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jeudi 1 avril 2010

10 milliards pour reconstruire Haïti

Louise Leduc; La Presse
Publié le 31 mars 2010 à 18h32 (Nations Unies, New York) Les représentants des pays donateurs, de même que ceux du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, se sont réunis hier au siège des Nations unies, à New York, pour faire le point sur leur effort commun dans l'aide apportée à Haïti et pour s'engager dans la reconstruction durable de ce petit pays ravagé. Cette fois sera-t-elle la bonne?

Mis à jour le 01 avril 2010 à 07h59

Réunis à l'ONU, hier, les représentants des 48 principaux pays qui soutiennent financièrement Haïti ont promis un total de 9,9 milliards de dollars pour les trois prochaines années, dont 400 millions additionnels venus du Canada.

C'est ce qu'a annoncé le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, au terme d'une réunion éclair d'une seule journée qui avait toutes les allures d'un téléthon, chacun y allant de ses promesses respectives.

«Au nom du peuple haïtien, merci encore, a lancé René Préval, président d'Haïti. J'appelle mes compatriotes à bien comprendre l'effort fait par la communauté internationale et notre responsabilité d'y répondre vite et bien.»

«La communauté internationale a fait sa part, les Haïtiens doivent maintenant faire la leur», a ajouté M. Préval, qui a notamment exhorté les investisseurs privés d'Haïti et de la diaspora à se manifester.

Au cours des 18 prochains mois, Haïti devrait déjà recevoir un total de 5,3 milliards, «ce qui excède de beaucoup les 3,9 milliards que réclamait Haïti à court terme», a fait remarquer Hillary Clinton, secrétaire d'État américaine.

La reconstruction, a signalé Mme Clinton, «reposera sur les valeurs établies à la conférence de Montréal en janvier», soit une reconstruction «coordonnée, orientée vers les résultats et la reddition de comptes et inclusive (de l'État haïtien)».

Mais comment s'assurer que tout l'argent promis sera effectivement versé, contrairement à ce qui se passe le plus souvent? À cela, Mme Clinton a répondu qu'il sera possible de le vérifier sur un site web qui détaillera les engagements de chaque pays, y compris, évidemment, la contribution américaine de 1,15 milliard.

Tout en annonçant une contribution supplémentaire de 400 millions, Lawrence Cannon, ministre des Affaires étrangères du Canada, a pour sa part signalé que les Haïtiens semblaient avoir bien pris acte «de la nécessité d'un vrai changement en Haïti».

L'argent est sur la table, la solidarité mondiale est palpable et «maintenant, nous attendons les résultats», a-t-il dit.

La Banque mondiale a d'emblée donné le ton à la journée en promettant 250 millions de dollars supplémentaires à Haïti et en annonçant l'annulation de sa dette, qui se chiffre à 39 millions. Cela portera le total des sommes qu'elle accordera au pays à 479 millions de dollars d'ici au mois de juin 2011.

Une question de «conscience et de moralité»

Avant le séisme, a signalé Hillary Clinton, Haïti allait dans la bonne direction. Sa croissance économique était de 3% l'an dernier, et deux grands hôtels s'y étaient même installés.

Aider Haïti à se relever, dit-elle, est «une question de conscience et de moralité», mais c'est aussi s'assurer que ses problèmes ne débordent pas de ses frontières.

Plusieurs fois au cours de la journée, de nombreux dignitaires - notamment Bill Clinton, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour Haïti - ont noté que l'aide internationale à Haïti est l'histoire d'un échec. «Les organisations non gouvernementales ont fait un travail magnifique dans les dernières années, mais chacun de son côté», a-t-il dit, pressant les ONG à respecter leur promesse de travailler cette fois de façon concertée et «conformément au plan haïtien».

Seulement, il a été très peu question du «plan haïtien», hier. Le président René Préval en a parlé en termes très généraux, insistant sur le fait que l'éducation devait en être la pierre d'assise. Jean-Max Bellerive, premier ministre d'Haïti, a souligné, lui, l'importance d'établir «une culture de transparence et de reddition de comptes qui rende la corruption impraticable».

Forte délégation canadienne

Le Canada était largement représenté à la conférence d'hier: on y a vu la gouverneure générale, Michaëlle Jean, les ministres canadiens Bev Oda et Lawrence Cannon, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, présent à titre de vice-président pour l'Amérique de l'organisme Cités et gouvernements locaux unis. Ce dernier a d'ailleurs été applaudi par les délégués de l'ONU lorsqu'il a insisté sur la nécessité de mesures flexibles qui permettent aux villes haïtiennes - et pas seulement Port-au-Prince - d'avoir leur mot à dire dans la renaissance haïtienne.
http://www.cyberpresse.ca/international/amerique-latine/seisme-en-haiti/201003/31/01-4266276-10-milliards-pour-reconstruire-haiti.php

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