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dimanche 7 octobre 2007

Judith Craig cherche sa mère

Elle s'appelle Judith Craig. Elle a 27 ans. Elle est venue au monde au Cap-Haïtien, dans le nord du pays, en 1979. Son existence aurait pu être celle de bon nombre d'enfants haïtiens. Par miracle ou par hasard, sa destinée allait être toute autre lorsque le missionnaire James Craig et son épouse Juanita Miles l'ont adoptée quatre mois après sa naissance. Voyage dans le passé de cette jeune femme qui désespérément vient en Haïti à la recherche de sa mère biologique.
« Je suis venue en Haïti dans le but de retrouver si possible ma famille biologique, nouer des relations avec les Haïtiens, connaître mes racines et ma culture », a expliqué Judith Craig au journal ce jeudi. Judith est née au Cap-Haïtien. Mais elle avait été abandonnée et jetée dans une rue de la métropole du nord par sa mère biologique peu de jours après sa naissance. Et par bonheur, elle a été recueillie par des inconnus qui l'ont, par la suite, amenée à l'Hôpital Justinien du Cap-Haïtien.
Des religieuses, qui à l'époque travaillaient en ce centre hospitalier, l'ont confiée à un orphelinat à Port-au-Prince. Et c'est à partir de ce moment que se dessinait à l'horizon pour elle un nouveau destin. En effet, quatre mois plus tard, un missionnaire protestant du nom de James Craig de nationalité canadienne et sa femme l'ont adoptée. Le couple qui avait déjà une fille prénommée Kathrine s'est installé momentanément au Québec pendant deux ans, puis a déménagé à Toronto. Quand elle a laissé le pays, elle faisait encore pipi dans ses couches.
Sans rancune pour maman
Arrivée au Canada, la petite Judith a été élevée dans un milieu anglophone, mais, dit-elle, "j'ai toujours été animée par l'irrésistible envie de rencontrer ma mère, ma famille biologique et de comprendre pourquoi celle qui m'a mise au monde a agi de la sorte".
« Je ne garde aucune aversion contre ma mère biologique. Au contraire, j'aurais été très heureuse de la rencontrer. Je suis au courant un peu de la situation du pays. Je suis prête à la rencontrer et faire connaissance, si possible, avec les autres membres éventuels de ma famille : mon père, mes frères et soeurs... Ce que je veux, c'est de les rencontrer et de retrouver mes origines », dit Judith avec un enthousiasme aussi grand que le vide qu'elle porte en elle. A la question « avec quel sentiment auriez-vous accueilli votre mère au cas où vous l'auriez rencontrée ? », elle s'est exclamée de joie et des étincelles sortaient littéralement de ses yeux : « Je ne sais pas ! Ce serait merveilleux ! J'aurais eu la chance de lui poser un tas de questions sur mon père, mon histoire, les circonstances qui l'ont poussée à agir ainsi. On ferait la fête. »
Une vocation innée
Travailleuse sociale de formation et de profession, Judith vit actuellement à Londres, en Angleterre. Elle affirme avoir été toute sa vie toujours bien traitée et bien choyée dans sa famille adoptive qui, s'était agrandie avec la naissance d'un autre frère du prénom de Matthew et l'adoption de Timothée, un autre enfant d'origine haïtienne. « J'étais toujours heureuse, mais il n'y avait personne qui me ressemble. Et cela m'a toujours manqué », a-t-elle déclaré avec cette grâce qui rappelle l'innocence de l'enfance.
Elle rêve de venir s'installer en Haïti et d'y travailler avec les enfants, qu'ils soient orphelins ou pas. "J'aime énormément les enfants". A son avis, il serait nécessaire qu'on mette sur pied en Haïti un système de protection sociale en faveur des jeunes mères, les aider à poursuivre leurs études et les mettre en situation afin qu'elles ne soient pas dans l'obligation d'abandonner leur progéniture. A ses yeux, il est également important que les enfants soient élevés dans leur lieu d'origine au lieu d'être expatriés. « Je ne suis pas contre l'adoption, car dans bien des cas elle offre d'énormes opportunités à des enfants en difficulté, comme c'était mon cas, de connaître un destin meilleur. Mais il serait préférable qu'il y ait un système de protection sociale en faveur de ces enfants afin qu'ils puissent être utiles à leur communauté. »
Difficile mais pas impossible
Judith Craig reconnaît que son entreprise consistant à chercher et retrouver sa mère en Haïti est très difficile. Mais elle y met une foi capable de soulever les montagnes. « C'est vraiment une grande opportunité pour quelqu'un de vivre dans une société comme celle du Canada où l'éducation est gratuite, et où l'individu a toutes les chances de réussir sa vie. Mais, en dépit de toutes ces opportunités, j'ai grandi avec un grand vide : je n'ai pas eu la chance d'apprécier la culture de mon pays, je ne parle pas sa langue. Avec mon retour ici, je peux voir de mes yeux la situation en Haïti et me faire une idée réelle. C'est vrai que beaucoup manquent ici, mais, malgré tout, ce vide qui est en moi prendra du temps à être comblé. »

