INTERVIEW - Mackendie Toupuissant, président de la plateforme d'associations franco-haïtiennes (Pahfa), dresse un bilan, trois ans après le séisme qui a frappé
Le 12 janvier 2010, Haïti, était ravagée par un séisme, qui a causé 250 000 morts et 1,5 million de déplacés. Trois ans après la catastrophe, plus de 360 000 Haïtiens sont toujours sans logement. Metro fait le point avec Mackendie Toupuissant, président de la plateforme d'associations franco-haïtiennes (Pahfa).
Quel est le bilan de la reconstruction d'Haïti ?
C'est lent et long. On attendait que les gens soient relogés tout de suite mais les résultats ne sont pas visibles. Il n'y a plus de tentes place du Champ-de-Mars. Ceux qui y campaient ont reçu un petit pécule pour partir. Les gens ont rafistolé les maisons détruites, mais aucun grand bâtiment ou logement social n'est visible. Plusieurs camps regroupent encore des dizaines de milliers de personnes. L'accès à l'eau reste un problème et le choléra est encore présent. C'est toujours l'urgence.
Quelles sont les faiblesses du pays ?
Cette catastrophe a complètement mis à genoux l'Etat haïtien. Même le palais présidentiel, touché par le séisme, a été déblayé mais pas reconstruit. Depuis la fin de la dictature de Duvalier, en 1995, l'instabilité politique est permanente et l'administration est faible. Les problèmes de cadastre ralentissent les constructions et les indemnisations. Economiquement, Haïti est dépendant des importations. En fait, il ne faudrait pas parler de reconstruction, mais de construction : former l'administration, renforcer les autres villes, développer le secteur touristique…
Pourtant, l'aide internationale a été massive. Un ministre canadien vient de geler la contribution du pays, en attente d'une gestion plus "efficace". Qu'en pensez-vous?
C'est un coup de poignard dans le dos. Mais c'est vrai que l'argent n'arrive pas forcément dans les caisses de l'Etat haïtien. En transitant par différents intermédiaires, seule une partie de l'argent arrive, et le plus souvent, il est dépensé à l'étranger pour acheter le matériel et l'aide alimentaire.
Quel est le sentiment des Haïtiens, trois ans après la catastrophe ?
Les gens ont repris le système D. Ils n'attendent plus de miracles de l'Etat. Le pays survit aussi grâce à une aide importante de la diaspora haïtienne. Les transferts bancaires, qui atteignent 2 milliards de dollars par an, financent l'alimentation et à l'éducation des enfants. A notre grand regret, car cette somme importante pourrait mieux être utilisée pour construire des routes, des ports ou un grand hôpital public.
http://www.metrofrance.com/info/trois-ans-apres-c-est-toujours-l-urgence-a-haiti/mmaj!kqRvfi0ea81Q/
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
jeudi 10 janvier 2013
"Trois ans après, c'est toujours l'urgence à Haïti"
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