Haïti commence à prendre la mesure des dégâts provoqués par le passage de Sandy. Un grand nombre de victimes et de disparus sont à déplorer, emportés par des glissements de terrain, des torrents de boue causés par des inondations diluviennes. Selon les services de la protection civile de Port-au-Prince, la tempête a entraîné la mort de plus de cinquante personnes. Mais le bilan risque malheureusement de s’aggraver, en raison de la situation sanitaire qui règne dans le pays et des ravages provoqués sur les plantations.
Après plus de trois jours de pluie intense, de nombreuses voies de communication ont été emportées. Routes et ponts n’ont pas résisté ; l’accès à plusieurs villes a été coupé, ainsi qu’un axe de communication avec le pays voisin, la République dominicaine. Mais les dommages causés par Sandy aux récoltes dans le sud du pays, ainsi que le probable développement d’épidémies, comme le choléra, vont provoquer dans les jours et les semaines à venir d’autres victimes.
Le Premier ministre Laurent Lamothe a déclaré à l’agence de presse Reuters que la tempête aétédévastatrice. Selon lui, l’économie notamment « a été durement frappée ». Un appel à l’aide internationale a été lancé. « Toute les récoltes qui ont été épargnées par l’ouragan Isaac on été détruites par le passage de Sandy » a-t-il indiqué en ajoutant que la « sécurité alimentaire du pays est dorénavant problématique ».
Le pays a connu à de nombreuses reprises des crises dues à l’augmentation du prix des denrées alimentaires. Depuis avril 2008, l’instabilité politique fragilise un pays où les manifestations de la faim sont légions. Jean Debalio Jean-Jacques, du Ministère de l’Agriculture, ne craint que la perte massive des récoltes « n’aggrave la situation » d’autant que « tout ce que les paysans avaient en réserve, le maïs, les tubercules, tout a été détruit ».
De nombreuses personnes avaient déjà préparé leurs champs pour les cultures d’hiver, mais ceux-ci ont été également touchés. Dans la ville d’Abricots, à l’ouest du pays, la population se remet encore difficilement des effets du passage de l’ouragan Tomas en 2010 et d’une récente sécheresse. « Nous allons avoir une famine dans les prochains jours » a affirmé le maire de cette localité, Kechner Toussaint. « C’est un désastre agricole, poursuit Toussaint, Les plantations des productions locales – arbres à pain et bananes – ont été emportées par le vent et détruites par les fortes pluies ».
Dans la région de l’ouest de Grand Anse, un bateau, qui régulièrement acheminait des denrées depuis la capitale et emportait lors de son voyage retour les produits de la région pour les vendre à Port-au-Prince, n’a pu effectuer le moindre trajet depuis plus d’une semaine en raison de la tempête. Le prix des produits de base, tel que l’essence, ont d’ores et déjà augmenté. Dans la région montagneuse de Camp Perrin, au sud de la péninsule, où les premières victimes ont été dénombrées, les plantations de café ont été ravagées, alors même que la récolte devait intervenir dans les prochaines semaines.
« Le café, c’est notre compte en banque » a déclaré Maurice Jean-Louis, un cultivateur responsable d’une coopérative à Camp-Perrin. Un compte en banque sévèrement entamé par les inondations des aires de stockage. Les dégâts sont « incalculables » explique-t-il, les grains étant désormais impropres à l’export.
Dans la capitale, Port-au-Prince, Sandy a détruit des maisons de fortune et des tentes, où plus de 370 000 victimes du tremblement de terre de 2010 vivaient encore aujourd’hui. Selon les autorités du pays, plus de 18 000 familles sont sans abris après le passage de Sandy.
Une ONG a déjà noté une hausse des cas de choléra. Ainsi dans les camps des survivants du tremblement de terre, plus de 86 cas ont été comptabilisés, selon le docteur Juan Carlos Gustavo Alonso, membre de l’organisation panaméricaine de la santé. De nombreuses localités sont encore coupées du monde et ne sont accessibles que par hélicoptère. De ce fait, « Il est encore trop tôt » , selon lui, « pour se prononcer » sur le nombre de malades.
Depuis octobre 2010, plus de 600 000 personnes ont été touchées par le choléra. Cette épidémie a provoqué la mort de plus de 7 400 personnes dans le pays.
Les autorités du pays, épaulées par des organisations internationales, ont distribué nourriture, eau et denrées de première nécessité aux populations les plus touchées durant le weekend. Le Président haïtien Michel Martelly a personnellement participé à ces distributions.Avec Reuters
http://fr.euronews.com/2012/10/30/haiti-victime-oubliee-de-sandy/
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