CECI NE JUSTIFIERA JAMAIS CELA !
En voilà un slogan qui sied bien, comme un gant aux différentes situations rencontrées tous les jours en Haïti. L’affichage de cette phrase dans tous les coins de rue pourrait servir à démontrer aux citoyens et aux institutions que la trop longue période de pseudo permissivité est incompatible avec la survie du pays.
Pendant deux siècles, nous avons vogué et galèré comme de vrais troupeaux sans maître guide ni pâturage. Nos dirigeants, tous des médiocres dans leurs façons de voir, de penser et de gérer le pays ont compensé leurs insuffisances en nous abandonnant à notre sort dans un contexte ou tout nous est permis en faisant surtout fi des lois qui vont de paire avec la vie et la vie en société. Ils ont tous –pour la grande majorité- pratiqué la politique du « kase fèy, kouvri sa ; pou koze-n pa vante ».
Et nous sommes devenus l’exemple typique de mauvaise gestion administrative et gouvernementale. Nous sommes pointés du doigt comme résultat final de tout pays qui s’évertue à ne respecter aucune règle ou à ne pas appliquer aucune loi.
Peu de chose ou rien n’a été fait pour tuer le mal dans l’œuf. Aujourd’hui Haïti est devenu un endroit ou vivotent des humains. Haïti s’est vue affranchi de la légitimité de rentrer et de se cadrer dans des définitions comme Pays, Etat, Nation. Si certains de ceux qui dirigent le monde démontrent un minimum d’intérêt ce n’est point dans l’objectif de nous sortir certes de ce merdier. Puisque le politiquement correct interdit la mise en quarantaine, les pseudo soins portés visent à contrôler l’épidémie que nous risquons de véhiculer chez nos voisins proches et éloignés.
Les difficultés qui ont aujourd’hui la fière allure de « montagne de Jéricho » imprenable et incontournable ont bien débuté par un simple écueil, une ébauche d’obstacle surmontable et perfectible d’un simple et ferme revers de main.
Les autorités municipales fraichement élues des grands conglomérats comme Port-au-Prince et ses environs, Pétion Ville, Carrefour, Cap haïtien restent la bouche fermée et les bras croisés devant d’énormes défis constituant une liste trop longue pour la détailler. On peut cependant s’arrêter aux plus visibles : des montagnes d’immondices qui jonchent les rues, des marchands ambulant qui envahissent et occupent le trottoirs, les constructions anarchiques…
Une attitude cohérente visant à porter une réponse et des solutions adéquates à ces problèmes ne fera point l’unanimité et sera forcément impopulaire car nous avons acquis depuis un certain nombre d’années des définitions qui justifient tout. Oui, la démocratie, le respect des droits de l’homme, la misère, la pauvreté, le chômage, les dictatures, les présidents corrompus, les coups d’état ; toute cet attirail sert divinement notre cause. Il nous permet de tout justifier même les plus innommables de nos conneries.
Pourtant nous savons trop bien que prévenir vaut mieux que guérir et surtout que ti chimen bouton se chimen maling. Nous avons observé médusé, sans voir le manque de civisme du premier citoyen qui a profité de la pluie pour déverser les ordures ménagères dans les égouts. La pratique s’est répandue comme une traînée et s’est institutionnalisée à tel point qu’aujourd’hui tous les égouts et les canalisations sont hors d’usages, encombrés par des tonnes de fatras.
Nous avons commencé par abandonner les tronçons de trottoirs occupés par quelques vendeurs de tout et de rien. Il s’agissait de pauvres pères et mères de familles vivant dans un pays « cocobé » sous le poids du chômage. Aujourd’hui le boulevard Jean Jacques Dessalines – destiné dans un premier temps à la circulation de véhicules, nous le disons car le tableau qui nous chatouille les yeux pourrait laisser comprendre le contraire- est devenu un vaste marché. La circulation des véhicules à moteur impossible.
En fait la plaie qui a débuté par une simple éruption, traitée par le mépris et l’indifférence de ceux qui pensent que la réalité cesse d’exister si on fait semblant de pas la voir, s’est convertie en une plaie béante recouvrant la totalité de la superficie corporelle.
L’hémorragie qui a été au début qu’une insignifiante déperdition de quelques gouttes de sang a rendu totalement exanguë cet être qui réclame des solutions drastiques qui risquent de ne plus pouvoir être efficaces.
Tout ceci parce que nos classes dirigeantes ont toujours placé leur centre d’intérêt très loin des frontières d’Haïti.
Nous autres qui cuvons une foi inébranlable dans le destin impérissable de la nation haïtienne nous scrutons à tout instant les horizons les plus lointains, malgré cette obscurité d’un noir de plus en plus écrasant qui veut ensevelir nos réactions les plus sensées, à la recherche d’une lueur d’espoir. Oui un élan dans le bon sens pour nous dire voilà, ça y est, c’est parti.
Contre toute attente, le secours nous est venu du football. Notre sélection Nationale Championne des Caraïbes avec à la clé une qualification pour la phase finale de la Gold Cup. Comme la cerise sur le gâteau, 33 ans après Munich, des jeunes pousses vont pleurer d'émotion en entonnant la Dessalinienne en Corée en compagnie des grands de ce monde. C’était trop beau. Trop pour une nation meurtrie.
Nos vieux démons cherchent à nous rattraper et ils l’on fait. Nos diamants se sont vautrés dans les fanges puantes et nous ont couvert d’ignominie. Ils ont eu ni vent ni idée de tout le bien qu’ils étaient appelés à faire pour le pays.
Ils se sont laissés emportés par les échos des forces du mal pour réaliser l’impardonnable.
Etre capable d’une telle bassesse ne méritera jamais ni tolérance ni pardon. Pas d’explication ni de justification car ceci ne justifiera jamais cela…
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