La commune de Cavaillon s'est grisée de plaisir durant cinq jours de fête. Chaque nuit avait sa couleur, sa sonorité et sa saveur
Le célébrant principal de la messe d'action de grâces à l'église de Cavaillon a profité de la présence des autorités publiques dont la ministre à la Condition féminine et aux Droits des Femmes, Mme Marie Laurence Jocelyn Lassègue, pour soulever les problèmes de cette commune, à l'occasion de la fête de Notre Dame du Perpétuel Secours.
Une litanie de problèmes a ponctué le sermon du célébrant. Ils sont de tous ordres, les problèmes auxquels se trouve confrontée la commune de Cavaillon. Au point de vue sanitaire, cette commune n'a qu'un centre de santé qui arrive difficilement à offrir les soins de base à la population. Le centre à l'avenue Jean-Jacques Dessalines ressemble à une maison abandonnée. Avec ses murs lézardés, ses portes tremblant sur ses gons, avec ses fenêtres brisées, ouvertes à toutes les tentations, les gens qui ont un peu de moyens ne fréquentent pas ce centre.
Les jeunes Cavaillonnais, après leurs études, prennent le chemin de Port-au-Prince ou des Cayes pour apprendre un métier et ne reviennent pas à Cavaillon. Il n'y a aucun centre de métiers ! Beaucoup de cerveaux restent en friche. Le prêtre fait appel à Notre-Dame du Perpétuel Secours afin de secourir la population. Il juge le gouvernement inactif et fustige la lourdeur de la machine étatique qui met trop de temps avant de se pencher sur les urgences.La Notre-Dame du Perpétuel secours a été célébrée dans la joie, dans l'esprit de piété et de ferveur à Cavaillon, une commune verte et reposante du département du Sud d'Haïti située à environ 22 kilomètres des Cayes.Une ambiance de retrouvailles, de fête, de réjouissance populaire, a rythmé les jours précédant la patronale. Depuis le samedi 23 jusqu'au mercredi 27 juin, jour consacré à la Notre-Dame, des groupes musicaux de Port-au-Prince, des Cayes et des artistes de Cavaillon ont animé les soirées. Le groupe T-Zee a fait danser la population. Bélo, comme à l'accoutumée, a promené le public à travers un répertoire de musiques entraînantes, touchantes qui a plongé chacun en particulier dans la réflexion. Quelques groupes locaux ont charmé le public avec des airs inoxydables du Compas et quelques tubes dans le vent.
Des loas de trop
Des groupes traditionnels des lakou ont participé pleinement à la grande fête. Au milieu de la foule, une dame parée de vêtements aux couleurs criardes s'abandonne à la musique. « Cette année, je demanderai à Notre-Dame de me donner du travail », confie Saintalise. Pendant longtemps, elle a arpenté, en pèlerin, les fêtes patronales qui rythment la vie dans le Sud. « J'avais demandé à Sainte Anne une maison, un mari et un enfant. Elle m'a donné seulement un enfant et le père de celui-ci est parti après cinq mois », soupire-t-elle.
Pratiquante, à contre coeur, de la religion de ses ancêtres, Saintalise n'arrive pas à faire la jonction entre les saints et les « loas ». Elle se désespère que les dieux vaudou l'entraînent à sa perte : « M pa ka kenbe yon gason. Chak fwa yo vini yo ale. Se yon lwa fanm jalouz k ap maltrete m. Yo fè lanmou avè m nan dòmi, wi. » Comment se couper de ses racines ? Une jeune dame tempère sa crainte en lui confiant qu'elle a traversé le désert comme elle et pensera à son cas dans ses prières. Elles ont partagé leurs coordonnées... une fenêtre s'ouvre sur une amitié protectrice.Près de l'église paroissiale, les festivaliers vont et viennent, marchandent les articles des artisans cavaillonnais. C'est aussi le temps où certains d'entre eux qui ont longtemps laissé Haïti se retrouvent et promettent de participer à la vie économique de leur commune.
Cavaillon n'a pas d'hôtel pour accueillir celui qui voudrait faire du tourisme local. Le pays est beau, vert, ouvert sur une nature riante et sa population désespère d'attendre des investissements pour faire démarrer l'économie. « Ce qui est préoccupant à Cavaillon, c'est la misère », souligne père Wilkens Lampy, curé de la paroisse. Du côté du parc Sylvio Cator, la patronale prenait un air de famille.
A la tête du comité organisateur, Mme Lassègue et les membres de l'association Fanm Djanm de Cavaillon ont distribué des jouets à plus d'une centaine d'enfants. A l'avenue Jean-Jacques Dessalines, les enfants ont participé à toute une panoplie de jeux qui ont fait la joie du public. Cavillon donne rendez-vous au public à la fête de la rivière au mois d'août prochain.
Claude Bernard Sérant
serantclaudebernard@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=45532&PubDate=2007-06-28
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
vendredi 29 juin 2007
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