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On les rencontre sur toutes nos routes, ces motos, exploitées à fond.
« Se lajanw ki pou rete’w. Mwen pare pou mwen menen’w kotew vle ale». Jean, taximotoman, lance à brûle-pourpoint ces propos à son interlocuteur d’un air de défi. Chevauchant sa mécanique, il esquisse quelques manœuvres hardies pour impressionner le voyageur qui vient marchander ses services. Notre bonhomme, visiblement heureux, sourit derrière son casque. Tout joue en sa faveur : sa moto neuve, l’absence de ses concurrents partis faire le décompte de la jour née, l’impatience du passager, l’heure assez avancée. « Toutes les conditions sont réunies pour une bonne affaire », se dit Jean qui se rappelle les consignes à appliquer dans ces genres de situation. Alliant expérience, intuition et psychologie, il applique toujours à la lettre les conseils que lui avait prodigués son instructeur avant de se lancer dans cette profession toute nouvelle en Haïti. Il est cinq heures de l’après-midi, heure indue pour quelqu’un désirant se rendre à Grigri (Côtes de Fer). La scène se passe à Carre four Fond des Blancs (SaintMichel du Sud). « Cinq cents gourdes », se décide enfin Roger, prêt à payer le prix pour ne pas rater son rendez vous. « Cents gourdes de plus et partons », lui réplique aussitôt le gaillard qui rabaisse d’un geste brusque sa visière avant de déclarer avec conviction : « Dans une heure environ, tu seras à destination ». Il n’en fallut pas plus pour con vaincre Roger de partir à l’aventure. Dans un passé encore récent, il n’aurait eu d’autre choix que de passer la nuit chez un ami avant de prendre la route à pied le lendemain. Il tressaille encore d’effroi en pensant à ces longues et harassantes marches de toute une journée presque. Pour remonter son moral, il se remémore les récits de ses amis vantant les exploits des « bèt seren », (surnom donné aux conducteurs de taximotos qui n’ont pas d’heure pour prendre la route) et pense déjà au lit douillet qui l’attend.
On les rencontre sur toutes nos routes, ces motos, exploitées à fond.
« Se lajanw ki pou rete’w. Mwen pare pou mwen menen’w kotew vle ale». Jean, taximotoman, lance à brûle-pourpoint ces propos à son interlocuteur d’un air de défi. Chevauchant sa mécanique, il esquisse quelques manœuvres hardies pour impressionner le voyageur qui vient marchander ses services. Notre bonhomme, visiblement heureux, sourit derrière son casque. Tout joue en sa faveur : sa moto neuve, l’absence de ses concurrents partis faire le décompte de la jour née, l’impatience du passager, l’heure assez avancée. « Toutes les conditions sont réunies pour une bonne affaire », se dit Jean qui se rappelle les consignes à appliquer dans ces genres de situation. Alliant expérience, intuition et psychologie, il applique toujours à la lettre les conseils que lui avait prodigués son instructeur avant de se lancer dans cette profession toute nouvelle en Haïti. Il est cinq heures de l’après-midi, heure indue pour quelqu’un désirant se rendre à Grigri (Côtes de Fer). La scène se passe à Carre four Fond des Blancs (SaintMichel du Sud). « Cinq cents gourdes », se décide enfin Roger, prêt à payer le prix pour ne pas rater son rendez vous. « Cents gourdes de plus et partons », lui réplique aussitôt le gaillard qui rabaisse d’un geste brusque sa visière avant de déclarer avec conviction : « Dans une heure environ, tu seras à destination ». Il n’en fallut pas plus pour con vaincre Roger de partir à l’aventure. Dans un passé encore récent, il n’aurait eu d’autre choix que de passer la nuit chez un ami avant de prendre la route à pied le lendemain. Il tressaille encore d’effroi en pensant à ces longues et harassantes marches de toute une journée presque. Pour remonter son moral, il se remémore les récits de ses amis vantant les exploits des « bèt seren », (surnom donné aux conducteurs de taximotos qui n’ont pas d’heure pour prendre la route) et pense déjà au lit douillet qui l’attend.
Révolution dans les campagnes
Penser la vie sans penser taximoto est désormais impossible dans nos campagnes. Fini le temps des longues marches. Personne, les écoliers aussi bien les marchands, ne prend plus la route à pied. Partout, on recourt aux services des taximotos. Le phénomène est, rappelons le, récent. Il est apparu au milieu des années 90 au niveau de quelques grandes et moyennes villes du pays en dedans, avant de se généraliser dans presque toutes les communes éloignées et difficiles d’accès. Toutefois, les observateurs ne s’accordent pas sur son origine. Ouanaminthe en aurait la paternité pour ceux qui soutiennent que nos compatriotes du Nord’Est on dupliqué les fameux motors (motòl) dominicains. Pour d’autres, la pratique a vu le jour à Jacmel, classée incontestablement, aujourd’hui, ville des taximotos. Quoi qu’il en soit, la motocyclette quelle que soit sa marque, a conquis nos campagnes. On les retrouve désormais partout ces engins à deux roues, de La Vallée à Ouanaminthe en passant par Bainet, Côtes de Fer, Aquin, L’Asile, PetitGoâve, SaintMarc, Plaisance, pour l'usage privé ou public, sur nos routes et nos sentiers. Dans le nord, les marques japonaises dominent, tandis que dans le sud les chinoises font la loi. Rouler plus viteLes taximen ne s’imposent pas de limites. On les retrouve sur toutes nos routes et mêmes nos sentiers les plus inaccessibles. Ils exploitent à merveille les raccourcis pour économiser du carburant. Pourvu que le client accepte d’en payer le prix, ils sont prêts à se rendre jusqu’au bout du monde. Ils simplifient la vie à plus d’un. « Se lajan’w ki pou rete’w », entendons souvent dire au niveau des circuits. Le culte de la vitesse est encouragé par le changement des mœurs de nos campagnards. Les écoliers et les marchands sont incontestablement les grands bénéficiaires de cette pratique qui fait gagner du temps, mais comporte de grands risques. Les accidents sont en effet courants et parfois graves. Chaque taximan a ses clients fidèles. Aux heures de pointe, avant l’entrée des classes, on peut croiser facilement dans les rues un transporteur avec quatre passagers et bagages. Les prix varient d’un circuit à l’autre, selon les distances et l’état des routes. Ils peuvent atteindre jusqu’à mille gourdes au niveau d’Aquin, de Côtes de fer et de Bainet. Ils ne dépassent pas généralement cinquante gourdes dans le nord, sauf pour les trajets intercommunaux ou les «frets » de nuit.
Mardi 13 novembre 2007
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