En Haïti, les assiettes des expatriés sont loin d'être garnies de ce que mangent traditionnellement, ou par obligation faute de mieux, les Haïtiens.
En effet, entre les supermarchés et les restaurants de Pétion Ville, les premiers peuvent très bien continuer à consommer les mêmes aliments français ou américains, et ne goûter que rarement aux plats créoles.
Pourtant, quelques spécialités valent le détour, en voici quelques exemples:
- Le tasso de boeuf ou le griot de porc: la viande est marinée puis frite, accompagnée de riz et de "banan peze", des rondelles de bananes frites, qui diffèrent cependant de sa cousine la plantin telle qu'on la mange en Afrique par exemple.
- Le touffé : sorte de ratatouille aubergines agrémentée de morceaux de viande et de crabe, attention aux os qui s’y cachent !
- Parmi les crustacés mon préféré est de loin le lambi, grillé ou en sauce. Encore faut-il qu'il soit bien préparé, quelques minutes de cuisson en trop et il devient caoutchouteux et sec. Comme les écrevisses ou autre poisson noble, j'en ai honnêtement rarement voire jamais vu dans une assiette d'un Haïtien lambda.
- Corossol
Quelles boissons ? Les jus de fruits frais ! Le plus courant est le jus «grenadia», qui comme son nom ne l’indique pas, est un jus de fruits de la passion. Le jus de corossol (fruit en photo ci-contre), à la fois sucré et acidulé, est aussi délicieux.
- Au petit déjeuner, ce sont omelettes ou spaghettis, ou du pain blanc garni de lait concentré. Un régal de voir la tête de personnes venues en mission quelques jours qui se scandalisent de ne pas avoir d'autres plats au petit déjeuner que ceux-ci, surtout en région où la diversité des plats se tarit. Pour certains, que l'adaptation alimentaire est dure!
On peut aussi acheter sur la route des « papitas » : chips de banane, et des « pâtés », feuilletés à la viande ou autre garniture.
Tous ces plats sont agrémentés de riz, de beaucoup de riz ! Car il s’agit de faire taire la faim donc en priorité calmer les cris du ventre, avant de penser nutrition. Au choix, le riz blanc américain ou bien le «riz national» - «riz pois collé». Ce deuxième choix est un riz produit localement, souvent servi avec des « pwa », haricots rouges le plus souvent, ou lentilles, … en fait tout ce qui à la forme d’un pois.
Les sacs de courses de l’élite haïtienne et des expatriés
Port-au-Prince compte quelques supermarchés où l’on se sent plus aux Etats-Unis qu’en Haïti, tels que Giant ou le Caribbean, fréquentés par l’élite haïtienne et les expatriés.
Les grandes marques françaises sont visibles entre les américaines, mais, importation oblige, chaque produit est environ 1 à 2 € plus cher qu’en France, ce qui sale grandement la note pour ceux qui tiennent à leur Activia ou eau d’Evian.
Dans ces magasins, il faut fouiller ou battre en retraite si l’on refuse de consommer ce fameux riz américain. Et on n'y trouve que des fruits importés de République dominicaine ou d’Amérique du Sud, alors que les mêmes poussent en Haïti, disponibles au marché pour des coûts dérisoires comparés aux prix prohibitifs de ces supermarchés.
De plus, impossible d’y acheter fruits et légumes sans en même temps emporter polystyrène et plastique qui les enrobent, qui finiront à la poubelle, puis dans les ravines.
Les restaurants de Pétion Ville et alentours
Je les surnomme le « village français », comme les Américains doivent les surnommer « le village américain», idem pour les Canadiens ou toute autre nationalité. En effet, vous y croiserez forcément quelqu’un que vous connaissez ou que vous avez déjà croisé, l’offre étant plus limitée que la demande.
On y mange bien, voire très bien, pour des prix équivalents à Paris, c'est-à-dire pas forcément donné. Le turn-over est impressionnant, les enseignes subissent les effets de mode de certains quartiers tantôt délaissés, tantôt en hausse. Il en est ainsi du Yanvalou à Paco, seul restaurant du quartier au moment de son ouverture, qui attire ceux qui veulent fuir Pétion Ville.
On pourrait penser, à tort, qu’il est plus sécurisant pour son système gastrique de manger dans ces endroits de Port-au-Prince que dans des petits restaurants de région, ou que les fruits et légumes de la rue. Tout dépend de la constitution et de la tolérance de chacun: il m’est arrivé d’être tout autant malade après avoir mangé du lambi en province qu’à L’Océane, restaurant de poisson réputé de Port-au-Prince.
Et vous ?
Et vous qui êtes passé par Haïti ou qui y vivez, quel est votre plat préféré ?
(à venir: "dans les assiettes des haïtiens", le riz et le poulet américains, les cantines scolaires,...Restez connectés!)
http://haiti.blogs.liberation.fr/cooperation/2013/07/dans-les-assiettes-des-ha%C3%AFtiens-et-des-expatri%C3%A9s.html
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
lundi 29 juillet 2013
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