Marchand-Dessalines regorge de sites historiques et mystiques. Première capitale d'Haïti, elle a de sérieux atouts pour devenir une destination touristique.
Les rues de Marchand-Dessalines grouillent de monde à l'occasion de la Sainte Caire patronne de la cité, le samedi 11 août 2007. Sous un soleil de plomb, des véhicules de transport en commun, des véhicules privés débarquent, par vagues successives, des milliers de visiteurs.
Ceux qui connaissent des Dessaliniens se perdent en socialisation tandis que d'autres, surtout les pèlerins, esquivant protocoles et tréteaux bondés d'icônes, de crucifix, d'images de saints catholiques et autres breloques, se ruent vers les innombrables sites mystiques de la première capitale d'Haïti.
La tête ceinte d'un mouchoir bleu de même teinte que sa robe, Emanie, 54 ans, fait partie de ces pénitents qui doivent impérativement débuter leur culte, leur voyage expiatoire par une visite à l'église Sainte Claire d'Assise.
Silencieuse pendant un long moment, cette femme longiligne au visage blafard, debout sur l'estrade de l'église laisse brusquement éclater sa douleur en sursautant et en se cognant.
Comme si sa survie en dépendait, les yeux baignés de larmes, un cierge à la main droite, elle presse la sainte de lui expliquer pourquoi cinq de ses six enfants ont été fauchés par la mort au cours de la même année.
Marmonant des phrases qui transpirent son sentiment de culpabilité, elle se morfond, avec autant de fracas, dans un silence introspectif, une espèce d'examen de conscience, de son karma.
L'histoire de Emanie, touchante, poignante, n'émeut personne. Elle ne provoque aucune compassion à son endroit d'autant que chaque personne venue auprès de la Sainte a son lot de problèmes. Un travail à trouver, un visa à obtenir, un ennemi à terrasser ou un mari à décrocher...
C'est le cas de Jocelyne, une belle jeune femme à la "peau pêche", originaire des Gonaïves, qui tape son sexe à plusieurs reprises tout en couvrant Sainte Claire d'invectives.
« C'est comme ça qu'il faut lui parler si l'on veut obtenir son aide », raconte-t-elle, alors qu'une pluie fine s'abattait sur cette ville encerclée de six forts où l'empereur Jean Jacques Dessalines avait établi sa capitale après l'indépendance le 1er janvier 1804.
Mère de deux enfants qu'elle élève seule, elle se mêle à d'autres pénitents, des vodouisants guidés par un houngan prêchant l'unité, l'amour, le pardon.
Sous les yeux illuminés de curiosité de Jocelyne, adepte patentée du syncrétisme religieux, ce prêtre vodou, explique que Marchand-Dessalines est une ville mystique.
Au beau milieu d'un plaidoyer en faveur du rapatriement des restes de Jean Jacques Dessalines dans son patelin afin que l'âme de ce dernier cesse d'errer, de polluer le karma collectif et d'aiguillonner le pays, le prêtre conseille à la jeune femme d'aller prendre un bain de purification à la Source Impériale.
Le regard perçant tel un lynx, l'homme, le cou bardé de gri-gri, les doigts de bagues ornés de pierres multicolores, le guide multiplie les anecdotes sur les vertus de ce site.
Située sur la route qui conduit à la Grotte Jean Zinga où, selon la malice populaire, des présidents haïtiens savaient se retirer pour s'adonner à des cérémonies en vue de rester au pouvoir, la Source impériale est déjà en effervescence.
D'autres femmes, peut-être plus alertes que Jocelyne, croyant sûrement se purifier, se lavaient dans une eau sale, boueuse au son des tambours et des chants vodou.
Selon les habitués, l'endroit a une aura, un auréole particulier. D'autant que le Fort porte l'un des prénoms de l'Impératrice, Félicitée.
Marchand-Dessalines, à l'instar de Saut-Eau, attirent d'innombrables amants du tourisme mystique, religieux. Ce potentiel, combiné à la richesse de son histoire sont autant d'arguments pour que cette ville située dans le département de l'Artibonite, à seulement 147 kilomètres de Port-au-Prince, devienne une destination touristique importante. Un lieu où les millions de compatriotes de l'extérieur pourront se ressourcer.
Roberson Alphonse
robersonalphonse@yahoo.fr
Source
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=47286&PubDate=2007-08-14
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mardi 14 août 2007
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