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samedi 20 mars 2010

Déluge: le cauchemar s'abat sur Haïti

Les précipitations tombées dans la nuit de jeudi à vendredi ne sont pas les plus importantes enregistrées en Haïti mais leurs durées a transformé certains centres d'accueil en mer de boue, compliquant la situation des sinistrés qui vivent sous des tentes de fortunes. Le déluge a terrifié les familles dans les campements faits de tentes et de maigres abris couverts de bâches.
Au moins dix personnes auraient trouvé la mort victimes d'inondations provoquées par de fortes pluies dans le sud-ouest d'Haïti.
Certains terrains sont transformés en étangs, d'autres sont des mares de boues d'ou émerge ici ou là de maigres biens. Des milliers de sinistrés sont obligés de dégager avec des seaux à la main ou autres ustensiles cette boue à la recherche de quelques objets récupérables... souvent tout ce qu'ils avaient pu sauver du séisme du 12 janvier. La nuit résonne des cris ou se mèle les sanglots d'un désespoir sans nom.
L'eau a dévalé les pentes d'un ancien parcours de golf reconverti en campement temporaire pour 45.000 personnes. Selon des travailleurs humanitaires, des sinistrés du camp ont été emportés par des torrents d'eau, qui ont détruit des tentes utilisées par une ONG israélienne comme salles de classe.
«Nous avons passé une nuit de cauchemar, dormant debout les pieds dans la boue, avec nos enfants dans les bras», explique Fritznel Jean, père de deux enfants vivant dans un centre pour sans-abri à Pétion-Ville.
Le Champs de Mars proche du palais présidentiel, l'un des plus importants centres d'hébergement, n'est plus qu'une mer de boue.
«Ma tente n'a pas résisté à la pluie, la bâche qui servait de toit a cédé au cours de la nuit», explique Lalanne Jean-Louis, mère de trois enfants dont un bébé de 15 mois.
«Les tentes que les Blancs ont donné résistent aux intempéries, pas les nôtres faites de morceaux de tissus et de poteaux en bois», constate Jonas Gué responsable d'un comité de sinistrés.
C'était le chaos a raconté Jim Wilson, de l'organisation humanitaire Praecipio. A mains nues ou à l'aide de bâtons, des habitants du camp ont creusé des tranchées d'évacuation autour de leurs abris. Plusieurs kilomètres plus loin, l'eau stagnante et la boue ont également envahi un campement à la périphérie du bidonville de Cité Soleil.
À Baradères, près des Cayes, l'eau est montée jusqu'à 1,5 m.
Cinq personnes sont mortes quand un véhicule s'est renversé à Gelée, près de la ville des Cayes. 2 autres ont été emportées par une rivière en crue à Pont l'Ilet, a indiqué le sénateur Francky Exius. «La situation est grave dans toute la région, la plupart des maisons sont inondées et les gens sont forcés de les abandonner ou de grimper sur les toits», a témoigné le parlementaire des Cayes. Exius a expliqué que l'hopital de la ville, la troisième d'Haïti par la population, était inondé et que les malades avaient dû être déplacés. «J'ai dû moi-même abandonner la ville recouverte d'eau», a témoigné le parlementaire.
Un député de la région, Guy Gérard George, a signalé que «la route du sud est très endommagée par les eaux qui ont soulevé l'asphalte par endroits. La plupart des maisons sont abandonnées», a-t-il décrit. «C'est seulement après la pluie qu'on pourra chercher à compter les victimes de ces intempéries».
Selon des responsables de l'aide humanitaire sur place, cette situation pourrait provoquer une autre catastrophe, car les tentes et les bâches ne suffiront pas à protéger un grand nombre d'Haïtiens des pluies violentes, des coulées de boue, des glissements de terrains.
Le bureau de l'ONU pour les affaires humanitaires (OCHA) a identifié plus de 20 sites très vulnérables aux inondations au cours de la saison de pluie attendue le mois prochain en Haïti. «Nous travaillons sans relâche à la distribution de bâches en plastique et de tentes afin que les sinistrés puissent protéger leur famille et leurs biens», a déclaré France Hurtubise, porte-parole de OCHA. 

N / Radio Métropole Haïti 
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=17272

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