Aujourd’hui, on est le 20 juin. Le dernier jour du printemps qui s’enfuit encore une fois, sans se soucier des amoureux nostalgiques des temps plutôt doucereux. Il laisse la place à l’été. Ah oui l’été ! La belle saison des grandes vacances. Le moment propice pour évacuer les pressions et recharger les batteries !
Cette date marquant le passage d’une saison à l’autre reste très significative sous les cieux qui reçoivent régulièrement les assauts des éléments climatiques propres à ces quatre fractions bien distinctes de l’année.
En France, un ministre socialiste a eu la brillante idée de dédier le premier jour de l’été à la célébration de la musique. Donc en France se célèbre la fête de la musique le 21 juin.
Chez nous en Haïti, il y a surtout une expression assez souvent utilisée qui fait intervenir le 20 juin.
Cette expression définit les aspects d’un visage sans doute fatigué, désœuvré.
Souvent on l’entend en langue vernaculaire dans un déconcertant « figi timoun lan make 20 jen 4 avril » dont une autre version serait le « Timoun nan ap fè figil fè tè pwa, té mayi »
Comme un curieux passionné de l’histoire de mon pays, j’ai dû déjà me poser cette question me demandant à quoi pourrait correspondre cette période aussi triste. 20 juin - 4 avril. Probablement j’ai dû aussi aller chercher une réponse que je n’ai pas retenue. Peut être, avais-je seulement l’intention de le faire et que cette intention à été supplantée par une autre priorité ?
Pourtant des sources existent pour se renseigner, apprendre et d’édifier sur le sujet. Je fuirais et je conseillerais de s’éloigner de Wikipedia, cette pseudo encyclopédie qui joue sa fiabilité au profit de son aspect trop ouvert et trop démocratique. Un outil qui reste donc dangereux dans des mains non expérimentées.
D’autres passionnés d’histoire nationale seraient sans aucun doute très à même de m’éclairer.
Si je me retrouvais en Haïti, je tacherais de rentrer en contact avec notre Fritz Valesco national alias « Pitit fèy »qui a déjà sondé les entrailles de notre histoire pour retrouver et partager ces événements considérés comme insignifiants pour remplir les espaces cachés entre prouesses et désastres. Pourtant, mis bout à bout, ils participent à la constitution de la vraie histoire de notre nation, celle qui a façonné notre moi identitaire.
Je recommanderais et je recommande la collection préparée en créole par le professeur Jean Julien sous le titre « ISTWA PEYI DAYITI », une collection élaborée pour la célébration du bicentenaire de l’indépendance haïtienne.
Un grand nom de ce monde ayant eu à dire que « l’histoire est un mensonge que personne ne conteste », et considérant l’existence de ces écoles assurant la promotion du questionnement des faits historiques comme négationnisme ou révisionnisme, je ne dirai pas de prendre les récits du professeur Jean Julien comme une vérité d’évangile .
Cependant c’est un outil d’une valeur inestimable pour tout haïtien qui y retrouvera un moyen simple de revisiter et réviser (dans l’acception scolastique du terme) son histoire.
Personnellement, quand je me sens happé par les engrenages du « homesickness » au lieu de chanter « fok mwen te kitew pou mwen te kapab konprann valew », je mets un CD de cette collection et je me retrouve et me ressource.
Je tiens particulièrement à cette collection parce que le fait de les avoir en ma possession constitue un pan de l’histoire de ma vie. Une histoire d’amitié, une histoire de patriotisme, une histoire d’amour pour le pays.
Je la reprendrai en quelques lignes comme un hommage à cet ami qui est devenu et qui reste encore un frère de combat, un collègue guerrier pour la cause haïtienne.
En 2004, en pleine crise politique post lavalassienne, j’ai découvert par hasard un forum de discussions entre des dizaines qui, sans substance, faisait la promotion de leurs camps. Je pris le temps de lire des échanges postés sur MOUN.COM et tout de suite je sentis que ce forum sortait du lot.
Des textes tranchant le vif du sujet mettant la réalité du pays et de sa société à portée de toute conscience bien constituée, me conduisirent à faire attention à des pseudos comme élise, Castille, Blekleroc, Dezagreman, Excalibur, Dilibon, Dekabess, Bagaydrol pour ne citer que ceux-là.
Moun.com devint une institution ou les politiciens en panne d’idées venaient volontiers y puiser.
Pour la grande majorité, on vint à s’apprécier sans se connaître personnellement.
Lors d’un voyage aux USA, j’ai établi un contact téléphonique avec l’un d’entre eux. Je me trouvais dans un autre état et un de mes frères devait me reconduire à New York. Avant d’atteindre ma destination j’ai demandé à mon frère de faire un petit crochet vers le bureau de cet ami qui s’identifiait comme moi, comme mouniste et l’on n’utilisait que nos pseudos. J’arrivai à son bureau un peu après midi. Quand je sonnai, il fit comprendre avec raison à la personne qui sonnait que le bureau était fermé à midi et qu’il fallait revenir plus tard. J’insistai sans m’identifier pour lui faire comprendre que c’était urgent et que je ne pourrais pas revenir.
Après avoir décidé de camper sur le principe de sa position, j’ai dû m’identifier avec mon pseudo de Mouniste et non seulement il m’ouvrit largement les portes mais il vint m’accueillir les bras ouverts.
Mon frère nous regardait médusé se jeter l’un dans les bras de l’autre scandant chacun le pseudo de l’autre. In n’y comprit rien.
Il ne pouvait pas s’imaginer qu’il s’agissait de notre première rencontre physique.
Nous discutâmes brièvement d’Haïti et au moment de partir, il mit son bureau à l’envers pour me trouver des cadeaux : Livres, CD de konpa, et la fameuse collection des 10 CD d’histoire d’Haïti préparée par Jean Julien.
Ce fut le début d’une amitié convertie aujourd’hui en fraternité patriotique !
Merci encore cher ami !
Peut-être ces amis mounistes peuvent me rappeler la base justifiant l’existence de cette expression 20 juin, 4 avril !
Bon lundi et bonne semaine à tous !
Jonas Jolivert
www.jonasjolivert.net
20/06/2016
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
lundi 20 juin 2016
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