En arrière-plan, l'église de Canaan II |
La cuisine de fortune où fument des grosses chaudières de riz et de purée de pois utilise à la fois des réchauds au gaz propane et au charbon de bois.
Des bâches entourant la tonnelle sous laquelle dix employés bénévoles s'activent ressemblent aux milliers de tentes élevées sur les collines et les buttes de Canaan, site délimité par des "frontières". Notons qu'après le tremblement de terre, les collines sont loties en Canaan I, II et III.
Les enfants viennent réclamer leur ticket au pasteur Michel Volny Joseph |
Sadia Michèle, de Cité Soleil, 28 ans, la voix éraillée, a laissé son cours de couture qu'elle prenait à Port-au-Prince avant le 12 janvier. Depuis qu'elle est à Canaan II, c'est la galère pour elle. Mère de trois enfants, elle bosse comme les autres pour se mettre quelque chose sous la dent.
Hissé au rang de leader, Germain Joseph, le responsable de l'organisation des victimes de Canaan II, explique que le bénévolat est la règle dans ce site d'hébergement.
Pas de nourriture pour tous les enfants
Les cuisinières qui préparent le dîner sont toutes des bénévoles (Photo: Francis Concite) |
Les enfants ne sont pas les seuls qui ont grand besoin de cette cantine, les adultes aussi meurent d'envie à l'ombre de leurs tentes, pensant à un repas chaud lorsqu'ils donnent cinq gourdes à leurs gamins.
« Dernièrement, un candidat à la magistrature de la Croix-des-Bouquets, nous a abordés et nous a promis de mettre une cantine à Canaan II. Ce serait intéressant, mais il réclame trop, il réclame vingt-cinq gourdes pour le plat chaud. Les gens n'ont pas les moyens », se désole-t-il.
Un bénévole répare le seul réchaud à gaz propane de la cuisine (Photo: Francis Concite) |
Pasteur Michel Volny Joseph, le corps frêle, est très strict. Un enfant qui n'a pas les cinq gourdes n'a pas droit à une carte, il fait de la gestion. « Cinq gourdes, c'est rien. Quand des centaines d'enfants vous donnent cinq gourdes, cela fait une somme et vous permet d'acheter de la viande et d'autres ingrédients pour le dîner. »
Les enfants sont des innocents, bien qu'ils n'aient pas d'argent, ils demandent au pasteur de leur donner une carte. Il reste inébranlable. Mais un bon samaritain qui passait par là ce midi a fait don de cinquante gourdes. C'est la ruée, tout le monde veut avoir une carte pour avoir accès à la cantine.
Claude Bernard Sérant
serantclaudebernard@yahoo.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire