Dans trois semaines, nos compatriotes vont se ranger derrière les duos Messi/Neymar - CR7/James lors d'un classico qui s'annonce plus que palpitant. Juste avant, à partir du 15 octobre prochain, ils auront applaudi, critiqué voire pleuré avec les jeunes haïtiennes qui vont se battre contre les ogres de la région pour obtenir une place qualificative pour la coupe du monde féminine 2015 au Canada. Devant nos postes de télévision, nous sommes loin de nous imaginer ce que peut représenter la charges de sacrifices et les contraintes qui se sont érigées devant nos filles qui rêvent de faire un exploit. La presse en parle pas ou trop peu.
Je suis tombé ce matin sur cet article écrit en anglais qui raconte les péripéties de nos grenadières qui vont défendre nos couleurs a partir de la semaine prochaine. Elles ont du mérite et ont surtout besoin de nous!
Je partage une version traduite de cette histoire émouvante, touchante et triste....
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La Coupe
du Monde Féminine à se dérouler l'année prochaine passera de 16 à 24 équipes. Le
Canada, en tant qu'hôte, est qualifié d’office.
Seront également qualifiées trois premières équipes de la région des Caraïbes, Amérique du Nord, d'Amérique centrale issues d’un
tournoi qui débutera aux États-Unis à
partir du 15 octobre. Une quatrième équipe jouera un match de
barrage contre l'Equateur, qui a eu la troisième place de qualification du
groupe de l'Amérique du Sud.
Je suis tombé ce matin sur cet article écrit en anglais qui raconte les péripéties de nos grenadières qui vont défendre nos couleurs a partir de la semaine prochaine. Elles ont du mérite et ont surtout besoin de nous!
Je partage une version traduite de cette histoire émouvante, touchante et triste....
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LE FOOT…C’EST TOUT CE QU’ELLES POSSÈDENT…
SOUTH BEND, Indiana -. Depuis 2012, l 'équipe nationale
féminine de football de femmes d'Haïti passe six mois par an à s’entraîner
près de l'aéroport régional d’ici, sur
une route de campagne et de l'autre côté de la voie ferrée, la plupart du temps
de façon inaperçue, de manière complètement improbable pour une puissance
régionale de cette catégorie.
Chaque femme de l'équipe a une histoire dramatique et désespérante
par rapport au séisme de 2010 qui a
dévasté Haïti, le pays le plus pauvre de l'hémisphère occidental: une maison
pliée comme un porte-monnaie. Jambe brisée d'un frère. Une tante écrasée par la
porte d'une église. Un oncle disparu sous les décombres d’un bâtiment et jamais
retrouvé.
Chaque joueur, aussi, a une histoire de résilience et de la
persévérance. Aucune nation des Caraïbes n’a jamais été qualifiée pour la Coupe du Monde Féminine.
Maintenant Haïti, parmi tous les pays de
la zone, est sur le point d'atteindre le tournoi élargi 2015, qui sera joué
l'été prochain au Canada.
C'est une quête d'une grande ambition avec de maigres ressources. Il n'y a pas salaire
pour les joueurs. Aucun pour l'entraîneur américain d'origine polonaise ni pour
ses assistants. Les joueurs vivent à huit ou neuf dans un appartement. Même le capitaine dort sur un
matelas très mince placé dans le salon.
La fédération haïtienne de football d'Haïti paie un vol aller-retour chaque année et tente de d’aider
en cas d'urgence. Mais, même une allocation $ 200 distribuée à chaque joueuse en 2013 n’a pu être honorée cette année, déclare les instances fédérales.
L'équipe tente de joindre les deux bouts en vendant des
poulets rôtis des T-shirts, et en
animant des cliniques pour les églises et les écoles.
Des bienfaiteurs ont été généreux.
Daniel Acker for The New York Times
|
Un club de football local fournit sans frais le terrain d’entrainement.
Un atelier de mécanique automobile a réparé sans frais le minibus de l’équipe.
Anne Marie Wright, une lycéenne de 17 ans, a contribué à fournir des chaussures,
des bas des soutiens-gorges de sport et même des bouteilles d'eau afin que les
joueuses qui s’entraînent pour atteindre la phase finale de la coupe du monde n’aient
pas à boire des robinets après leurs séances.
Marc Dumé, 43 ans, un homme d'affaires qui a quitté Haïti il y a une décennie, contribue pour le
paiement du loyer et pourvoit de l'argent pour l’achat des bananes plantains et de riz et de haricots
et de légumes pour les ragoûts.
La semaine dernière, il a fait don d'un véhicule récréatif à
l'équipe.
