«Haïti détrône Cuba et la République dominicaine au palmarès des destinations soleil les plus populaires sur le marché québécois!» On imagine mal un tel titre coiffant un article du cahier Vacance/Voyages de La Presse. Le président haïtien, Michel Martelly, et sa ministre du Tourisme, Stéphanie Balmir-Villedroin, eux, en rêvent. Ils rêvent de voir la côte des Arcadins et le littoral nord du pays se couvrir de tout inclus et confisquer une clientèle importante à Varadero et à la Riviera Maya. Au début de décembre, le président haïtien déclarait : «Le nom d’Haïti ne doit plus uniquement être associé à la pauvreté et la misère. Nous allons promouvoir le pays comme destination vacances.» Aux yeux du monde extérieur, ce projet relève peut-être de l’utopie. Mais son gouvernement a adopté quelques mesures susceptible de favoriser l’éclosion – ou la renaissance – d’une industrie touristique florissante.
Au moins, les autorités haïtiennes ne se conduisent pas en utopistes déconnectés de la réalité.
De passage à Montréal fin novembre, la ministre du Tourisme annonçait clairement que, pour une première année, elle se contenterait de cibler les membres de la diaspora haïtienne. Bref, de persuader les Haïtiens de Montréal, de New York et de Miami de prendre des vacances dans leur pays natal. Et avant de persuader les Iberostar, Barcelo et autres Melia International de ce monde de venir investir en sol haïtien, son gouvernement mettra la priorité sur la reconstruction et la remise à niveau des hôtels existant.
Car on l’a peut être oublié, mais il y a, en Haïti, des propriétés hôtelière qui ne ciblent pas seulement la clientèle des coopérants et des travailleurs humanitaires. Ainsi, sur la côte des Arcadins, dont les plages bordent le golfe de la Gonave, on trouve une demi-douzaine d’hôtels, dont certains se conforment aux standards de confort internationaux : le Club Indigo, le Moulin sur Mer, le Kaliko Beach…
Il n’y en a quasiment pas sur la côte nord du pays. Mais le potentiel est énorme, car, là-bas, les plages n’ont rien à envier à celles de Punta Cana. Actuellement, elles ne sont exploitées que par Royal Caribbean, qui loue au gouvernement les plages (il y en a cinq) de Labadie, non loin de la ville du Cap-Haïtien. La compagnie de croisière a aménagé les lieux, qui sont d’ailleurs clôturés et accessibles seulement aux employés et à quelques dizaines de marchands et d’artisans sélectionnés. Ceux-ci vendent souvenir, colifichets et objets d’artisanat aux milliers de passagers que Royal Caribbean débarque chaque semaine sur ce domaine privé, dans le cadre d’une escale «plage et baignade».
Cette situation a d’ailleurs suscité des commentaires outragés, lorsque Royal Caribbean a continué à faire escale à Labadie dans les jours qui ont suivi le tremblement de terre de janvier 2011. Mais les arguments de la compagnie («Voulez-vous que nous mettions au chômage les 300 et quelques Haïtiens que nous employons là-bas?) ont vite fait taire les indignés. Aujourd’hui, Royal Caribbean investit 50 millions $ pour agrandir les installations portuaires (afin de pouvoir y accueillir ses deux mastodontes des mers : l’Oasis et le Allure) et construire une route qui permettra d’amener les touristes à la Citadelle et au Palais de Sans-Souci (le très mal nommé!) dans la montagne.
En attendant que les grands groupes hôteliers espagnols ou mexicains investissent dans la construction de tout inclus sur ces plages encore quasiment vierges, plusieurs projets ont été mis en branle dans le pays le plus pauvre des Amériques. Ainsi, le groupe Marriott International construit un hôtel de 173 chambres à Port-au-Prince. Il devrait ouvrir ses portes au début de l’été 2012.
Un groupe d’investisseurs a entrepris de faire bâtir un établissement de 250 chambres près de l’aéroport Toussaint Louverture (lui aussi en voie de rénovation) : l’hôtel des Artistes. Ouverture annoncée pour le début de 2013.
L’hôtel Montana, qui s’était effondré pendant le tremblement de terre de janvier 2010 est, lui aussi, en train d’être reconstruit. Tout comme l’hôtel El Rancho de Pétionville. D’ailleurs, dans cette banlieue cossue de Port-au-Prince, on inaugurera bientôt un Best Western.
«La majorité des Québécois voient Haïti comme une destination dangereuse et c’est certainement le cas en ce qui concerne Port-au-Prince, mais les plages de la côte Nord et celles de la côte des Arcadins sont plus sécuritaires que celles de la République dominicaine», observe Jean-Pierre Caron, fondateur d’Incursion Voyage, une des principales agences québécoises actives dans les circuits en Europe et en Asie. Devenu consultant après avoir revendu son entreprise, Jean-Pierre Caron s’intéresse au développement d’Haïti.
Le moment où ce pays supplantera Cuba et la République dominicaine au palmarès des grandes destinations de masse est certainement encore bien éloigné dans le temps. Mais il se passe quelque chose, là-bas. Si le nouveau gouvernement parvient à stabiliser la situation et à restaurer une activité économique, l’utopie deviendra peut-être moins utopique.http://blogues.cyberpresse.ca/desiront/2011/12/16/quant-haiti-accedera-au-top5-des-destinations-soleil/
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
jeudi 22 décembre 2011
Quand Haïti accédera au Top5 des destinations soleil
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