CCN .Ce livre sur « Ayiti » que vous publiez après un voyage la bas, c'est en quelque sorte un aspect de votre job de militant/communicant ?
Eddy Damas. On serait tenter de le voir ainsi, mais c’est beaucoup plus que cela. C’est une occasion formidable pour moi de contribuer, comme pour un bon nombre de personnes, a kalbandé l’image que nous avons d’Ayiti.
Sans y avoir auparavant mis les pieds, j’ai découvert Ayiti très tôt dans mon adolescence, à travers sa musique et sa poésie. Et ce voyage en quelque sorte, me confortait, et me rassurait en grande partie, dans l’idée que moi je me faisais d’Ayiti. Ainsi donc, avec ce récit je tenais quelque part à rendre on gran loné é respè a Ayiti et à tous le Ayisyen.
CCN. Quand vous débarquez en Ayiti êtes vous surpris de ce que vous voyez, ? l'idée du livre arrive à quel moment ?
E.D. Je ne dirais pas surpris mais plutôt ému. Oui d’une émotion presque enivrante malgré ce premier contact peu réjouissant d’un enfant qui mendie et de la présence d’hommes en arme. Etonnamment j’avais l’impression d’être chez moi. Assailli par tant de choses à la fois, tout décrire et tout écrire fut mon premier réflexe. L’idée du livre arrivera bien plus tard après mon retour.
CCN. Il y a une préface du chanteur Beethova Obas, pourquoi lui ?
E.D. Il y a beaucoup d’artistes ayisyen angajé, comme on dit, mais les textes et la musique de Beethova m’accompagnent toujours dès qu’il s’agit d’Ayiti. C’est comme ça. Il a ces mots, ces notes à lui pour de temps à autres, nous faire « oublier le goût de la détresse d’Ayiti »
Il a cette sensibilité profonde qui vous envellope quand il parle de l’espoir qu’il cultive dans les enfants de son pays. C’est un grand Monsieur qui m’a fait l’honneur de préfacer ce récit. Mèsi Beethova.
CCN. Là bas la Minustah semble être un vrai problème ?
E.D. Un grave problème comme toutes les formes d’ingérence qui caractérisent le pouvoir occidental à travers le monde. Depuis bientôt huit ans (Juin 2004) cette armée d’occupation n’a apporté que peines et tribilasyon au peuple d’Ayiti. Vols, viols, brutalités en tous genres, choléra, et la liste est longue. Il n’y a pas 36000 mil solution : Minista déwo !!!
CCN. Un président ex chanteur de compas : Est ce qu’Ayiti est dans la bonne... cadence ?
E.D. Nous avons tous suivi les conditions dans lesquelles se sont déroulées l’élection du président Martelly en Ayiti. Il a été porté au pouvoir par les états unis et c’est bien dommage. Maintenant les responsabilités qui lui incombent sont énormes, et il le sait. Le peuple haïtien aspire d’abord à « on Ayiti granmoun » Il ne doit jamais l’oublier.
CCN. Pas un seul mot dans votre ouvrage sur la musique, le compas, vous n'avez pas voulu entendre ?
E.D. Comment ne pas vouloir entendre ce compas partout présent. Mais cette fois-ci, la grande présence des femmes et des hommes qui m’entouraient avait pris le dessus.
CCN. Vous ne publiez qu’une douzaine de photos sur la centaine prises, quels ont été les critères de votre choix ?
E.D. En effet, ce fut un véritable dilemme, il fallait faire un choix visant à mieux illustrer le récit. Mais elles sont toutes aussi belles que parlantes. Plus « NOUS », quoi !
CCN. Di sa é vwè sa... és sa vé di Ayiti a jodi pé fé moun gwadloup pè lendepandans ?
E.D. Di sa é vwè sa… C’est bien là que cet adage prend tout son sens. C’est cet écart monumental qu’il y a entre ce que l’on nous a toujours servi sur Haïti et la réalité. C’est d’abord cet aspect là que j’aborde dans ce récit. Dans la Caraïbe, Haïti reste le principal épouvantail repoussoir du pouvoir occidental et singulièrement du pouvoir « kolonyal fwansé » sur la question du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Haïti, il ne faut pas le nier, dans l’esprit de bon nombre d’entre nous fait peur dès que l’on parle d’indépendance. Et malheureusement, ce piège fonctionne toujours. Mon récit n’a pas la prétention de tordre le cou à cette mauvaise fable, mais à nous aider à ne plus écouter ces petites comptines mensongères que véhicule cette farce.
CCN. Que retenez-vous de ce séjour?
E.D. Un peuple, un grand peuple .Un pays, un immense péyi. Des Fanm é Nonm qui n’ont jamais abandonnés la lutte pour la vie au quotidien. Des femmes et des hommes qui refusent la fatalité pour ne compter que sur leurs propres moyens afin de modifier leur réalité de tous les jours. Des femmes et des hommes qui ne croient pas en la malédiction que l’on essaie de leur faire porter depuis nanni nannan. En effet, j’ai vu certaines situations misérables que vivent au quotidien certains ayisyen. Mais, eskizé, ce n’est pas cela que j’ai retenu. Je garde plutôt l’image d’un peuple fière combatif et debout. Pas un peuple kouché. Des fanm é de nonm d’une grandeur capable de vous faire prendre conscience de notre petite taille, tizi à bien des égards. Ayiti : Di sa é vwè, sé dé biten diféran
http://www.caraibcreolenews.com/news,guadeloupe,1,3957,10-09-2012-hay-ti-eddy-damas-ugtg-y-yla-minustah-n-a-apporty-que-peines-et-tribilasyon-aux-hay-tiens.html
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mardi 11 septembre 2012
Eddy Damas (UGTG) : La Minustah n'a apporté que peines et tribilasyon aux haïtiens
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