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dimanche 24 juin 2007

Lutter contre la drogue et la corruption

Le président haïtien René Préval a déclaré, lors de la conférence sur les relations entre les Etats-Unis et les pays de la Communauté de la Caraïbe (CARICOM) cette semaine, que la première priorité de son gouvernement était de lutter contre la drogue et la corruption qu'il présente comme deux fléaux qui entravent le développement socioéconomique du pays.
Les leaders des 15 pays membres de la CARICOM ont rencontré mercredi le président américain George W. Bush pour discuter d'échanges commerciaux, de questions de sécurité, de développement économique parmi d'autres sujets importants pour la sous région.

Le président Preval a indiqué que, lors de son intervention dans le cadre de cette rencontre, il n'a parlé que de la drogue, puisqu'il est convaincu que le problème de la drogue doit être abordé avant toute autre chose.
« Quand on m'a demandé de prendre la parole je n'ai parlé que de la drogue,» a indiqué le président Préval, estimant qu'il serait impossible d'atteindre un niveau de stabilité propice aux investissements et aux progrès socioéconomiques si le problème de la drogue n'était pas combattu efficacement.
« Les dealers de drogue et les contrebandiers achètent les policiers, les juges et d'autres officiels du gouvernement et il n'y aura pas de stabilité si le problème de la drogue n'est pas réglé de manière appropriée», a déclaré Préval.
« Inutile de parler d'investissements, de progrès, de stabilité si le problème de la drogue demeure intact», a-t-il insisté.
Le Chef de l'Etat haïtien a souligné qu'au moins 6 policiers avaient été arrêtés lors d'une récente opération de la police au cours de laquelle 420 kilos de cocaïne ont été saisis. Deux ressortissants colombiens et plusieurs autres individus suspectés d'être impliqués dans le trafic de la drogue avaient également été arrêtés.
Selon Préval, les dealers de drogue feront tout pour chercher à déstabiliser le gouvernement, puisqu'ils ont besoin d'un Etat faible, instable pour pouvoir mener plus facilement leurs activités.
Le président haïtien appelle les Etats-Unis à aider Haïti à faire face au fléau de la drogue, car, a-t-il dit, la lutte contre la drogue que son administration s'engage à mener est directement liée aux intérêts internes du gouvernement et du peuple américains.
« Quand nous demandons aux Etats-Unis de nous aider, c'est pour que nous puissions les aider à protéger la jeunesse américaine qui consomme la drogue», a expliqué le leader haïtien lors d'une intervention à Washington.
Pour René Preval, les USA doivent d'abord combattre la consommation de la drogue à l'intérieur de son territoire, s'ils veulent obtenir des résultats dans cette lutte. Il a également demandé à l'administration Bush de fournir les moyens adéquats aux pays dits de transit ou, dans certaines conditions, d'intervenir dans leurs eaux territoriales pour intercepter et attraper les cargaisons de cocaïne en route vers le marché américain.
Il a rappelé que Haïti a ratifié un accord permettant aux agents anti-drogue américains de patrouiller les eaux territoriales haïtiennes et d'arrêter les trafiquants de drogue.
« Depuis la ratification de cet accord, les USA ne sont jamais intervenus pour intercepter les bateaux et les avions qui transportent la drogue», a fait remarquer René Préval. «Nous n'en avons pas les moyens, nous n'avons pas d'avions, d'hélicoptères, de radars; c'est eux qui ont les moyens», a-t-il martelé. Préval a également dénoncé le processus américain de certification des pays de la région qui sont souvent qualifiés de narco-Etats dans les rapports du Département d'Etat.

« Ce processus de certification est injuste par rapport à nos Etats qui ne produisent pas et ne consomment pas la drogue», s'est indigné Préval.
Le Chef de l'Etat haïtien a également parlé du problème de la corruption qui, selon lui, constitue un problème majeur pour le développement socio-économique du pays.
« La lutte que nous menons contre la corruption est très importante », a souligné Préval estimant que les pratiques de corruption découragent les entrepreneurs haïtiens et étrangers qui veulent honnêtement investir en Haïti
« Si nous permettons, en toute impunité, que certains achètent les fonctionnaires pour obtenir des avantages au détriment des autres investisseurs, personne ne viendra investir en Haïti », a déclaré Préval indiquant que les investisseurs doivent bénéficier des mêmes avantages.
Dans un communiqué émis cette semaine à Washington par la Maison-Blanche, l'administration Bush et les 14 autres pays de la CARICOM ont félicité le gouvernement Préval/Alexis pour les progrès jusqu'ici réalisés et ont reconnu la nécessité pour Haïti de continuer à recevoir le soutien de la communauté internationale pour franchir d'autres étapes importantes dans les efforts visant à favoriser le progrès socioéconomique dans ce pays de la Caraïbe.

