Double nationalité ! Encore et encore. Décidément, ce dossier ne veut pas mourir. À chaque accalmie, une goutte d’huile de plus vient attiser la flamme. Suite à la mise en scène du jeudi 8 mars, d’aucuns annonçaient la fin du scénario. Le Président croyait peut-être s’en tirer à bon compte. Ce fut trop tôt. Trop beau. La commission a été certes édentée, elle conserve toutefois sa capacité d’action et, plus encore, sa capacité de nuisance.
La réaction du Sénat dans son ensemble était attendue. Puisqu’il fut la risée de tous après cette exhibition émotive de passeports. En tout premier lieu, le remaniement de la commission d’enquête paraissait inéluctable. Selon le président du Grand Corps, Simon Dieuseul Desras, cette décision appartient à l’assemblée des sénateurs. Une assemblée qui bout. Les contradictions sont profondes. Certains jouent au ponce Pilate alors que d’autres jouent les victimes innocentes. Moïse Jean Charles et Steven Benoit ont menacé d’abandonner la commission alors qu’elle navigue en eau trouble. Les critiques offusquent les élus du peuple. La restructuration de cet organe d’enquête devra donc attendre. .
L’ambiance est devenue plutôt électrique au Sénat. Tout dérange. Les regards moqueurs et les sourires figés sur les visages de certains énervent d’autres qui disent travailler pour le bien de la population. Lambert et Latortue ont, paraît-il, eu leur revanche. Ils dégustent. Fièrement, M. Latortue a rejeté devant la presse les rumeurs qui annonçaient son éventuel retour au sein de la commission.
De la nationalité, la commission se déroute vers l’identité du chef de l’État. Une identité double. Triple même. Connexité entre les affaires. Errements pour d’autres. N’empêche que les deux actes sont graves et constituent des violations de la loi. .
Les renforts escomptés ne viennent pas. « Ceux qui peuvent mener les enquêtes laissent la place à ceux qui ne peuvent le faire », Anick François Joseph, maître de ces mots, se rétracte. Il aidera de l’assemblée étant. Bizarre ! Pourtant, il a paru avoir des informations de première main et des pistes intéressantes. Les menaces de morts proférées contre sa personne l’ont probablement dissuadé.
Les expertises manquent terriblement à la commission. Il faut les chercher. Partout. William Jeanty demande d’engager des experts comme cela se fait généralement pour les grands dossiers qui concernent la Chambre haute. .
Qui délivre les passeports en Haïti ?
La décision de M. Martelly de soumettre ses passeports, via Religions pour la paix, a été considérée comme un triomphe de la vérité par ses partisans. Les accusateurs paraissaient en mauvaise posture. Le silence pour certains fut une échappatoire viable. Mais, comme souvent, le dossier rebondit. Les passeports soumis ne seraient pas régulièrement émis. En tout cas, c’est ce qu’ont tenté de faire croire les membres de la Commission. .
Plusieurs irrégularités auraient été relevées sur ces documents qui devaient aider à dissiper les doutes sur la multiple nationalité de M. Martelly. Alors que les enquêteurs avaient rapporté avoir trouvé la trace de seulement quatre passeports émis au nom du président de la République, celui-ci a présenté huit livrets qui correspondent à huit passeports différents. Le premier présenté par la Commission a été délivré pour une durée de deux ans. Soit du 13 novembre 1986 au 7 décembre 1988. Une durée de deux ans. Son numéro est le 81124649. .
Le deuxième passeport, inscrit au numéro 81124649, a été délivré le 27 juin 1981 et a expiré le 30 Août 1993. La durée est donc de douze ans. Une histoire abracadabrante. De nombreuses hypothèses furent émises sur ce cas précis. La plus courante : « M. Martelly avait peut-être bénéficié d’une dérogation vu que depuis cette date la validité d’un passeport haïtien est toujours de cinq ans. »Aucun spécialiste n’est venu étayer cette thèse. Les organismes qui ont émis ces documents n’étaient peut-être pas au courant des lois haïtiennes traitant de l’émission des passeports. .
Les regards sont donc tournés vers le service de l’Immigration et de l’Émigration qui délivrent ces documents. Le troisième passeport numéroté 81124649, délivré le 5 avril 1994, a expiré le 9 septembre 1999. Le quatrième, FL 97 E 373, émis le 23 avril 1997 a, quant à lui, expiré le 22 avril 2002. Le cinquième, FL 97 E 373, émis le 14 mai 1998 a expiré le 22 avril 2002. Le sixième, FL 00 A 650, émis le 27 janvier 2000 et a expiré le 26 janvier 2005. Ces quatre ne souffriraient pas de contestation. Le huitième, FL 15 73103, émis le 17 janvier 2007, a expiré le 18 janvier 2012. .
L’attention a été attirée sur le septième passeport qui, bizarrement comporte 33 pages au lieu de 32. Son numéro est le FL 30 093. Ce passeport comporte deux numéros. L’autre qui est troué est le R 04 61 802. De nombreuses ratures ont également été trouvées sur ce passeport qui entretient à lui tout seul les suspicions sur la multiple nationalité du chef de l’État. Par ailleurs, avance-t-on, le Président a effectué des voyages aux États-Unis sans qu’aucun passeport ne les mentionne. .
Un seul État dans un seul pays. Des mots pleins de sens pour les nationalistes d’antan. Cependant, au regard des passeports présentés par le président de la République, il y aurait lieu de s’inquiéter. L’administration publique est elle une ? Y a-t-il d’autres organes compétents pour prendre des décisions qui concernent la souveraineté nationale ? Au Sénat de donner la réponse.
Lionel Edouard
doulion29@yahoo.fr
Source: Le Matin
http://www.radiotelevisioncaraibes.com/nouvelles/haiti/haiti_et_ses_passeports_qui_causent_des_degats.html
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
dimanche 18 mars 2012
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