Haïti se rappellera pendant longtemps ce 14 février 2016.
Cette date ne sera plus uniquement cette journée dédiée à l’amour et aux amoureux. Elle restera dans les anales la date des élections indirectes pour combler une vacance présidentielle de fin de mandat. Une situation inédite donc sans provision dans les pages de la Constitution.
Le récit serait trop long pour expliquer comment on a pu aboutir à une pareille situation.
Ceux qui suivent avec assiduité l’actualité haïtienne se passeront de cette introduction. Pour ceux qui se trouvent entrain de lire ce texte sans avoir été intéressé par Haïti, je ferai un résumé le plus succinct possible. Ce qui est déjà assez compliqué dans le cas d’Haïti car chaque fois qu’il est nécessaire de remonter à la genèse d’un problème il semble qu’il faut aller à la genèse de cette nation en faillite.
En fait le président dont le mandat a pris fin le 7 Février dernier avec une exigence de passer la main à un autre président élu démocratiquement à l’issue des élections présidentielles libres, crédibles
, inclusives et transparentes dont il avait la responsabilité.
Mais avant les joutes présidentielles, d’autres échéances électorales prévues pendant le quinquennat ont été carrément oubliées. Michel Martelly n’en n’a organisé aucune. Avec un parlement caduc il a pris son pied à gouverner par décret.
Il comptait sur les élections présidentielles et législatives de cette année, avec la bénédiction/indifférence de la communauté internationale pour choisir son successeur à qui il passerait la bande présidentielle.
Ce qu’il n’avait pas prévu arriva.
Malgré une insistance téméraire et menaçante de la communauté internationale, l’opposition rendit impossible la poursuite et la conclusion du processus électoral.
Les forces démocratiques venaient de gifler de plein fouet l’ensemble de la communauté internationale pour qui stabilité rime avec passation de pouvoir entre un président élu à un autre. Peu importe dans quelles conditions. Les standards sont tellement rabaissés en Haïti que ce qui est inacceptable ailleurs est célébré en Haïti avec Caviar et Champagne !
Toujours est-il que le 7 Février arriva sans président élu. Et il fallait bien trouver une solution car la gestion d’un pays est constante et permanente.
Le quinquennat de Martelly s’est écoulé sans que son administration n’ait pensé à aucune institution.
On sait bien qu’en théorie le pouvoir exécutif s’exerce par une structure triangulaire composée du pouvoir exécutif personnifié dans le binôme présidé de la République /Premier Ministre, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire.
Au sept février 2016, aucun de ces trois pouvoirs jouissait d’un fonctionnement normal capable de lui accréditer une légitimité pour prendre le contrôle de la nation.
En fait Monsieur Evans Paul premier ministre est considéré comme un premier ministre de facto car il a été nommé comme premier ministre d’un faux consensus ou de connivence pour une énième sortie de crise.
Le pouvoir législatif venait à peine de se reconstituer dans une ultime démarche du gouvernement pour valider les résultats des élections contestées alimentant la grogne d’une grande partie de la population.
Le pouvoir judiciaire est lui aussi bancal et peu fonctionnel car Martelly n’avait pas procédé à des nominations surtout au niveau de la Cour de cassation.
Quand il a fallu trouver une solution de sortie de crise, le parlement récemment intronisé devint l’institution regroupant plusieurs identités et sensibilités politiques, se vit attribuer une étiquette de représentativité.
Le Parlement ne demandait pas mieux car certains élus sont contestés et pensent se mettre à l’abri ou en position pour négocier, avec cette prise de pouvoir.
A partir de ce moment, comme l’avait fait les Forces Armées d’Haïti au départ de Jean-Claude Duvalier, cette prise de pouvoir s’est assimilée à un coup d’état dans la mesure où on peut considérer qu’il s’est accaparé du pouvoir de façon absolue et exclusive, sans tenir compte des forces politiques ni de la population qui ont fait échec au plan de Martelly et poussé à l’annulation du processus électoral.
Dans des circonstances particulières Monsieur Jocelerme Privert président du sénat haïtien se porta candidat au poste de Président Provisoire et se fit élire le 14 Février 2016. Cet ancien fonctionnaire de l’administration lavalas de Jean Bertrand Aristide qui, à la chute de ce dernier fit de la prison, scelle avec cette élection non seulement une victoire personnelle et individuelle mais aussi marque le retour de Lavalas au palais national onze ans plus tard.
Comme preuve infaillible circule une jolie photo de famille avec l’ex première dame de la République Madame Mildred Trouillot Aristide et Madame Maryse Narcisse candidate du parti aux élections inachevées.
Ce retour de Lavalas claironne à raison par divers secteurs et acteurs de la vie politique haïtienne a permis des scénarios des plus improbables dont une action de l’actuel Président qui viserait un retour de Jean Bertrand Aristide au pouvoir avec :
- Le renvoi du parlement
- Création d’un CEP lavalaso-compatible
- Des élections parlementaires qu’emporterait avec une majorité absolue la mouvance Lavalas
- Modification de la Constitution
- Nouvelles élections avec Aristide comme candidat
Prise de but en blanc, on serait tenté de qualifier cette réflexion d’utopie caractérisée. Cependant j’ai l’habitude de dire qu’en Haïti et l’imaginable comme l’inimaginable peuvent devenir réels. Tout dépend en effet de celui qui imagine ou cesserait d’imaginer !
Il est vrai que l’aboutissement d’un tel projet relève d’une prouesse d’une envergure telle qu’elle ferait intervenir des actions et des comportements aujourd’hui difficilement acceptables.
Cependant ma réflexion sur ce scénario se porte sur les deux protagonistes : JOCELERME PRIVERT ET JEAN BERTRAND ARISTIDE… (A SUIVRE)
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
samedi 20 février 2016
JOCELERME PRIVERT ET JEAN BERTRAND ARISTIDE 1/3
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