Du crédit, contracté par les femmes, mais profitable aux hommes...
vendredi 13 juillet 2012
Les femmes
représentent 74% des sociétaires de coopératives qui sollicitent un crédit,
soit 211,948 femmes ayant obtenu 5,87 milliards de gourdes de crédit brut sur
un portefeuille de 7,4 milliards de gourdes au 30 septembre 2011 en Haïti.
Par Edner Fils DécimeP-au-P, 12 juil. 2012 [AlterPresse] --- Dans les caisses d’épargne et de crédit, appelées couramment coopératives en Haïti, 74% des sociétaires - qui sollicitent un crédit - sont des femmes. Pourtant, elles ne sont pas aussi nombreuses à occuper les postes de décision, selon les informations rassemblées par AlterPresse.
Au 30 septembre 2011, ils étaient 286,416 emprunteuses et emprunteurs à avoir obtenu environ 7,4 milliards de gourdes de prêts dans les coopératives [US $ 1.00 = 43.00 gourdes ; 1 euro = 58.00 gourdes aujourd’hui].
Les femmes sont donc 211,948 à occuper 5,47 milliards de gourdes du portefeuille de crédit brut du secteur coopératif.
Ces chiffres ne signifieraient-ils pas également que les sociétaires sont davantage de femmes que d’hommes ?
Contraste. Paradoxe. Dans les conseils d’administration (Ca), on ne retrouve pas un nombre aussi important de femmes.
Or, les conseils d’administration sont élus au suffrage universel direct par les assemblées générales, composées des sociétaires de la coopérative.
A la société d’utilisation coopérative du crédit et de l’épargne pour l’épanouissement socioéconomique (Succès) de Jacmel (Sud-Est), sur les 13 membres du Ca, seulement 4 sont des femmes, selon les informations fournies par la directrice de cette coopérative, Ketsia Métellus Janvier.
La caisse populaire espoir de Gros-Morne (Kpegm, en créole / Artibonite - Nord), ne compte qu’une femme parmi les 7 membres de son Ca.
Ce n’est pas un hasard si, à Succès, c’est le crédit-business ou crédit-commerce qui est le plus sollicité.
« Plus de 50% des sociétaires-femmes » sollicitent ce crédit, au détriment du crédit de production, par exemple, regrette Janvier.
Pourtant, dans un fort pourcentage de cas, « la femme contracte le crédit auprès de la caisse pour verser l’argent à son mari. Aussi, revient-il à la femme de se débrouiller dans le commerce pour le rembourser », explique Ketsia Métellus Janvier.
La situation n’est pas totalement différente à la caisse populaire espoir de Gros Morne (Kpegm).
« Des femmes prennent le crédit pour acheter un tap tap (véhicule de transport en commun) à leurs mari,, alors que ce sont elles qui remboursent dans plusieurs cas », confie le président du Ca de cette coopérative, Loubert Damus.
Dans plusieurs autres cas, « les époux co-signent la feuille de crédit. Mais, si le couple n’arrive pas à payer, la femme endosse pour les deux, dans quelques cas », poursuit Damus.
Au niveau du personnel des caisses, il semble que le quota des femmes progresse un petit peu.
A Succès, « la parité homme-femme est observée. On a 50% de femmes et 50% d’hommes dans le personnel », souligne fièrement Ketsia Métellus Janvier, directrice générale.
10 des 27 employés de Kpegm sont des femmes.
Des réflexions ont cours actuellement sur un cadre légal pour la branche économique des coopératives en Haïti et un rôle plus actif des coopératives et de la microfinance dans l’inclusion économique et la réduction de la pauvreté.
Le tout est de savoir dans quelle mesure les aspects - liés à la participation véritable des femmes - feront l’objet d’un certain souci. [efd kft rc apr 12/07/2012 15:50]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article13100
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