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lundi 28 juin 2010

Haïti: les députés européens passent, les sinistrés fulminent

Clarens Renois, Agence France-Presse, Port-au-Prince
La nuit tombe et les esprits s'échauffent au camp de Tabarre, près de Port-au-Prince, où vivent 500 familles sinistrées lors du séisme de janvier. Leur dénuement est total. Et quand des élus européens s'annoncent, les résidents donnent libre cours à leur colère.
«Dites-nous comment faire pour vous aider», lance la députée française Michèle Striffler (Parti Populaire Européen, PPE) en ouvrant la réunion avec les représentants des 3 000 personnes vivant dans ce camp, fait de tentes plantées au bord d'une route boueuse, à une dizaine de kilomètres de la capitale haïtienne.
«Cela ne se passe pas trop bien ici. Nous sommes frustrés. Aucune des promesses faites à notre arrivée il y a trois mois n'ont été tenues. Pas d'école, pas de service de santé, manque de nourriture», égrène Jean Auguste Petit-Frère, vice-président du comité des résidents du village, qui lit dans son cahier la liste des revendications.
«Arrêtez! Vous devez commencer par dire que vous êtes mieux ici!», coupe un membre de la délégation.
«De tous les camps que nous avons visités, celui-ci est le meilleur», ajoute le député italien Niccolo Rinaldi.
Le porte-parole du groupe ne se laisse pas intimider et continue son énumération. «Il nous faut du travail, une clôture pour sécuriser le camp, de vraies maisons...», explique-t-il.
Cette fois, c'est Michèle Striffler qui part à la charge. «Il y a des choses qui marchent, mais vous ne pouvez pas tout attendre des ONG, vous devez me dire ce que nous allons faire ensemble pour améliorer la situation», conseille la députée.
«Les jeunes ne sont pas patients. On nous a promis des choses, c'est vrai, mais il faut savoir attendre. Il ne faut pas être exigeant», tempère Ernest Paul, 69 ans et père de trois enfants, mécontent de la façon dont s'est achevée la rencontre.
Mais Abdon Lubin, un jeune père de famille, insiste: «nous ne pouvons pas continuer à vivre sous des tentes. La chaleur qu'il fait est insupportable. Ca nous rend malades».
«Nous étions venus pour voir ce qui a été fait avec toutes les donations européennes, mais aussi pour vous dire qu'on ne vous oublie pas, que les Nations unies et l'Europe ne vous oublient pas», explique Michèle Striffler.
Arrivés vendredi à Port-au-Prince, la délégation composée de députés membres de la commission du développement du Parlement européen dont Eleni Theocharous (Grèce), Patrice Tirolien (France) et Niccolo Rinaldi (Italie), doit évaluer l'aide européenne à Haïti après le séisme du 12 janvier qui a dévasté le pays le plus pauvre du continent américain.
«Quand je suis arrivée j'étais choquée de voir tant de destructions, je me suis dit qu'on y arrivera jamais. Mais beaucoup a été fait, c'est difficile à voir car il y en a encore pour des années», conclut Mme Striffler.
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/seisme-en-haiti/201006/28/01-4293806-haiti-les-deputes-europeens-passent-les-sinistres-fulminent.php

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