Au cours de ce sommet de 3 jours qui a pris fin jeudi, les USA ont promis une coopération accrue avec les pays de la CARICOM. Cependant, sur l'épineuse question des criminels déportés dans la Caraïbe, le président Bush a clairement indiqué qu'il était impossible d'arrêter pareilles déportations, puisqu'il s'agit d'une obligation imposée par la loi américaine, selon certains leaders caribéens.

Le Président aurait, néanmoins, promis d'aider les pays de la Caraïbe à mettre en place des programmes devant permettre d'encadrer les déportés et de faire face aux possibles risques que leur présence pourrait engendrer.

La super star haïtienne Wyclef Jean a offert mardi une prestation spectaculaire au Kennedy Center de Washington en présence du président Préval et de milliers de fans venus de toutes parts.
Les stars jamaïcaines, Shaggy et Jimmy Cliff, s'étaient également produites en cette occasion.
Joseph Guyler C. Delva
jguylerdelva@yahoo.fr

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=45272&PubDate=2007-06-22

Commentaires :
Beaucoup d’haïtiens et d’étrangers intéressés par la situation d’Haïti s’interrogent sur la mise en œuvre d’une politique visant effectivement a redressé le pays et l’acheminer vers des lendemains un peu plus cléments pour l’ensemble de la population. Le contenu du questionnement reste dans le classique : Quand ? Comment ? Et avec qui ?
L’application d’une politique efficace suppose enterrer les vieux démons, contourner des obstacles monstres, et faire appel à cette sève nouvelle seule capable d’abreuver l’arbre qui doit nous proportionner ombre et fruits.
Parmi ces obstacles l’un des plus difficiles est sans doute combattre cette corruption incrustée dans les pores des administrants et administrés. Faire comprendre que la corruption est un crime contre l’état. Et ce message doit être adressé au petit détaillant qui occupe illégalement un coin du boulevard Jean Jacques Dessalines comme au ministre ou au directeur général qui détourne les fonds de l’état.
Quand le Président René Préval, drapé dans sa toute caricaturale désinvolture enrobé de son « pourianisme » retardé, déclare faire de la lutte contre la corruption une priorité de l’Etat et de son gouvernement, franchement on a du mal à croire que cette bataille pourra être livrée et menée par un président qui semble être, jusqu’à la preuve du contraire le seul ne pas posséder « d’anneaux chez les orfèvres nationaux ».
Après la fameuse SOCAGATE qui pour certain a éclaboussé notre parlement, - nous croyons que certains ont été littéralement emmerdés par cette histoire de pots de vin -, il y a eu la saisie des 420 kilos de cocaïne avec une forte suspicion de participation active de certains membres gradés de la Police Nationale. Ces deux évènements pouvant servir de preuves visibles de la corruption au sein des institutions, semblent se désintégrer sous le poids d’une indifférence complice arrangeante. La population ne veut sans doute pas dépenser de l’énergie dans la réclamation d’une justice qui ne viendra jamais.
Le dossier de corruption au sein des ambassades refait surface. Rien de nouveau dira-t-on. Le « kase fèy kouvri sa » a déjà fait sa preuve plus d’une fois.
En attendant Monsieur Preval, ayez le courage de passer de la parole aux actes ! Vaut mieux échouer en ayant essayé que de renflouer les rangs de ceux qui n’ont laissé de traces que les sillons emmerdés de leurs actes malhonnêtes et répréhensibles.
Aujourd’hui, les problèmes qui croupissent Haïti et les haïtiens dans la misère crasseuse et puante ou ils pataugent sont si ancrés dans la conscience des citoyens qu’ils ne sont plus perçus comme tels.
Le secours ne viendra sans nul doute de l’intérieur.

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