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mercredi 23 mai 2012

Haïti: les camps de réfugiés se vident

Étienne Côté-Paluck, collaboration spéciale La Presse
(Port-au-Prince) Les sinistrés du séisme haïtien verraient-ils enfin la lumière au bout du tunnel? Une statistique de l'Organisation internationale de la migration suggère que les choses s'améliorent rapidement. En moins de trois mois, environ 14% des déplacés de Port-au-Prince ont quitté leur abri de fortune pour une habitation permanente. Les deux tiers de ces transferts seraient attribuables à un seul projet-pilote: le 16/6.
«Ils ont mis trop de temps pour vider la place de ses tentes», raconte Yanick Gédéon, assise devant son petit dépanneur, visiblement heureuse que le quartier qui l'a vue grandir retrouve enfin un semblant de normalité. Signe de renouveau, la peinture aux couleurs pastel est encore fraîche dans l'hémicycle au coeur de la place Canapé-Vert de Port-au-Prince.
C'est la première fois depuis deux ans qu'on y voit les arbres fleuris jaune et rouge, auparavant cachés par la mer de tôle, de bois et de bâches mis en place par les sinistrés du séisme.
«On respire mieux quand l'espace est libre», poursuit-elle, tout en avouant que son chiffre d'affaires en a néanmoins souffert. Situé sur un terrain adjacent à la place, le commerce de la famille Gédéon a prospéré quand des milliers de sinistrés sont venus s'y installer en janvier 2010. À la fin de l'année dernière, ils étaient encore près de 1500.

16 quartiers, 6 places publiques
Le programme 16/6, premier grand projet de transfert des sinistrés de Port-au-Prince, est vite venu changer tout cela. Lancée à l'automne, la phase initiale de ce projet géré par le gouvernement haïtien et quatre agences onusiennes est terminée: six places publiques sont maintenant vidées de leurs habitants. Famille par famille, 51 000 personnes ont ainsi été relogées dans des appartements existants des quartiers limitrophes. La première année de loyer a été payée par le programme, jusqu'à 500$ par famille. La deuxième phase du projet vient de débuter avec la revitalisation et la planification urbaine des 16 quartiers d'origine des ex-sinistrés des places publiques.

Vers les maisons jaunes
Dans les semaines après le séisme de 2010, chaque bâtiment de toute la région a été marqué au sigle des travaux publics: rouge (à démolir), vert (en bon état), jaune (endommagé). «La réparation des maisons identifiées comme réparables va commencer la semaine prochaine dans tout le quartier», a fièrement annoncé la semaine dernière Jean Arnaud Vixama, un des coordonnateurs du programme 16/6. À l'entrée de l'immense église Saint-Augustin, une réunion regroupe les représentants des organisations communautaires et religieuses du quartier populaire de Morne Lazarre, d'où sont originaires les anciens occupants de deux places publiques.
Des entrepreneurs qui doivent engager 75% de leur main-d'oeuvre sur place s'attaquent dès cette semaine aux maisons dites «jaunes» du quartier. En plus de la rénovation de certains bâtiments, le programme tente de répondre à un ensemble de problèmes d'infrastructures: réparation des routes, récupération et assainissement des eaux de pluie, collecte des matières résiduelles, approvisionnement en eau et en électricité, évaluation des sols et formation des employés de construction aux nouvelles normes parasismiques.

Projet-pilote
Même s'il semble ambitieux, le programme 16/6 est un projet-pilote qui pourrait être reproduit dans les plus grands camps de sinistrés et dans d'autres quartiers, dit à La Presse l'urbaniste montréalais d'origine haïtienne Théodore Achille, revenu en Haïti depuis 6 mois après 25 ans d'exil. Des dizaines de milliers de sinistrés habitent toujours dans les plus grands camps de la capitale, en particulier celui du parc Jean-Marie Vincent.
Sur les 16 quartiers prévus, seulement 8 sont visés pour l'instant puisque seuls 30 millions de dollars sur les 78 millions nécessaires ont été recueillis, et ce, même si plus de 5 milliards de dollars ont été promis par les pays donateurs dans la seule réunion extraordinaire de mars 2010.
En juillet de la même année, ils étaient 1,5 million à vivre dans des camps de déplacés. Environ 421 000 personnes y habitent toujours, réparties dans 602 camps.
421 000: Haïtiens vivent toujours dans 602 camps de réfugiés.
http://www.lapresse.ca/international/amerique-latine/201205/22/01-4527319-haiti-les-camps-de-refugies-se-vident.php

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