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vendredi 3 août 2012

Haïti-Violence/Martissant : Du jamais vu

P-au-P, 02 août 2012 [AlterPresse] --- « C’est la première fois de ma vie que je vois une force de police incendier les résidences d’une population. C’est intolérable, la police ne peut pas attaquer des innocents ». Ce sont les déclarations de Silbrun Rosier, 58 ans, père de 9 enfants, habitant le quartier de Martissant depuis plus de 30 ans. En effet à la suite de l’intervention de la Police nationale d’Haïti à Martissant pour tenter d’appréhender des agresseurs armés qui ont attaqué une patrouille de police dans ce quartier dans la matinée du mardi 31 juillet 2012, les mots « incendie criminel, bastonnade, vandalisme » reviennent dans les témoignages sur le comportement des agents de l’Unité de maintien de l’ordre. « Bruler des maisons est un acte de banditisme. La justice doit dire son mot. C’est un crime contre l’humanité », juge Rosier. Le fil des évènements « J’étais en train d’acheter un pâté pour un enfant quand un groupe armé a fait feu sur une voiture de police. Le véhicule a perdu l’équilibre et a abouti dans un réservoir d’eau du Carrefour Leclerc », explique le témoin. Il est environ 8 heures du matin. A peine sorti de son inquiétude pour la vie des policiers, il est plongé dans une peur profonde quand il les voit « sortir dans la voiture, courir et tirer dans tous les sens à hauteur d’homme en plus ». « Comme d’autres résidents, je me suis donc caché derrière un arbre pour ne pas être touché par les balles policières » poursuit-il. Environ 60 minutes plus tard Du haut de la terrasse de sa maison, Rosier voit arriver « une flotte de 4 à 5 voitures de la police. Les policiers quoique tapant violemment sur les portes des résidents n’ont eu aucune réponse ». Vexés de l’attitude des riverains, les agents des forces de l’ordre « ont enlevé les tôles d’un temple vodou pour y effectuer des fouilles ». « Ensuite, ils se sont postés près de la rue s’amusant à passer à tabac tous ceux qui se sont aventurés dans la zone : hommes, femmes et enfants », relate Rosier, offusqué. Il s’est vu obligé d’appeler le « 38 11 11 11 pour dénoncer les agissements des policiers ». Ce numéro est celui du Centre de renseignements et des opérations (Cro) de la police haïtienne. « Entre temps arrive un camion Udmo (Unité départementale de maintien de l’ordre) dont les occupants commencent à tabasser des gents et à mettre le feu aux motocyclettes stationnées dans la zone », explique ce père de famille. « J’ai assisté impuissant à la casse de la voiture-taxi de marque Nissan d’un de mes enfants », se lamente Rosier. « C’est horrifiant de voir des agents de l’ordre mettre le feu de leurs propres mains aux maisons de Charilus (résident de Martissant) et de la marchande de fritures Jelène qui s’est réfugiée dans sa maison », reproche le témoin expliquant que c’est « la première fois » qu’il assiste à « une telle scène depuis Duvalier » (chassé du pouvoir en 1986). Finalement, aux environs de « 14 heures, les agents de l’Udmo ont mis fin à l’opération criminelle contre la population de Martissant ». Rosier affirme détenir les numéros d’immatriculation des voitures de police et du camion de l’Udmo. « La fumée ne peut déloger le propriétaire de sa propre maison (proverbe haitien) » répond Rosier à ses voisins l’invitant à laisser le quartier où il vit depuis plus de 30 ans. [efd gp apr 02/08/2012 13 :20] http://www.alterpresse.org/spip.php?article13177

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