L'ancien président haïtien Jean-Bertrand Aristide et plusieurs dizaines de ses anciens alliés sont frappés d'interdiction de quitter ce pays des Caraibes et sont l'objet de graves accusations de corruption, de détournement de fonds publics et de trafic illicite de stupéfiants entre 2001 et 2004, alors que des mandats de comparution ont été lancés dans le cadre de cette enquête criminelle initiée depuis 2005, a appris HCNN.
Près d'une quarantaine de personnes, dont beaucoup d'entre elles liées à la Fondation Aristide pour la Démocratie entre 2001 et 2004, ont été citées à comparaître devant le juge d'instruction Lamarre Bélizaire qui interdit les suspects et les personnes d'intérêt pour l'enquête de voyager à l'étranger, selon des fonctionnaires familiers avec le dossier au bureau de l'immigration.
La décision du juge d'interdir ces personnes - dont l'ancien directeur de la Fondation Aristide, Mirlande Liberus Pavert, Yvon Neptune, Jean Nesly Lucien, Gustave Faubert, Marie Carmel Latouche, Jonas Petit - de quitter le pays, a été rendue le 4 Août 2014.
"Il est à la fois triste et incroyable de voir combien d'argent Aristide et ses alliés ont volé du trésor public et le système qu'ils ont utilisé pour dilapider ces fonds," a déclaré à la Haitian-Caribbean News Network (HCNN) un enquêteur administratif indépendant, qui a travaillé sur le dossier en 2005 et qui a requis l'anonymat.
Plusieurs suspects et personnes d'intérêt pour l'enquête seront entendus jeudi par le juge Bélizaire,tandis que plusieurs autres seront interrogés dans les jours et semaines à venir, a-t-on appris de source judiciaire.
D'énormes sommes d'argent extraites du Trésor public ont été détournées à travers la Fondation Aristide pour la Démocratie, des prête-nom et d'autres organisations fictives qui auraient été mises en place par Aristide et ses alliés pour détourner des fonds publics, selon des documents produits par l'Unité de Renseignements Economiques et Financiers (UCREF), et d'autres rapports.
"Nous parlons d'énormes, mais de très énormes sommes d'argent transférées à de fausses entreprises commerciales et autres entités pour des services qui n'ont jamais été livrés et aussi d'énormes sommes transférées à des correspondants à l'étranger," a expliqué le chercheur qui a exprimé le choc que lui et certains autres de ses collègues ont ressenti, peu après avoir découvert les faits.
"Bien sûr, en tant que professionnels, nous avons fait notre travail avec toute la sérénité nécessaire, mais en tant que citoyens, nous étions tellement choqués de découvrir ce que nous avons découvert", a rapporté l'enquêteur qui a indiqué qu'il avait, dans le passé, une sympathie pour Aristide en raison de l'inspiration et l'espoir qu'il avait créé quand il est arrivé au pouvoir en 1991.
Aristide, à travers son secrétariat privé au Palais présidentiel, aurait transféré la plupart des fonds sur des comptes bancaires hébergés à la Banque Populaire Haïtienne (BPH), sous le contrôle de la directrice générale de la banque, Rodnée Deschineau, qui aurait fait des aveux lors d'échanges avec les enquêteurs administratifs.
Ensuite, l'argent allait atterrir sur des comptes bancaires de Se pa'n Provisions Alimentaires, Quiskeya Store, une société dénommée VGLS, Socol SA, COCSOBFO, entre autres, tous liés à la Fondation Aristide qui avait également reçu directement des montants importants, selon un rapport administratif officiel.
"Je n'ai jamais été impliqué dans la politique partisane, mais quand le président Aristide était arrivé, la première fois, au pouvoir, j'étais encore étudiant et je voyais mon image en lui quand je considère d'où il venait pour arriver là où il était," a-t-il déclaré. "Probablement, c'est pourquoi ma surprise fut encore plus grande", a-t-il ajouté.
Le juge Belizaire a pris des mesures conservatoires à l'encontre de plusieurs des personnes visées par l'enquête, mais qui ne vivent plus en Haïti. C'est le cas pour Mirlande Libérus Pavert qui vit en Floride.
Le Juge Bélizaire a refusé de répondre à des questions ou faire des commentaires sur le dossier pour des "raisons juridiques et éthiques", mais HCNN a confirmé auprès de sources judiciaires que les accusations contre Aristide ont été très bien documentées et que les enquêtes administratives menées depuis 2005 montrent des preuves irréfutables de détournement de fonds publics et de blanchiment d'argent.
L'enquête a débuté en 2005, après l'éviction, en février 2004, d'Aristide qui a pris fonction en 2001 pour un second mandat présidentiel de cinq ans, après avoir servi comme président en 1991 pour être renversé le 30 Septembre, qui avait marqué son 7e mois au pouvoir.
Une nouvelle loi anti-corruption, portée par le Premier ministre Laurent Lamothe et promulguée de manière solennelle par le président Michel Martelly, a été adoptée plus tôt cette année pour renforcer les mesures punitives contre les personnes reconnues coupables de pratiques de corruption.
Joseph Guyler C Delva - Source: HCNN
http://www.radiotelevisioncaraibes.com/nouvelles/haiti/ha_ti_corruption_trafic_de_drogue_l_ancien_pr_sident_aristide_in.html
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
jeudi 7 août 2014
Haïti corruption, trafic de drogue: L'ancien président Aristide interdit de quitter le pays
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