En décembre, peu après le
gouvernement américain, le ministère canadien des Affaires étrangères a invité
ses citoyens «à faire preuve de grande prudence» et à éviter «tout voyage non
essentiel» dans les quartiers de Martissant, Carrefour, Bel Air et Cité-Soleil,
à Port-au-Prince, en raison de conditions de sécurité qui y seraient
particulièrement «instables et dangereuses».
Voilà qui tombe
particulièrement mal, au moment où Air Transat s'apprête à lancer des forfaits
vacances en Haïti à compter du 23 janvier.
Calvin Cadet, porte-parole du
gouvernement haïtien, a fait valoir à l'Associated Press que les avertissements
des gouvernements américain et canadien sont «incompatibles» avec les progrès
réalisés en Haïti en matière de sécurité.
Debbie Cabana, porte-parole
d'Air Transat, signale que, en créant ses forfaits vacances, Air Transat a bien
en tête la sécurité de ses clients et propose des hôtels et des excursions en
conséquence. «Les autorités haïtiennes nous ont donné l'assurance qu'elles
avaient mis en place les mesures nécessaires en vue de relancer l'industrie
touristique», explique-t-elle.
Samuel Pierre, professeur à
l'École polytechnique et président du Groupe de réflexion et d'action pour une
Haïti nouvelle, comprend la prudence d'Ottawa, mais il estime que l'avis, qui
arrive à quelques jours du lancement du forfait d'Air Transat, «n'est pas très
humain». «Haïti se démène pour sortir de la misère et tente de mettre sur pied
une industrie touristique. Il se retrouve maintenant comme un malade à qui l'on
donne le coup fatal.»
Risque au Mexique aussi
Certes, Ottawa exprime aussi
certaines réserves à l'égard de la Jamaïque, par exemple, mais selon M. Pierre,
cela n'a pas du tout le même impact pour ce pays où le tourisme est bien
installé.
Emerson Douyon, lui aussi
Haïtien d'origine et commissaire à la Commission des droits de la personne du
Québec, abonde dans ce sens. Il trouve que le Canada fait preuve «d'une
insistance un peu trop particulière» par rapport à Haïti alors que le Mexique
représente un risque au moins aussi grand pour les touristes.
«Il existe des risques réels
pour les Haïtiens de la diaspora qui vont faire un séjour en Haïti parce que ce
sont eux qui sont visés par les enlèvements. Les gens là-bas montent carrément
des dossiers sur des Haïtiens de la diaspora qui ont de l'argent et que l'on
veut enlever s'ils se présentent au pays. Mais en général, ce sont des choses
qui se passent entre Haïtiens, sans que les Blancs soient inquiétés.»
Le ministère canadien des
Affaires étrangères a refusé toute entrevue sur le sujet. Ses seuls
commentaires, envoyés par courriel, disent qu'il n'y a rien de neuf sous le
soleil, que les appels à la prudence en Haïti datent d'août 2011 et que l'avis
de décembre, aujourd'hui levé, concernait la ville de Jérémie et rien d'autre.
http://www.lapresse.ca/international/amerique-latine/201301/04/01-4608272-le-gouvernement-haitien-furieux-contre-le-canada.php
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