P-au-P, 22 mai 2012 [AlterPresse] ---Le réseau national de défense des droits humains (Rnddh) s’insurge contre une tendance au laisser-aller, dénoté chez les autorités judiciaires quant au suivi des enquêtes sur les cas d’assassinats et d’agressions perpétrés à l’encontre de policiers nationaux, dans un rapport en date de mai 2012 dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse. « Les autorités concernées ne mettent [aucune] ardeur en vue de faire aboutir les enquêtes, ouvertes sur les cas d’agressions perpétrées à l’encontre des agents de la force publique », regrette le Rnddh dans ce rapport sur le contexte sécuritaire du pays.
Une pratique qui met en danger la vie des policiers nationaux eux-mêmes, appelés à protéger les vies et les biens de la population, fait remarquer le réseau, critiquant les interventions d’autorités politiques auprès de la justice et de la police nationale d’Haïti (Pnh) en vue de parvenir à la libération immédiate de leurs amis, en dehors de toutes normes judiciaires.
Au moins huit (8) agents de la police nationale d’Haïti (Pnh) ont été assassinés et au moins deux (2) autres blessés par balles, au cours de la période allant du 1er janvier au 7 mai 2012, d’après les informations réunies dans le rapport de mai 2012 du Rnddh.
Parmi les policiers nationaux, victimes d’assassinats, figurent Wilhem Philippe, Angélo Pierre-Louis, Serge Casséus, Arnold Pierre-Louis, Upasse Pierre, Jean Hilaire Milot, Jean Ernest René et Walky Calixte.
Ce dernier, affecté à la direction centrale de la police routière (Dcpr), a été assassiné à Martissant (périphérie sud de la capitale), le 17 avril 2012, alors qu’il rentrait chez lui.
Le lundi 23 avril 2012, toute la zone métropolitaine de Port-au-Prince a vécu une journée de tension, provoquée par un vaste mouvement de protestations, conduit par des policiers et des proches de l’agent assassiné, Walky Calixte, lequel mouvement de grève a paralysé la commune de Carrefour (municipalité au sud de la capitale), où résidait la victime.
Le député Rodriguez Séjour a été accusé dans la mort de Walky Calixte qui, selon les informations recueillies par le Rnddh, aurait été abattu pour n’avoir pas voulu donner suite à l’injonction du parlementaire consistant à procéder à la relaxation de Marc Arthur Junior Charles, arrêté dans la matinée pour détention illégale d’arme à feu et de munitions.
Cette arme à feu de marque « Fredericksburg VA de calibre 5.7X28 et de série 386219035 » appartenait au député de la 49e législature, Rodriguez Séjour, selon Charles.
Ce dernier a été conduit au commissariat de Port-au-Prince et mis en garde à vue.
Le député Séjour est personnellement intervenu au commissariat de Port-au-Prince pour exiger, en brandissant des menaces orientées vers les policiers, la relaxation immédiate de Charles.
Mais ce fut en vain, rapporte le réseau.
Après d’autres démarches entreprises par le député, Marc Arthur Junior Charles a été libéré finalement sur recommandation expresse du ministre d’alors de la justice et de la sécurité publique, Pierre Michel Brunache, d’après le Rnddh.
« Dans l’après-midi même, le policier Walky Calixte est spectaculairement criblé de balles », rappelle l’organisme.
« Lorsque des individus dangereux sont relâchés sur ordre des autorités politiques, ils s’en prennent toujours aux agents qui les ont préalablement arrêtés », signale le Rnddh.
L’’ingérence politique, dans le traitement des dossiers judiciaires, entraine des vices de procédures, constate le Rnddh déclarant que « cet état de fait relève d’un État d’impunité généralisée et non d’un État de droit ».
« La relaxation de Marc Arthur Junior Charles souligne encore plus la dépendance de l’appareil judiciaire haïtien vis-à-vis des autres pouvoirs », estime l’organisme.
Déplorant les attaques en série, perpétrées sur des policiers nationaux, le Rnddh indique que « les autorités policières et judiciaires n’accordent pas aux membres de familles des policiers, victimes dans l’exercice de leurs fonctions, l’aide à laquelle ils ont droit ».
Dans certains cas, les frais de funérailles sont assurés par les familles elles-mêmes, alors que, dans d’autres cas, la modique somme de soixante-quinze mille gourdes (G. 75,000.00 / US $ 1.00 = 42.50 gourdes ; 1 euro = 61.00 gourdes aujourd’hui) est donnée directement aux pompes funèbres pour procéder aux funérailles des policiers.
« Les conjointes et les parents des policiers victimes ne savent pas quelles sont les charges prises en compte par l’institution policière », relève le Rnddh, affirmant que ces familles vivent dans l’incertitude la plus totale, en dépit des règlements de la Pnh qui prévoient des aides et allocations pour les agents victimes et leurs ayants-droit.
« Les frais d’obsèques proprement dits et éventuellement les frais de transport du corps au lieu de sépulture, demandés par la famille, sont intégralement pris en charge par l’administration », stipule l’article 41 du statut spécial, fixant les dispositions communes applicables aux fonctionnaires actifs.
Ce statut a été approuvé par le conseil supérieur de la police nationale (Cspn) d’Haïti, le 25 août 1995.
Par ailleurs, « la police d’assurance, qui couvre actuellement les policiers, n’est aucunement efficace », avance le réseau, dénonçant l’absence de prise en charge des frais médicaux des policiers blessés dans l’exercice de leur fonction.
Le réseau national de défense des droits humains (Rnddh) recommande aux autorités concernées de réviser la police d’assurance des policières et policiers nationaux, en vue de leur offrir une police d’assurance-vie et maladie efficace, et mettre en pratique les dispositions règlementant les cas de policiers victimes dans l’exercice de leurs fonctions.
Mener des enquêtes sérieuses sur les cas d’assassinats des policiers nationaux, traduire, par-devant les juridictions de répression, tous les individus impliqués dans les assassinats des policiers et rompre avec la pratique des immixtions et des ingérences dans le traitement des dossiers judiciaires, sont les exigences faites par le Rnddh. [emb kft rc apr 22/05/2012 9:36]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article12885
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mercredi 23 mai 2012
Haïti-Insécurité : Le Rnddh dénonce le laxisme des autorités judiciaires
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