"Le football est tout ce qu'elles ont", a déclaré Dume, qui dirige une
société à Elkhart, en Indiana., qui livre des véhicules de loisirs des les usines aux
concessionnaires. "Ils n'ont rien d'autre."
Les Américaines, classées n ° 1 dans le monde, sont les
favoris incontestable du tournoi régional. Le Mexique est également prévu pour
obtenir un ticket d’entrée.
Cela laisserait une place à disputer entre Haïti, le
Guatemala, le Costa Rica, la
Jamaïque et Trinité-et-Tobago pour une première participation
à la Coupe du Monde.
En Haïti, l'équipe nationale féminine est largement ignorée
et incomprise. Le football féminin porte
toujours un stigmate social et il peut être considéré comme contraire à la
féminité. Parfois, les hommes et les garçons empêchent les femmes et les filles
de s’entraîner, déclare le président de
la fédération haïtienne de football.
Kencia Marseille, 33, la capitaine de l'équipe, dit que sa
mère lui a donné une fessée avec une ceinture quand elle s’est mise à jouer au
football. Aujourd'hui, certaines mères veulent garder toujours leurs filles à la
maison, pour étudier, pour aider à subvenir aux besoins des frères et sœurs, pour
rétablir les liens familiaux.
"Le peuple haïtien ne croient pas en nous", a
déclaré le gardien Geralda Saintilus, 28 "Ils disent que nous ne sommes
pas assez bonnes. Nous allons essayer de prouver qu'ils ont tort. "
Même l'entraîneur d'Haïti, Shek Borkowski, n’y croyait pas
au début.
Quand il a parlé avec les autorités haïtiennes, Borkowski ne
voulait pas le travail. L'économie du pays était désastreuse. La fédération de
football avait peu d'argent.
Lors du séisme de 2010 le siège de la Fédération s'est
effondré au cours d'une réunion, tuant plus de 30 personnes à l'intérieur, y
compris l'entraîneur du programme national de femmes, Jean Yves Labaze.
Ailleurs, un ou deux joueuses de haut niveau ont été tuées,
a déclaré la fédération.
Le stade national est devenu une ville de tentes pour les
sans-abri. Le moment de la récupération de la secousse a été compliqué par la
survenue d’une épidémie de choléra.
"Vous devez être fou," Borkowski s’est
dit-il quand il a décidé de devenir
l'entraîneur de Haïti.
Il a reconsidéré sa position après avoir regardé en ligne la participation
d’Haïti au tournoi de qualification pour les Jeux Olympiques de Londres 2012.
Haïti est passé tout près, mais Borkowski a été intrigué par la compétence
individuelle de ses joueuses.
Il appela Yves Jean-Bart, président de la fédération haïtienne
de football d'Haïti, et a fait une proposition: l'équipe féminine serait
largement autofinancée, et la plupart du temps en dehors d'Haïti. Elle s’entrainerait
pendant six mois de façon continue à South Bend, jouerait des matchs amicaux contre des équipes collégiales comme
Notre-Dame et de Ball State, et intégrerait les rangs de la Premiere League féminine, un
circuit semi-professionnel.
«Une partie de ceci correspondanit à une démarche était
égoïste. Je voulais réaliser quelque chose sur le plan international ",
dit le polonais-né Borkowski, 51 ans, qui vit à Goshen, Indiana., et a gagné
deux titres aux USA et un titre en
Russie avant de devenir l'entraîneur d’Haïti
le 20 Mars 2012. "Mais vous
commencez à vous battre pour ces filles."
Jean-Bart accepta le plan, en disant de la Coupe du Monde dans un
entretien téléphonique: "Il est très difficile pour les filles en Haïti de
changer leur mode de vie. Cela pourrait être un bon défi pour toutes les femmes
qui essaient d'obtenir une vie meilleure
».
Mais Haïti demeure une équipe fragile. La plupart des
joueurs ont perdu leur maison dans le tremblement de terre.
Natacha Cajuste, 30 ans, défenseur, était partie étudier dans un cyber café lorsque la secousse
a commencé et a dit qu'elle a été la
seule personne qui à sortir saine et sauve à l’extérieur; tout le monde a été
tué ou a été blessé.
Daniel Acker for The New York Times |
Manoucheka Pierre-Louis, 25 ans, milieu de terrain, dit qu’elle
vivait dans un village de tentes pendant deux ans avant d'être appelée en équipe
nationale.
Les joueuses de Haïti étaient devenues des itinérantes après
le séisme, s’entraînant en République
dominicaine et au Brésil.