Haïti ne fait pas bonne presse à l'étranger et Judith témoigne d'une grande admiration pour sa famille adoptive qui l'ont mise à l'abri d'informations qui pourraient avoir un impact négatif sur elle. Mais une fois devenue adulte, elle veut comprendre pourquoi le pays est dans cette situation, et de son passage en Haïti elle en a tiré des leçons.« La situation de pauvreté et de misère, telle que décrite à l'extérieur, est réelle et même pire. Cependant, quand on est au Canada ou aux Etats-Unis, on entend des lobbyistes dire ce que font ces puissances économiques pour aider Haïti. Mais sur le terrain, la réalité est complètement différente. On ne voit aucun impact. Et les témoignages d'Haïtiens de l'intérieur, nous expliquant comment est utilisée l'aide étrangère, permettent de voir autrement cette situation par rapport à ce qu'on entend dans les médias », constate-t-elle avec amertume.
Elle a très peu d'amis haïtiens et aimerait les multiplier. Les natifs et/ou ressortissants haïtiens notoires qu'elle connaît sont la Mega star Wyclef Jean ; la Gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean et l'écrivain Edwidge Danticat. Judith aurait aimé connaître mieux la culture haïtienne. Avant son départ pour Londres où elle réside depuis deux ans, elle projette de faire provisions d'ouvrages, de disques haïtiens et de tout ce qui peut lui rapprocher davantage de sa terre natale « afin d'être pénétrée par cette culture qui est aussi mienne », a-t-elle conclu. Déjà elle apprend des mots créoles. « Bonjou », « s ak pase ? » et « M ap boule » sont ce qu'elle peut dire pour l'instant dans sa langue maternelle.

Samuel BAUCICAUT
Ce sont de ces nouvelles que nous lisons avec une certaine confusion quand il s’agit de se lancer dans l’analyse d’une situation anormale qui prend trop souvent des allures salutaires et miraculeuses. Le pire de la situation est l’impossibilité d’aborder les choses avec une pointe d’objectivité. De quel côté se placer pour élaborer ses commentaires ?
Cette fille a été surement épargnée de la misère matérielle et spirituelle ou de la mort pure et simple ; elle a fait le bonheur d’une famille qui a vécu en se persuadant d’avoir fait quelque chose de bien. Elle reconnait cependant que c’est un vrai malheur d’obliger un enfant à vivre loin de sa famille biologique.
De quoi entretenir les polémiques les plus acerbes parmi les éternels opposants à tout et à rien. Les puritains endosseront volontiers la casaque des révolutionnaires purs et durs pour exiger à l’état haïtien une prise en charge sociale efficace pour éviter que le pays soit considéré comme le paradis des adoptants.
Là ce serait demander à l’état de refaire son retard de deux siècles et de passer comme sous l’effet d’une baguette magique dans les rangs des pays riches.
Devant le désarroi de cette dame qui risque de ne jamais rencontrer ses parents biologiques il est possible et souhaitable que l’état haïtien, par le biais du bureau du bien être social crée configure et conserve dans une base de données les coordonnées retraçant la généalogie de tous les enfants adoptés de façon à ce que devenus grands, ceux qui le souhaitent peuvent reconstituer leur histoire et retrouver leur essence.
De 1980 à 2007 la situation d pays s’est dégradée avec la pauvreté, la misère et l’insécurité. Aujourd’hui, il y très peu de chance que les parents biologiques de judith soient encore en vie. Nous souhaitons néanmoins que le miracle de la vie joue encore à la faveur de cette jeune fille à qui il manque terriblement une page de son histoire et pas des moindres.
Bonne chance judith !

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