La tête baissée au milieu de tréteaux fracassés, d'écran de téléviseurs pétés par la chaleur, de ferrailleurs vautours à la recherche d'on ne sait trop quoi, une jeune femme semble vouloir se réveiller, d'un cauchemar vécu les yeux ouverts. Les deux mains sur la tête, elle saute, soudain, comme un kangourou. « Qu'est que je vais faire... Qu'est que je vais faire », répète-t-elle, les yeux inondés de larmes. Une camarade d'infortune, qui elle aussi ne peut contenir ses larmes, essaie de la calmer.« Je suis terrassée. Comment vais-je payer les usuriers », se demande t-elle en remuant des tôles calcinées à la recherche de ses marchandises vraisemblablement parties en fumée, au Marché de chaussures de la rue Dr Aubry, en face de la Cathédrale. Comme ces femmes, plusieurs centaines de personnes, vendeurs de livres, d'appareils électroniques... ont reçu le ciel sur la tête ce lundi 2 juillet 2007 en constatant la razzia des installations de fortune érigées dans ces lieux où ils disent trouver de quoi nourrir leurs enfants. Et de l'abattement à la colère, ces gens ont vite désigné, à leurs yeux, le responsable de leur malheur.
« C'est Jason, le maire de Port-au-Prince. Sans nous avertir, il a lâché ses brigadiers à nos trousses », crie un vendeur de livres, rouge de colère.« Les hommes de la mairie ont d'abord volé nos marchandises avant d'y mettre le feu. Une façon de masquer leurs exactions », poursuit-il. Tandis que les récriminations fusaient, une manifestation s'improvise. Direction : l'Hôtel le Plaza, au Champ de Mars, où le Maire Jean- Yves Jason a provisoirement installé ses bureaux. Branches d'arbres, pancartes contenant des slogans hostiles au maire, plusieurs centaines de personnes, surchauffées, sous escorte policière, presque à l'angle des rues Capois et St-Cyr, non loin du kiosque Occide Jeanty, s'attaquent violemment à deux camions de la Mairie de Port-au-Prince. Dans les échauffourées, des coups de feu retentissent sur fond d'une panique généralisée, un peu après 9 heures trente du matin. Mordicus, les manifestants reviennent à la charge. Contenus par des agents de CIMO appuyés par des Casques bleus, ils crachent leur colère en couvrant d'invectives le premier citoyen de la capitale.« Quand vous ordonnez l'incendie du marché, qu'est-ce que vous nous envoyez faire », scandent-ils .Jurant d'obtenir le départ de Jean-Yves Jason, les manifestants sont revenus sur leurs pas avant de s'apitoyer sur leur sort à la rue Dr Aubry.
Jean- Yves Jason, après sa prestation de serment entendait donner un autre visage à la capitale. Ce qui semble être le cadet des soucis de ceux directement touchés par ces nouvelles dispositions. Du bout des lèvres, on reconnaît que les mesures sont nécessaires tout en critiquant la manière de faire des agents de la mairie.
Selon une source proche de la municipalité, les agents de la mairie ont effectué une opération d'assainissement de la place de la Cathédrale.
Ce sont des individus malintentionnés qui ont lancé les accusations de vol, poursuit-elle en confiant qu'une conférence de presse est prévue pour le mardi 3 juillet à 11 heures du matin afin de faire le point sur cette affaire.
Roberson Alphonse
Roberson Alphonse
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