INTERVIEW - Plus de trois ans après le séisme qui a fait 300 000 morts et 1,5 million de sans-abri, Haïti commence à sortir la tête de l'eau. "L'île est en chantier", mais "va bien mieux" affirme son Premier ministre, Laurent Salvador Lamothe, présent en France à l'occasion d'une tournée européenne. Rencontre.
Pour la troisième année consécutive, la rentrée scolaire a dû être retardée d'un mois en Haïti. Que s'est-il passé ?
On voulait être prêt. Il fallait finaliser le programme de scolarisation gratuite que nous venons de mettre en place. Celui-ci permet à 1,2 million d'enfants de bénéficier de l'école gratuite, alors qu'avant, 91 % de nos écoles étaient des établissements privés. Nous avons ainsi réussi à augmenter le pourcentage de personnes scolarisées dans le primaire de 55 à 88 %. En Haïti, tout est un challenge, mais le pays va bien mieux que l'année dernière.
Où en est la reconstruction du pays ?
L'île est en chantier. Nous avons actuellement 800 projets en cours. 80 % des 1,5 million de sans-abri après le séisme de 2010 ont été relogés. Par ailleurs, nous construisons 300 km de routes, ainsi que dix refuges d'urgence en cas de cyclone ou de tremblement de terre. Dix ministères détruits sont aussi réhabilités. Mais les dégâts estimés après le séisme s'élevaient à 13 milliards de dollars. Sur les 9 milliards promis par l'aide internationale, seuls 52 % nous sont parvenus. Nous avons par ailleurs mis sur pied le plan de développement stratégique d'Haïti pour faire de l'île un pays émergent en 2030. Pour cela, nous pouvons nous appuyer sur nos ressources naturelles, dont l'or très présent dans nos sols.
Début juillet, l’ambassadrice américaine accréditée en Haïti, Mme Pamela White, a indiqué avoir constaté de nombreux progrès en Haïti, mais regrette que la corruption continue de gangréner le pays...
Pour l'endiguer, nous avons agi à plusieurs niveaux. Nous avons augmenté le budget de l'unité de lutte contre la corruption de 40 % et adopté de nouvelles lois. Il y a ainsi eu 72 arrestations ces derniers mois. Mais ce problème concerne tous les pays du monde. Pas plus Haïti qu'un autre.
Vous êtes aux prises avec la justice pour une affaire de corruption qui aurait abouti à la mort d'un juge. On vous accuse même de "crime de haute trahison". Que répondez-vous ?
En effet, un juge est mort en juillet. Mais une autopsie faite au Canada a confirmé une mort naturelle par AVC. La rencontre avec le juge dont il est question n'avait jamais eu lieu. Tout cela est farfelu, c'est une manoeuvre politique de la part de sénateurs de l'opposition. Et puis, ce n'est pas parce que vous rencontrez quelqu'un qu'il meurt 3 jours plus tard ! Je pense qu'il faut laisser la politique en dehors de ça.
Quelles sont vos priorités aujourd’hui ?
La lutte contre la pauvreté extrême est notre première priorité. Plus de 60 % de la population gagne moins d'un euro par jour. Un programme d'assistance sociale très ambitieux bénéficie aujourd’hui à près de 800 000 Haïtiens. La construction et le relogement des sans-abri sont aussi deux gros défis. En matière de sécurité, nous avons aussi fait un gros travail : avec un taux de criminalité de 9 pour 1000 habitants, Haïti est devenu un des pays les plus sûrs des Caraïbes. Tous les indicateurs de la sécurité sont au vert aujourd’hui.
Est-ce qu'on peut espérer qu'un jour, Haïti redevienne un jour la perle des Antilles, voire une destination touristique ?
Nous avons la 57e plus belle plage de sable fin et de cocotiers au monde, selon CNN. Un aéroport a même été construit pour faciliter l'accès. Chaque zone de notre île a un potentiel. C'est pourquoi nous construisons cinq aéroports. Avec près de 40 % de la population au chômage, le développement touristique est clairement une priorité
http://www.metronews.fr/info/en-haiti-tout-est-un-challenge/mmij!OL9CX6n6m77M/
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
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