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dimanche 29 septembre 2019

La communauté internationale va-t-elle revoler au secours de Jovenel Moïse?


Publié le 2019-09-27 | Le
Nouvelliste
Après des semaines de « peyi lòk » provoqué par la rareté de l’essence et l’aggravation des conditions socioéconomiques et sécuritaires du pays, le président Jovenel Moïse, incapable de trouver un accord avec ses opposants dont ceux au Sénat de la République pour faire voter un nouveau Premier ministre en remplacement de Jean Henry Céant, a sur les bras une nouvelle série de contestations populaires et violentes.
Ce vendredi, en milieu de journée, une manifestation géante a été signalée à Delmas, clôturant une nouvelle semaine mouvementée, dans le sillage de la tentative de séance avortée de ratification de la politique générale de Fritz William Michel au Sénat, lundi dernier. Pour certaines entreprises, ce vendredi est un jour noir. Pillages, incendie et destruction ont été signalées un peu partout. Les forces de l’ordre peinent à contenir des manifestants aux crocs acérés, décidés à en découdre avec ce président perçu comme un entêté et qui se "shoot" de sa propre réalité, conçue, dit-on dans les allées du pouvoir, avec quelques rares fidèles.

N’étaient les consignes de sécurité et les restrictions à leurs employés et ressortissants, certains iraient jusqu’à dire que pour les Américains et l’ensemble de la communauté internationale, enfermés dans un mutisme sonore, que tout va bien Madame la Marquise. Le président Jovenel Moïse, enfermé dans la bulle de ses certitudes et de sa lecture biaisée de la situation, fait le dos rond, cherche une bouée de sauvetage, fonde quelques espoirs de dialogue politique sur « Religions pour la paix » et affronte cet énième choc politique de la première moitié de son quinquennat.

Le président Jovenel Moïse fonde ses espoirs, a appris le journal, sur le soutien des Américains, chef de file du Core Group et donneur d'ordres à la mission de l'ONU en Haïti. Le vote du 10 janvier 2019 contre le Venezuela de Maduro a permis au président Moïse de se remettre des chocs de l'année 2018 et de survivre aux chocs de février et de juin 2019. Le 22 mars 2019, au mini sommet, à Mar a Largo avec le président Américain Donald Trump et des leaders caribéens, sans nuances, les Américains, à travers le conseiller à la sécurité national, John Bolton avait donné un brevet de bonne conduite au président Moïse, décrié chez-lui et indexé, comme des membres de sa famille politique, dans un vaste scandale de captation, de détournement et de mauvaise usage de fonds publics, les fonds petrocaribe .
« Nous attendons avec impatience une journée productive de réunions avec les dirigeants des Caraïbes : Bahamas, Haïti, République dominicaine, Jamaïque et Sainte-Lucie, à Palm Beach et à Mar-a-Lago. Ces pays choisissent la prospérité et la démocratie plutôt que la souffrance et la corruption”, avait écrit sur Twitter l’ambassadeur John Bolton, conseiller à la sécurité nationale du président Donald Trump, le 22 mars 2019.

Le même John Bolton, démis de ses fonctions récemment par le président Donald Trump, est aussi celui qui avait reçu à la Maison-Blanche le ministre haïtien des Affaires étrangères Bocchit Edmond et l'actuel chargé d'affaires d'Haïti à Washington Hervé Denis en plein « peyi lòk » en février 2018. Le message était sans équivoque à l'époque, avait noté l’éditorialiste en chef du journal Le Nouvelliste, Frantz Duval. Le président de « l’ Overseas Private Investment Corporation » (OPIC) est venu en Haïti. Des projets du bancables du secteur privé ont été présentés mais aucun décaissement n’est aujourd’hui d’actualité même si les Américains font mijoter et miroiter des milliards pour Haïti d'ici novembre et tiennent ainsi en laisse le secteur privé haïtien. La branche proche du président tout au moins.

Le président Jovenel Moïse, incapable d’avoir autre chose que le soutien politique des Etats-Unis, a joué presqu’à la roulette russe en décapitant, à travers sa majorité à la chambre des députés, le Premier ministre Jean Henry Céant en mars, quelques semaines avant l’introduction d’un prêt de 229 millions de dollars sur trois du FMI qui, en substance, avait lancé un SOS en faveur d’Haïti, un Etat classé fragile.

Si les Américains soutiennent le respect du mandat des élus, du processus démocratique, constitutionnel et donc du président Jovenel Moïse, ils ne sont cependant pas prêts, ces temps-ci, à lui décerner un quelconque satisfecit pour son leadership politique. Les Américains, a appris le journal, ont été partiellement surpris du choix de Fritz William Michel comme Premier ministre. S’ils connaissent l’amour du président Jovenel Moïse pour des Premiers ministres dociles, transparents, ils espéraient que le président Jovenel Moïse pouvait mesurer la gravité de la situation sociopolitique et économique qui laissait peu place aux tâtonnements, au passage en force pour satisfaire des alliés politiques qui apportent plus de problèmes que de solutions.

Comme d’autres présidents avant lui, Jovenel Moïse a gaspillé un temps précieux et s’est contenté du bouclier américain, sans jamais rechercher un vrai consensus national, nécessaire pour faire face aux innombrables défis liés essentiellement à la pauvreté, à l’absence de réformes pour sortir des désordres au niveau fiscale, politique et économique.

Le président haïtien mise gros sur son homologue Donald Trump, sur la tête de qui est suspendu l’épée de Domoclès, la première phase d’une procédure de destitution lancée par la chef de file des démocrates au Congrès américain, Nancy Pelosi. Le président américain, Donald Trump, est englué dans un nouveau scandale, dénoncé par un lanceur d’alerte, en rapport à une conversation téléphonique avec le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelenskiy. Le président Trump a demandé au président de l’Ukraine de dilligenter une enquête contre le fils de Joe Biden, ex-vice président et candidat à l’investiture du parti démocrate pour la prochaine présidentielle. Lors de cette conversation, une aide militaire de plusieurs centaines de millions de dollars été temporairement gelée.

Personne ne sait pour le moment si le président américain volera au secours de son homologue Jovenel Moïse et entraînera la communauté internationale dans son sillage.
Pour le moment cependant, après plus de quinze jours de crise, pas un mot, pas un geste n'est venu de l'ambassade de Tabarre ni de Washington.
Auteur: Roberson Alphonse
Source: https://lenouvelliste.com/article/207401/la-communaute-internationale-va-t-elle-revoler-au-secours-de-jovenel-moise

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