P-au-P, 25 janv. 2012 [AlterPresse] --- Environ une vingtaine d’écoles publiques, dans la zone métropolitaine de la capitale Port-au-Prince, continuent de fonctionner encore dans la proximité de camps de personnes déplacées, deux années après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, apprend l’agence en ligne AlterPresse. Devenus centres d’hébergement de familles sinistrées du séisme de 2010, ces établissements publics se trouvent, deux ans après, dans une situation alarmante, alors que le président Michel Martelly se félicite de son « programme de scolarisation universelle gratuite », alerte une plateforme de syndicats d’enseignantes et d’enseignants en Haïti. [1]
« La situation des écoles publiques, qui ont des camps d’hébergement, est tragique. C’est un cauchemar pour le personnel éducatif. Les enseignants, les parents, qui fréquentent ces institutions, se plaignent des conditions lamentables dans lesquelles les enfants apprennent, alors que la présidence fait des propagandes sur la scolarisation gratuite », dénonce la coordonnatrice de la confédération nationale des éducatrices et éducateurs haïtiens (Cneh), Lourdes Édith Joseph Delouis.
Elle présentait à la presse, le mardi 24 janvier 2012, une vue des résultats partiels d’une enquête, conduite, en décembre 2011, par la plateforme des organisations syndicales d’enseignantes et d’enseignants.
Après le 12 janvier 2010, une quantité importante d’écoles publiques, transformées en écoles-camps, notamment dans la zone métropolitaine de la capitale, se voient conférer une fonction nouvelle d’assurer l’hébergement des familles sinistrées, en plus des fonctions pédagogiques, révèle l’enquête, dont les conclusions finales sont attendues à une date ultérieure, non encore précisée.
“Privées d’infrastructures adéquates pour une éducation de qualité et contraintes à subir les effets pervers d’une cohabitation qui a déjà trop duré, les écoles publiques – avec plus de 80 % de bâtiments endommagés ou détruits – sont doublement victimes par le séisme”. Plusieurs, parmi les écoles publiques considérées dans l’enquête de décembre 2011 de la plateforme des organisations syndicales d’enseignants, ont été identifiés comme des « repaires de bandits ».
De nombreux cas de viols et de tentatives de viols ont été recensés sur la personne des élèves, ainsi que des vols de matériels et sabotages des installations du bâtiment, alors que les autorités de l’État restent « inattentives » à cette situation.
Il y a une « dégradation de certaines écoles dans l’aire métropolitaine de la capitale, alors que le président Martelly utilise les fonds de l’État pour exposer sa propagande en matière d’éducation à travers des spots publicitaires et des affiches géantes », signale, pour sa part, Franck Wilbert Georges, coordonnateur d’affaires internationales à l’union nationale des normaliennes et normaliens haïtiens (Unnoh), également membre de la plateforme.
La plateforme des syndicats d’enseignantes et d’enseignants met en doute le chiffre de 903 mille élèves, avancé par la nouvelle administration politique (notamment par Martelly) au sujet du nombre d’enfants bénéficiaires du « programme de scolarisation gratuite universelle ».
A la base de son argumentation, elle cite le nombre de deux millions trente-trois mille deux-cent-deux (2,033,202) enfants , de la tranche d’âge 0 – 12 ans, scolarisés durant l’année académique 2010-2011, suivant la direction de planification et de coopération au ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp).
Ce nombre de 2 millions d’enfants scolarisés aurait connu une certaine diminution, pour l’année académique 2011-2012 en cours, indique la plateforme des organisations syndicales d’enseignants.
Outre la Cneh et l’Unnoh, la plateforme des organisations syndicales d’enseignants regroupe le corps national des éducatrices et éducateurs haïtiens (Coneh), la fédération nationale des travailleuses et travailleurs en éducation et en culture (Fenatec) ainsi que le groupe d’initiative des enseignantes et enseignants de lycées (Giel).
La collecte des données a été effectuée dans des établissements scolaires publics, répartis à Port-au-Prince, Martissant et Carrefour (périphérie sud de Port-au-Prince), Delmas et Croix-des-Bouquets (nord-est) et Pétionville (à l’est). [jep kft rc apr 25/01/2012 1:11]
Liste (partielle) d’écoles publiques, dans la zone métropolitaine de la capitale, ayant des camps d’hébergement de familles sinistrées du 12 janvier 2010
_1. Lycée Toussaint Louverture Rue St Honoré (P-au-P)
_2. Centre d’apprentissage de Saint Martin (Delmas 18)
_3. Lycée Jacques 1er de la Croix des Bouquets (Croix des Bouquets)
_4. République du Pérou (Martissant)
5. Guillaume Manigat Rue Chareron (P-au-P)
6. Fortuna Guéry Rue Dehoux (P-au-P)
_7. Centre d’application de Martissant (Martissant)
_8. République Argentine Rue Péan (P-au-P)
_9. République du Guatémala Rue Rébecca (Pétionville)
10. Ecole Nationale Louverture Cote plage 18 (Carrefour)
11. République du Nicaragua Martissant (4 e avenue Bolosse)
12. Virginie Sampeur Rue Capois (P-au-P)
13. Daguesseau Lespinasse Rue Piquant (P-au-P)
14. Lycée Henry Christophe Diquini (Carrefour)
15. Louis Joseph Janvier (Carrefour)
http://www.alterpresse.org/spip.php?article12270
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
jeudi 26 janvier 2012
Haïti-Éducation post-séisme : Alerte sur la cohabitation entre écoles et camps d’hébergement, 2 ans après
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire