Rien ne prédestinait
Robert Duval, rejeton d'une famille d'industriels, à se retrouver dans cet
endroit où plus de 300.000 Haïtiens vivent dans des conditions inhumaines, lui
qui a fait des études dans des universités nord-américaines.
"Je suis venu à
Cité-soleil parce que je cherchais un engagement social conforme à ma vision de
la vie. Je me suis dit que j'allais monter un centre de développement de
talents sportifs", dit-il.
Après avoir fait de la
prison sous les Duvalier, Robert Duval, mieux connu sous son surnom de
"Bobby", a voulu donner une nouvelle direction à sa vie. Depuis près
de 20 ans, il est à la tête d'un centre sportif, l'Athlétique d'Haïti, planté
au coeur du bidonville sur une ancienne décharge.
En venant dans ce
quartier ostracisé, cet ancien sportif a voulu se "rapprocher des exclus",
explique-t-il.
Après avoir donné des
leçons de football à un petit groupe de jeunes déshérités, il s'est retrouvé
avec plusieurs centaines d'enfants. Le projet a grandi et fournit désormais le
gros des footballeurs des clubs professionnels et de la sélection nationale.
"J'ai formé des
dizaines et des dizaines de jeunes footballeurs haïtiens et je les ai emmenés
dans des compétitions en Europe et aux Etats-Unis", raconte-t-il, montrant
les trophées qu'il a rapportés de tournois disputés en Norvège, aux Etats-Unis
et récemment de France, la Coupe des sans-abri.
5 millions nécessaires
Son engagement a valu à
Bobby une reconnaissance internationale. La chaîne de télévision américaine CNN
en a fait un de ses "héros" en 2007.
"Je suis reconnu à
l'étranger pour mon travail, mais pas forcément en Haïti. Il y a encore des
irréductibles qui pensent que je ne devrais pas venir ici. Ils pensent que ma
place n'est pas là", dit Robert Duval. "Mais c'est un choix",
répète-t-il.
Pour son choix, il est
respecté et adulé à Cité-soleil, où il donne de l'espoir à des jeunes en
T-shirt rouge en train de jouer sous un chaud soleil.
"Je suis un milieu,
je rêve de jouer dans des clubs en Europe", dit Ariel Charles, 14 ans,
surnommé Zannetti.
"Mon rêve c'est de
jouer comme Suarez, comme Messi", renchérissent deux autres garçons qui
reviennent de l'entraînement pour prendre place au réfectoire où un plat de riz
leur est servi.
"Ils viennent de
loin pour s'entraîner. Ils jouent au foot, mais aussi au basket, font du karaté
ou de la boxe", dit Robert Duval. "Ils reçoivent aussi à manger et il
y a une école classique. C'est important", ajoute-t-il.
Aujourd'hui, Bobby
nourrit le projet de construire un grand stade de 15.000 places à Cité-soleil.
"C'est un grand
projet pour ce quartier détesté comme une plaie et que certains avaient
souhaité raser", dit l'ancien militant.
Avec l'aide de la Banque
interaméricaine de développement, de la Clinton Global Initiative et d'autres
mécènes, Robert Duval compte récolter les 5 millions de dollars nécessaires.
"Le projet avance,
le terrain est là, il m'a été offert par un Haïtien. Nous allons ériger un beau
stade qui sera baptisé Phoenix": les fondations sont faites avec les
débris des destructions provoquées par le séisme de janvier 2010 qui a ravagé
Port-au-Prince, explique-t-il.
Ses plans ne s'arrêtent
pas là: "Avant de mourir, je rêve de monter des académies sportives dans
tout le pays pour former des athlètes".
La Voix Du Nord
http://www.lavoixdunord.fr/france-monde/dans-un-bidonville-d-haiti-le-sport-comme-antidote-a-ia0b0n572395
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