Le désordre qui règne au niveau de la frontière haïtiano-dominicaine crée une situation totalement désavantageuse pour le secteur du café en particulier et pour le pays en général. En effet, profitant de la négligence des autorités haïtiennes à établir un système de contrôle viable à la frontière, des racketteurs haïtiens s'adonnent à un trafic juteux consistant à vendre à vil prix, à des commerçants dominicains, le café produit en Haïti.
Ce café est, par la suite, écoulé par les Dominicains sur le circuit international à un prix inférieur à celui du marché mondial au grand dam des producteurs et planteurs haïtiens.« Les Dominicains ne se contentent pas d'acheter notre café à bas prix mais aussi l'exportent comme café dominicain en faisant concurrence avec les coopératives haïtiennes qui exportent ce produit », indique le consultant Marcel Duret qui a accompagné, en mai dernier, une délégation haïtienne au Japon, puis en Toscane en Italie.
Cette délégation avait pour mission de vendre le nouveau visage d'Haïti, un pays où il est possible aujourd'hui de faire des investissements dans des secteurs divers avec l'assurance d'un bon retour sur investissement.
« Durant mon séjour en Italie, un importateur eut à me dire qu'il peut avoir le café haïtien à meilleur prix en l'achetant de la République dominicaine », a fait savoir M. Duret qui voit dans cette combine un autre coup porté par les Dominicains à la stabilisation de l'économie haïtienne.
Face à cette situation, les membres du secteur du café ne sont pas restés inactifs. Les 18 et 19 juin 2007, neuf membres du conseil d'administration des trois associations de la zone de Cahos dans l'Artibonite (Chénot, Médor et Pérodin) se sont réunis au Centre de formation de Sterlin pour réfléchir sur le commerce du café dans le pays et dans le monde, lit-on dans une note de presse émanant de ces trois associations.
Après ces deux journées de réflexion, dit la note, et considérant que pour l'année 2006-2007 Haïti n'a exporté formellement que 15 000 sacs de 60 kg de café alors que plus de 120 000 sacs ont traversé la frontière vers la république voisine, les neuf représentants ont recommandé à l'Etat haïtien de :
- contrôler la frontière pour empêcher les Dominicains de vendre le café haïtien sur le marché international à un prix moindre et sous le label dominicain. Et ainsi empêcher qu'ils nous fassent concurrence avec notre propre café ;
- renforcer et accompagner les associations de planteurs de café sur le plan technique et économique ;
- mettre en place une banque de crédit agricole ;
- assurer la promotion nationale et internationale du café haïtien ;
- combattre la contrebande.
- Aux associations de planteurs réparties à travers le pays, les neuf représentants recommandent de:
- savoir qu'elles ont un produit de qualité et travailler pour augmenter la production et son prix ;
- mobiliser toutes leurs forces pour combattre ce trafic ;
- s'unir pour empêcher toute forme d'exploitation et pour que les planteurs bénéficient de la plus-value et du produit de la vente du café;
- constituer un réseau national de planteurs pour se faire entendre auprès de l'Etat et faire respecter les décisions des planteurs.
Cyprien L. Gary http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=45454&PubDate=2007-06-29
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
vendredi 29 juin 2007
Trafic à la frontière, des associations de planteurs de café offusquées
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