enquêtant sur les circonstances entourant la mort du juge Jean Serge Joseph, qui instruisait le dossier de corruption présumée de la famille présidentielle.
Aucun sénateur, même ceux qui supportent le pouvoir en place, n'a voté contre les recommandations de la commission chargée de faire la lumière sur ce dossier qui a défrayé la chronique. Sur les 17 sénateurs présents à cette séance plénière, sept ont voté pour, neuf ont fait abstention et 0 voix contre. « Etant donné que l'abstention est une voix qui ne s'exprime ni pour ni contre, le rapport de la commission est adopté », a laconiquement tranché le président du Sénat, Dieuseul Simon Desras.
Impuissants, les sénateurs progouvernementaux n'ont pas pu empêcher l'adoption du rapport épinglant les principales autorités étatiques du pays. En l'absence du sénateur Wenceslass Lambert, principal allié du chef de l'État, les sénateurs Jean-Willy Jean-Baptiste, François Lucas St-Vil, Hyppolite Mélius et Edwin Daniel Zenny ont tout fait pour empêcher l'adoption du rapport. Mais , en vain. « La commission a été illégalement constituée, a, dans la foulée, déploré le sénateur Jean-Willy Jean-Baptiste, pour qui la structure spéciale ne se composait que de sénateurs de l'opposition. La formation de la commission ne tient pas compte de la configuration du Sénat. Elle n'est pas équilibrée. De plus, le rapport est monté de toutes pièces pour conduire le pays vers l'instabilité politique... »
Le sénateur John Joël Joseph a considéré son collègue de l'Artibonite, Jean Willy Jean-Baptiste, qui a tenté de boycotter le vote dudit rapport, comme « une personne qui oeuvre pour tuer une nouvelle fois le magistrat Jean Serge Joseph qui est également originaire de l'Artibonite». « Non. Ce dernier n'était pas un Haïtien. C'était un Canadien. Il n'a même pas été inhumé dans le pays », a, pour sa part, rétorqué le sénateur Edwin Daniel Zenny. Les sénateurs hostiles au régime « Tèt kale » comme Pierre Francky Exius, Jean-Baptiste Bien-Aimé, Anick François Joseph, Wesner Polycarpe, Moïse Jean-Charles n'ont pas manqué de cadrer leurs collègues...
Le sénateur Edwin Daniel Zenny a quitté la salle bien avant le vote. Un geste qui ne suffit pas pour infirmer le quorum. Wenceslass Lambert et Maxime Roumer sont les seuls sénateurs qui n'ont pas été présents à cette séance.
Etant adopté par le Sénat, le destin du rapport sur la mort du magistrat instructeur va se jouer maintenant à la Chambre basse qui aura à décider de son sort. Un autre rapport sur le même dossier est en souffrance à la Chambre des députés, en vacances jusqu'au 2e lundi de janvier 2014.
Yvince Hilaire
http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=121712
Commentaires:
"Entre peste et Choléra" tel est le choix qui se pose à quiconque voudrait émettre une opinion objective devant cette mise en scène qui va maintenir l'attention de ceux qui veulent suivre l'évolution des choses en Haïti.
Il est difficile de ne pas condamner l'injonction du pouvoir exécutif dans une affaire impliquant la première dame de la République qui s'est soldée par la mort du juge. Là, nous nous rangeons avec ceux qui croient aussi que la culpabilité du pouvoir exécutif dans la mort de Juge est très relative dans la mesure ou son "AVC" ne peut pas être expliqué de but en blanc par "les pressions" exercées sur lui.
Il faut noter le manque d'expérience des membres les plus importants du pouvoir exécutif qui n'ont pas su gérer cette affaire et se sont laissés entraînés dans une aventure qui ailleurs, dans un autre contexte politique aurait pu être très préjudiciable à leur avenir.
Cependant, cette obsession de "destitution" de président, la caractéristique qui a toujours défini l'opposition haïtienne, elle commence à ne plus faire recette.
Tenant compte des éléments qui ont entouré "l'élection" de l'actuel président de la République, tout porte à croire que cette velléité n'aboutira a rien de bon. Certains parlementaires l'ont bien compris puisqu'ils ont pris contact avec le grand maître du Nord, pour se plaindre des agissements du pouvoir en place, histoire d'obtenir leur bénédiction pour la destitution. Ils ne voient ni comprennent que DESTITUTION= INSTABILITÉ...
Le parlement haïtien, dans son ensemble c'est-à-dire les deux chambres, devrait mieux faire pour présenter une image compatible avec une certaine crédibilité auprès de la population.
Aujourd'hui, si ces membres bénéficient d'un certain crédit, c'est seulement auprès de l'opposition. S'ils continuent à s’empêtrer dans cette voix, le secteur officiel ne manquera pas de monter son camp à base d'un populisme monnayé pour une démonstration de force.
En attendant les efforts que semblent engager le binôme Martelly/Lamothe pour attirer les investisseurs reçoivent un veto venant de ce même parlement.
La structure mentale du politicien haïtien est incompatible avec la démocratie telle définie dans les dictionnaire et encyclopédie.
Le pouvoir en Haïti est le seul et unique employeur pour un pays ou le chômage est aussi endémique que la faim et la misère. Et les demandeurs d'emplois sont légions!
Il nous faut un système politique adaptée à cette mentalité...
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mercredi 25 septembre 2013
MORT DU JUGE JEAN-SERGE JOSEPH...Le Sénat vote la mise en accusation des uns et des autres
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