Point de vue...LEMONDE.FR
11.01.12
Par Comité de coordination des ONG d'Haïti
Il y a deux ans, un séisme sans précédent frappait Haïti avec un bilan et des destructions d'une ampleur exceptionnelle. Des centaines de milliers d'Haïtiens ont perdu la vie ou ont été gravement blessés le 12 janvier 2010. Les survivants se sont retrouvés du jour au lendemain dans le dénuement le plus total, sans logement, sans ressources, sans protection ou accès aux services les plus élémentaires. Il y a deux ans cette semaine, le monde entier se mobilisait en faveur des populations sinistrées d'Haïti.
Particuliers, organisations et gouvernements du monde entier ont répondu présents, avec des dons et des engagements financiers.
De l'Asie à l'Amérique, en Europe et en Afrique, des millions de personnes ont participé à un formidable élan de solidarité. La mobilisation immédiate des Haïtiens, puis des organisations non gouvernementales (ONG), internationales et nationales, des collectivités, des universités, des acteurs de la société civile et des millions de personnes touchés par ce drame a permis de sauver des vies et d'apporter une première réponse aux souffrances des victimes.
Alors que nous nous apprêtons à commémorer le deuxième anniversaire du séisme, nous, représentants des ONG humanitaires présentes aux côtés des populations sinistrées, appelons les gouvernements et tout un chacun à maintenir les engagements faits au peuple d'Haïti en 2010.
Le Comité de coordination des ONG d'Haïti rassemble les acteurs humanitaires internationaux qui, avec leurs organisations partenaires haïtiennes, ont répondu à l'urgence suite au tremblement de terre, en apportant une première aide d'urgence, en distribuant de la nourriture ou de l'eau potable, en assurant l'accès aux services de santé, à des installations sanitaires décentes, ainsi qu'à un abri pour des centaines de milliers d'enfants et d'adultes vulnérables.
Depuis les premiers jours de l'intervention humanitaire, l'attention des bailleurs et des organisations internationales s'est concentrée, à juste titre, sur le soutien des autorités haïtiennes à ses citoyens. Aujourd'hui, Haïti a l'opportunité de se reconstruire de manière durable, et de renverser la dépendance de l'île aux opérateurs extérieurs.
Le gouvernement d'Haïti doit assumer un leadership fort en matière de santé, d'éducation, de logement, d'emploi et de développement économique. En tant qu'ONG, nous réaffirmons notre engagement à travailler avec nos partenaires institutionnels haïtiens pour assurer le transfert des compétences et des ressources pour réduire la dépendance aux acteurs extérieurs.
Les besoins demeurent. Près de 500 000 personnes vivent encore sous tente à Port-au-Prince, Léogâne, Petit-Goâve et dans les autres zones sinistrées. Parmi elles, les enfants, les femmes, les personnes handicapées et âgées dans les camps sont particulièrement vulnérables aux situations de violence, d'exploitation ou d'abus.
L'accès à l'eau potable ainsi qu'à des conditions de vie décentes est une lutte de tous les jours pour des millions d'Haïtiens à travers le pays ; des soins abordables et de qualité ainsi que l'éducation demeurent encore un mirage pour beaucoup. L'épidémie de choléra qui frappe l'ensemble de l'île est à l'origine de milliers de décès et constitue une menace sérieuse pour la santé publique.
Deux ans après la catastrophe, malgré l'ampleur de la mobilisation en faveur d'une reconstruction durable, Haïti est encore loin du compte.
Au quotidien, les gravats rappellent l'ampleur de la tâche aux Haïtiens qui se montrent pourtant déterminés à faire face aux difficultés et à améliorer leurs conditions de vie et celles de leurs enfants.
La solution doit être une solution mise en œuvre par les autorités haïtiennes avec le soutien inconditionnel de l'ensemble de la communauté internationale.
Mais l'appui aux institutions locales ainsi que le renforcement de leurs capacités à répondre aux attentes de 10 millions de citoyens prend du temps et implique des engagements financiers lourds.
Une partie seulement de l'aide internationale promise pour la reconstruction et le développement d'Haïti est arrivée ; alors que la pression exercée sur les ONG pour qu'elles transfèrent leurs activités aux administrations haïtiennes s'accentue.
La crise financière et les coupes dans les budgets d'aide au développement des Etats pourraient également avoir des répercussions sur l'avenir à court terme de l'île.
Fort de notre engagement sur le terrain, nous appelons la communauté internationale à honorer les promesses faites en 2010 et à maintenir ses engagements pour éviter aux 500 000 personnes encore sous tentes de tomber dans l'oubli, et ce malgré les difficultés de la reconstruction 24 mois après la catastrophe. L'heure n'est pas encore venue de réduire nos efforts.
Au contraire, nous devons aujourd'hui plus que jamais renforcer notre engagement et travailler ensemble pour envisager un avenir durable pour Haïti et ses habitants. Le gouvernement doit jouer un rôle de premier plan, et nous, opérateurs internationaux de l'aide humanitaire, nous nous devons d'accompagner et d'appuyer l'Etat haïtien dans ce processus, en lien avec l'ensemble des acteurs de la société civile.
Des engagements forts ont été pris il y a deux ans ; il est temps de les tenir aujourd'hui.
Le Comité de coordination des ONG d'Haïti (CCO), est un consortium d'ONG Internationales opérant en Haïti dans les domaines de l'humanitaire et du développement. Il a pour objectif d'accroître la cohérence et l'efficacité de la contribution des ONGIs à l'amélioration des conditions de vie du peuple haïtien, par le renforcement du dialogue institutionnel et des collaborations entre les différents acteurs, dans une perspective de développement durable.
Les signataires sont : ACTED, Action Contre la Faim, Care, CESVI, Doctors of the World-Médecins du Monde International, Entrepreneurs du Monde, Finn Church Aid, Habitat for Humanity International, Healing Hands for Haiti, HelpAge International, International Medical Corp, International Rescue Committee, J/P Haitian Relief Organization, Mercycorps, Merlin, Oxfam International, Plan International, Save the children, Tearfund et World Vision International.
http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/01/11/tenons-les-engagements-pris-en-faveur-d-haiti_1627920_3232.html#ens_id=1290927
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
jeudi 12 janvier 2012
Tenons les engagements pris en faveur d'Haïti
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