Lors d'un tournoi au Mexique, l’inquiétude de séjourner dans un hôtel de plusieurs étages de
certaines joueuses a augmenté de peur d'être pris au piège si jamais l’édifice
s’effondrait.
«Nous avons joué au football pour essayer d'oublier», a
déclaré Ketura Woodlyne-Robuste, 22 ans, milieu de terrain.
Les joueuses haïtiens qui sont arrivés à South Bend en 2012
étaient tactiquement naïves et faibles physiquement, a dit Borkowski. Beaucoup tombaient
par terre au moindre contact. Le matériel était insuffisant. Même les
bouteilles d'eau étaient rares.
Lorsque les semelles des chaussures d'une joueuse se sont déchirées lors d'un entraînement l'été 2013, elle ne put
continuer parce qu'il n'y avait pas de
chaussures de rechange, dit Wright, une jeune fille de l'école secondaire, qui s’est entrainée avec les haïtiennes.
Les joueuses sont trop jeunes pour se souvenir du match de la Coupe
du Monde de la FIFA
de 1974 entre Haïti et l'Italie, quand juste après la mi-temps Manno Sanon rompit un 0-0 ...
L'été dernier, Wright a refusé des cadeaux pour son 17eme
anniversaire et à la place a demandé à
ses parents, et amis de faire un don d'argent pour acheter des équipements pour les joueuses haïtiennes. Elle a également
mis en place une levée de fonds moyennant un compte sur un site crowdfunding.
Quand l’équipe
locale, Notre-Dame changea de sponsors d’équipement, elle organisa une vente à laquelle les parents de Wright l'ont
aidée à acheter les anciennes tenues. La semaine dernière, la famille a fait
une autre contribution de crampons, gilets et vestes chaudes.
«Il s’agit d’une équipe qui s’entraine pour la Coupe du Monde", a déclaré Wright. «Nous
savions que nous devions faire quelque chose."
En Août dernier, Haïti termina troisième lors de la Coupe des Caraïbes organisées et s’est qualifiée avec la
Jamaïque et Trinité-et-Tobago pour la dernière phase qualificative
pour la Coupe
du Monde.
Les Haïtiennes s'entraînent deux fois par jour et passent le
reste du temps dans les deux appartements de l'équipe, à dormir, cuisiner
apprendre l’anglais en regardant la télévision, en lisant des livres pour
enfants et à converser avec les quatre joueuses nées en Amérique
«Nous aimons 'WWE SmackDown," a dit Saintilus, le
gardien, avec un rire, puis a ajouté qu'elle préférait PBS à la lutte.
À certains moments, ils ont eu un peu plus à manger que du
riz, des haricots et des nouilles Ramen.
Une joueuse a quitté l'équipe pour avoir un bébé.
Une autre a renoncé
dit Borkowski dit, après la mort
de son père et la dépression nerveuse de sa mère.
Deux joueuses ont été absentes pour un mois après être retournées en
Haïti pour renouveler leurs visas.
Daniel Acker for The New York Times |
À la mi-Avril, le père de Woodlyne-Robuste est mort, et la
fédération de football d'Haïti a offert de payer un billet pour un retour au
domicile mais avec une mise en garde, dit
Borkowski. La fédération ne voulait pas payer pour un vol de retour à
Indiana et Woodlyne –Robuste devait
rester en Haïti jusqu’au tournoi de qualification pour la Coupe du Monde à la fin du
mois de mai. Woodlyne-Robuste a donc décidé de rester avec ses coéquipières.
«J’ai toujours mal,
mais quand je joue, je ne pense pas à mes problèmes», a déclaré
Woodlyne-Robuste.
Si Haïti atteint la
Coupe du monde, dit-elle, elle va essayer de marquer un but
pour son père.
"Il m’a acheté mes premiers crampons," dit-elle.
Pour être qualifiée, Borkowski a averti ses joueurs lors d’une
pratique récente, Haïti aura besoin d’une concentration sans faille, de la
discipline et de la confiance en soi. Pour ces joueurs, dit-il, il n'y aura
qu'une seule chance pour toute une vie.
La pratique s'est terminée par un cercle de prière, suivie
par le chant «Un, deux, trois, 2015!"
"Le football est la seule chose qui emporte loin le
stress", a déclaré Marseille, le capitaine de l'équipe. «Si nous faisons la Coupe du Monde, je vais être
tellement fière de moi."
Source : http://www.nytimes.com/2014/10/05/sports/soccer/haitian-womens-team-seeks-world-cup-berth.html?_r=0#
Traduction : Jonas Jolivert
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