Montréal, Canada. Lundi 13 Février 2012. CCN/CaribbeanMusicNews.com
Le groupe de konpa Ti Kabzy, connu dans les Caraïbes pour son méga hit « Relax », et « Si ou té sav » avec Fuckly, vient de sortir « Tèt anlè ». Un son carnavalesque dans lequel le groupe donne toute la mesure du concept électro konpa qu’il développe depuis des années. CCN a rencontré JS (claviériste, leader), Alain (chanteur) et Jorjinoh (guitariste), peu avant leur départ dans un chalet au nord de Montréal en vue de finaliser le nouvel album studio du groupe.
CCN : Ti Kabzy, depuis votre dernier album « Tèt chajé » de 2007, que devenez-vous ? Qu’avez-vous fait durant ces 5 dernières années ?
Alain : Ti Kabzy est un groupe live avant tout, donc durant ces années, nous avons fait beaucoup de scènes. Et nous avons aussi sorti deux albums live, qui ont été très appréciés en Europe, en Guadeloupe et en Martinique.
JS : Nous nous sommes souvent rendus en Guyane, Guadeloupe et Martinique pour nos tournées traditionnelles des grandes vacances. C’est toujours un plaisir pour nous de retourner là-bas. On s’y sent comme à la maison : les gens sont chaleureux, et l’accueil est super ! Et, il ne faut pas oublier qu’en 2009, nous avons eu l’occasion de jouer à La Villette, à Paris, lors de la Kréyol Factory, avec le mythique Tabou Combo. Ce fut une expérience incomparable ! Et puis l’an dernier, nous avons eu l’honneur de jouer au Zénith de Paris lors des nuits tropicales. C’est toujours très intéressant de voir à quel point notre musique créole, l’électro konpa que nous développons, peut être appréciée par un public très cosmopolite.
CCN : Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, comment définiriez-vous le style Ti Kabzy ? C’est quoi au juste l’électro konpa ?
Jorjinoh : Nous sommes tous originaires d’Haïti, c’est tout naturellement que nous soyons très inspirés par le konpa. En Haïti, j’ai grandi dans un quartier où j’ai eu la chance d’assister aux répétitions de musiciens de groupes comme Tabou Combo, ou encore les frères Déjean. Des expériences comme cela, ça vous marque, forcément. Je ne m’imagine pas jouer et vivre autre chose que du konpa !
Alain : On est des gars modernes, avec toutes sortes d’influences. Nous faisons une musique qui nous ressemble.
JS : Et puis nous avons beaucoup appris aussi des pionniers du konpa dit « nouvelle génération ». Sweet Micky, Top-Vice, Digital Express…Tous ces groupes ont su apporter l’énergie de la jeunesse et des nouvelles technologies à cette musique qui fait notre fierté. Ti Kabzy est un groupe résolument moderne, et nous avons tous des influences éclectiques et très électro. Nous avons donc choisi de pousser un peu plus le concept « konpa nouvelle génération », pour développer un style « électro konpa ». Même si nous sommes en format live, avec un batteur, et souvent une section cuivre, nous exploitons au maximum les nouvelles technologies pour apporter cette touche digitale, très électronique qui plaît beaucoup aux jeunes, mais aussi à ceux qui ne connaissent pas forcément le konpa.
CCN : On dit souvent que le konpa est une musique faite que pour s’amuser. Il est passé le temps des Ti Manno avec des sons engagés et des messages forts ?
Jorjinoh : Je crois que c’est un mauvais procès que l’on fait au konpa. Bien sûr, c’est une musique populaire, essentiellement dansante. Mais presque tous les groupes de konpa ont leur part d’engagement. J’ai eu la chance, dans mon adolescence, d’avoir été le guitariste du Gemini All Stars de Ti Manno. Et j’ai beaucoup appris de lui. Il n’y a pas un groupe haïtien qui se contente de faire juste de la musique dansante. Quand T-Vice chante « Vin investi », ou Carimi « Ayiti Bang bang », il faut écouter ces paroles profondes et engagées. Idem pour Ti Kabzy avec « Si m’alé » et notre carnaval « Tèt anlè », entre autres. Par exemple, dans « Tèt anlè », nous soulignons que la diaspora a aussi un rôle à jouer dans la reconstruction et le développement d’Haïti. Faire de la musique engagée, ne veut pas forcément dire composer des rythmes lents ou ennuyeux. Nous partons du principe qu’au contraire, avoir un belle mélodie, entrainante, nous aide à faire passer des messages importants.
CCN : Vous venez de sortir un carnaval, et pourtant vous ne participez pas aux Carnaval National des Cayes…
Alain : Tout est dans la symbolique du geste. Même si nous ne participons pas physiquement au carnaval, cette année, nous avons tenu à nous impliquer. Être haïtien, caribéen, cela se vit pleinement, quel que soit l’endroit où l’on habite.
CCN : Il paraît que vous travaillez sur un nouvel album. Que peut-on en attendre ?
JS : Nous allons encore aller plus loin dans le concept électro konpa. Avec cet album, nous voulons satisfaire nos fans caribéens, et essayer de conquérir d’autres marchés.
CCN : En tant qu’artistes de la diaspora haïtienne, quels rapports entretenez-vous avec le créole ? Quelle place occupe la langue créole dans votre travail ?
JS : Nous créons créole, nous pensons créole et nous travaillons essentiellement en créole. Alors, bien sûr, nous utilisons aussi le français et l’anglais dans certaines pièces que nous composons. Mais nous assumons pleinement notre part de créolité. C’est l’essence même de notre œuvre. Et ce, tant sur la forme que dans le fond. La créolité est universelle, et je pense que les publics non caribéens et non créolophones qui apprécient beaucoup Ti Kabzy en sont la meilleure preuve. C’est là toute la beauté du créole.
CCN : Vos prochaines scènes ?
Alain : En ce moment, nous apportons les touches finales à notre dernier album. Mais nous avons déjà beaucoup de demandes pour la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, et l’Europe. Le circuit habituel. Toutes les infos de notre prochaine tournée seront disponibles sur la page facebook officielle du groupe : facebook.com/TiKabzy.
En Guadeloupe, nous aimerions beaucoup participer au prochain Gwadloup Festival, par exemple, ou encore renouveler l’expérience dominiquaise avec une seconde participation au Word Créole Festival. Et puis, ce serait un grand honneur pour Ti Kabzy de participer au Haitian Compas Festival de Miami. Nous ne l’avons pas encore fait, mais ce serait formidable d’y participer l’an prochain. Nous espérons que le nouvel album nous ouvrira de nouvelles perspectives.
Facebook : www.facebook.com/tikabzy
Twitter : @TiKabzy
Tèt anlè est en libre écoute sur http://soundcloud.com/ti-kabzy/t-t-anl-carnaval-ti-kabzy
Relax : http://www.youtube.com/watch?v=50EHdc4BsbM
http://www.sxminfo.com/2012/02/16/haiti-diaspora-ti-kabzy-la-creolite-est-lessence-de-notre-electro-konpa/
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
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