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lundi 14 mai 2012

MOURIR DE SOIF AU BORD DE LA FONTAINE....

MOURIR DE SOIF AU BORD DE LA FONTAINE...UNE EXCEPTION CULTURELLE HAITIENNE
Beaucoup de métaphores et de figure de style sont souvent utilisées pour faire référence à la situation d'Haïti. Personnellement j'aime bien l'expression qui voit le pays comme un serpent qui se ronge la queue.
Une autre figure que j'aime bien aussi c'est celle qui présente le pays comme un bateau a la dérive. Un bateau que personne n’essaie de sauver. L'équipage se limitant a se procurer des bouées de sauvetage de plus en plus sur leur permettant de se jeter a l'eau au tout dernier moment.
Après, tout le reste, toutes les manœuvres visent à satisfaire des intérêts personnels ou des intérêts de groupes.
La logique voudrait que pour qu'un problème soit considéré comme tel, il doit être énoncé assez clairement et permettre une ou des solutions. Les problèmes se construisent en réalité sur des données et des constatations concrètes et palpables.
Ainsi, la notion de problème insoluble n'existe pas. Si un problème est considéré comme insoluble il cesse d'en être un.
Quelqu'un, d'un cynisme exécrable, m'avait dit, quelques temps après le tremblement de terre, qu'il était venu observer Haïti dans le cadre du postmodernisme. En fait, sa mission était d'observer Haïti pour prendre des exemples de ce qu'il ne fallait pas faire.
Prendre Haïti en contre-exemple. En anti-exemple.
Je lui fis comprendre qu'une mission de ce genre après un drame était d'un cynisme épouvantable.
Cependant, en laissant mon patriotisme chauvin exagéré, j’aurais pu admettre qu'il n'avait pas tout a fait tort.
En Haïti, les problèmes déambulent bras dessus, bras dessous avec les solutions. Dans une franche camaraderie qui semble assurer la pérennité d'une situation ailleurs impossible.
Citons quelques exemples:
1.- En 1995, la couverture végétale d'Haïti était chiffrée à moins de 2 pour cent. Aucune alternative énergétique n’a été présentée et adaptée. Aujourd'hui, elle est presque nulle. Le fameux prétexte passepartout était : on ne peut pas empêcher les haïtiens de couper du bois.
2.- La problématique des déchets.- si vous observez les tas d'immondices qui jonchent les rues, vous y verrez qu'ils sont en grande partie constitués de matériels recyclables: récipients en verre et en plastique. Les autres éléments qui les composent sont des produits organiques et - depuis peu - des produits textiles a plus de vingt pour cent. Merci au commerce des pèpè!
Dois-je continuer avec d'autres exemples?
En dehors de l'industrie textile avec l'utilisation pseudo-servile d'une main d'œuvre à bon marché, Haïti
exporte peu de choses.
J'ai lu la semaine dernière, deux dépêches publiées dans des journaux locaux et étrangers qui rapportaient que la bière blonde haïtienne « PRESTIGE » avait obtenu une médaille d'or la consacrant comme la meilleure bière du monde.
Un article paru dans un journal canadien parlait du “rayonnement de la blonde haïtienne au Québec.
Cependant, pour déguster hors d’Haïti une bouteille de “la meilleure bière du monde”, il faut avoir de la chance et souvent accepter de réaliser un vrai parcours de combattant….
Une telle distinction est loin d'être anodine. Nous autres les haïtiens qui cherchons d'autres motifs pour nous enorgueillir en dehors de l'épopée de 1804 et de notre participation a une phase finale de coupe du monde de football, nous aurions bien aimé nous accrocher cette médaille d'or. Dire que nous venons du pays de "PRESTIGE" aurait été certes une maigre consolation. Mais, une consolation quand même.
Cependant il faudrait surtout voir dans cette reconnaissance une voie royale pour l'investissement, création d'emplois et relance du secteur. Tout ceci en admettant que les producteurs de PRESTIGE aient compris le côté lucratif de cette manne qui n'est certes pas tombée du ciel.
Et voici notre bière prestige, notre PRESTIGE lancé à la conquête du monde.
Pourtant je vais vous raconter une histoire.
L'été à New york est particulièrement chaud. On dépasse très souvent les températures de canicule. Et quoi de mieux pour lutter contre cette chaleur, qu’une bonne gorgée de bière.
Les amateurs de bonnes bières ont l'habitude d'en prendre deux. La première pour la soif. La deuxième pour la dégustation.
Si vous êtes invités dans une famille dominicaine, on vous sert une "presidente" bien "cenicita". Vous allez chez un mexicain, vous désaltérez avec une corona. Chez un haïtien, on vous servira une corona aussi. Pourtant la vente de notre bière Prestige n'est pas interdite.
L'été dernier, on était à Brooklyn en compagnie de mon beau-frère JCV. Il a eu envie d'une PRESTIGE. Après avoir battu les sentiers connus de la ville, il nous a été recommandé un dépôt qui semblait être le seul habilité à recevoir le précieux sésame. Arrive là-bas on a été informe qu'il y en avait pas ! Qu'un arrivage de deux caisses était annoncé pour le lendemain. Sans aucune certitude. Et que les premiers arrivés seraient les premiers servis. En plus il fallait compter sur le fait que quelques uns des employés avaient déjà promis à leurs amis ou à des clients généreux qui leur avaient déjà donné « quelque chose », de mettre quelques bouteilles de coté.
En un mot, il n'y avait pas suffisamment de bières PRESTIGE dans une ville comme Brooklyn forte d'une importante communauté haïtienne.
Des compatriotes qui dégusteraient volontiers cette bière par patriotisme. Que dire des amateurs de bonnes bières? Et ceux qui voudront goûter "la meilleure bière du monde?
Les Madsen font partie de l'oligarchie très argentée du pays. Ils possèdent les moyens d'augmenter la production de sa bière pour envahir le marché des consommateurs. Les investissements de ces gens n'ont jamais été menacés. Et ce, par aucun gouvernement. On se demande ce qui les retient, ce qui les empêche d'avoir confiance et investir. Une brasserie au Cap haïtien, une autre aux Cayes et voilà des villes qui se réveillent avec une économie qui se dynamise en boostant d'autres activités.
Et si l'état haïtien investissait dans une activité rentable dans un partenariat avec les puissants du pays.
Arrêtons, chers compatriotes de nous plaindre d'avoir soif quand nous sommes assis au bord de la fontaine!
Jonas JOLIVERT Pour AFHES
http://www.afhes.org/


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