Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mercredi 19 septembre 2012
Sean Penn, "déconstructeur" du palais national à Haïti
LE MONDE | 18.09.2012 à 14h03
Par Jean-Michel Caroit (Saint-Domingue, correspondant)
Sévèrement touché par le tremblement de terre de janvier 2010, le palais national haïtien est la proie des pelleteuses qui vont achever de le démolir au cours des trois prochains mois. Le président Michel Martelly a donné le coup d'envoi des travaux le 6 septembre. Il les a confiés à J/P Haitian Relief Organization, l'ONG de la star hollywoodienne Sean Penn.
Nommé ambassadeur itinérant par le président haïtien, l'acteur a multiplié les initiatives humanitaires après le séisme qui a tué près de 250 000 personnes. Selon l'entourage du président, Sean Penn a proposé de prendre en charge "bénévolement" les travaux de "déconstruction" du palais. Les avis sont partagés, sur les réseaux sociaux et parmi les badauds qui se pressent devant les grilles entourant le terrain de 40 000 m2, au centre de Port-au-Prince, où les engins lourds poursuivent la démolition de l'immense bâtisse blanche en forme de E.
Des voix s'élèvent pour déplorer l'absence de transparence et le manque d'information sur la reconstruction du palais. "Livrer le palais national à une ONG est tout un symbole, 221 ans après le soulèvement général des esclaves, nous sommes incapables de déblayer les ruines de la maison nationale", regrette le quotidien Le Nouvelliste.
"Orgueil"
Lors de son entrée en fonction, en mai 2011, Michel Martelly a exclu la reconstruction du palais de ses priorités. L'urgence, disait-il, était le relogement des sinistrés du séisme. Plus de 390 000 sans-abri sont toujours entassés dans des campements de fortune, dans des conditions que les dernières pluies ont encore aggravées. Mais pour Michel Martelly, il est temps de s'attaquer à la reconstruction des bâtiments publics.
"La nouvelle construction reproduira à l'identique ces lignes, formes et volumes qui entretenaient et justifiaient notre orgueil", a promis le chef de l'Etat. Après consultation de l'Institut de sauvegarde du patrimoine national, il a précisé que le seul ajout serait "la prise en compte des normes parasismiques". Ni le coût du projet de reconstruction ni l'origine des fonds n'ont été annoncés.
Quinze jours après le séisme, le président René Préval, alors en fonctions, avait évoqué une proposition française pour la reconstruction du palais, transmise par l'ambassadeur de France, Didier Le Bret. Cette offre avait été rapidement abandonnée face à l'ampleur des besoins humanitaires.
Comme celle d'Haïti, l'histoire du palais a été mouvementée. En 1869, il fut incendié lors d'une rébellion qui renversa le président de l'époque, Sylvain Salnave. En 1912, l'explosion de la poudrière du palais a détruit l'édifice et tué le président Cincinnatus Leconte et près de deux cents soldats.
L'année suivante Georges Baussan, architecte haïtien formé aux Beaux-Arts, à Paris, a remporté le concours pour la reconstruction du palais. L'édification de l'imposant bâtiment de style néoclassique, surmonté de trois coupoles, s'est achevée en 1921, sous la supervision des ingénieurs qui accompagnaient les troupes d'occupation américaines.
Jean-Michel Caroit (Saint-Domingue, correspondant)
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/09/18/sean-penn-deconstructeur-du-palais-national-a-haiti_1761829_3222.html
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