Nicolas Sarkozy a survolé en hélicoptère les zones sinistrées de Port-au-Prince, mercredi, en compagnie du président haïtien, René Préval. Crédits photo : AP
À l'occasion de sa visite historique à Port-au-Prince, le chef de l'État a appelé les Haïtiens à prendre leur destin en main.
L'Airbus présidentiel a atterri sur la piste de l'aéroport Toussaint-Louverture, près des baraquements abritant une partie des 12.000 militaires américains encore installés dans l'île. Nicolas Sarkozy a descendu la passerelle pour rejoindre son homologue haïtien, René Préval. À la différence des cinq délégations étrangères venues depuis le 12 janvier, dont Hillary Clinton et le premier ministre canadien, Stephen Harper, il a été reçu avec La Marseillaise et les honneurs militaires. Car cette visite éclair est la première d'un président français depuis l'indépendance d'Haïti, en 1804. La portée symbolique de la visite présidentielle dépassait la simple démarche humanitaire, même si Nicolas Sarkozy n'était pas venu faire acte de repentance, plus de deux cents ans après que la France eut quitté cette ancienne colonie.
Avec Préval dans une casemate
René Préval lui-même confiait en aparté avant l'arrivée du chef de l'État : «L'histoire, c'est l'histoire. La colonisation était un phénomène mondial. Depuis l'indépendance, nous avons psychologiquement et politiquement surmonté cette période difficile de notre histoire.» Pourtant, les diplomates français reconnaissent volontiers que la France a fait payer cher l'indépendance, notamment en imposant le paiement d'une «dette exorbitante», réglée par les Haïtiens entre 1827 en 1885. «Cette histoire partagée est douloureuse. La France , ici, n'a pas laissé que de bons souvenirs. Je dois le voir en face», a reconnu Nicolas Sarkozy. Mais le président français était avant tout en Haïti pour dévoiler la contribution française au plan d'aide à la reconstruction de ce pays dévasté, à la veille de la saison des pluies. Il a aussi voulu faire un sort aux rumeurs de désaccords avec les partenaires les plus impliqués dans la reconstruction. «Nous travaillons main dans la main avec les États-Unis», a-t-il martelé.
Plutôt qu'un cortège présidentiel, jugé impossible, René Préval a emmené son homologue français faire un tour des zones sinistrées en hélicoptère. Il a ensuite visité l'hôpital de campagne de la sécurité civile française.
Nicolas Sarkozy a ensuite rejoint l'ambassade de France, pour une première allocution, sous les yeux de Haïtiens qui squattent dans des baraquements de fortune devant les murs condamnés de l'ambassade. Il a parcouru quelques-unes des tentes de la Croix-Rouge qui couvrent les huit hectares de l'esplanade du Champ de Mars, où sont massés plus de 20.000 Haïtiens délogés. Avant de rejoindre le palais du président. Et c'est devant cette immense bâtisse coloniale affaissée sur elle-même que Nicolas Sarkozy s'est entretenu avec René Préval, dans une petite casemate protégée par des voiles bleus. «Aujourd'hui, nous clôturons un mois de deuil», a expliqué René Préval. Outre la contribution financière, Nicolas Sarkozy a voulu délivrer aux Haïtiens un appel à refonder leur pacte social : «C'est d'abord aux Haïtiens de définir un véritable projet national et ensuite de le conduire», a-t-il dit à plusieurs reprises. Entre les cris des paons qui circulaient en liberté dans le parc présidentiel et le vacarme des hélicoptères américains, il a assuré que la France excluait «toute tutelle internationale». Mais il a néanmoins rappelé que la France encourageait Haïti à un véritable effort de décentralisation. En quittant l'aéroport, le chef de l'État a pu voir cette inscription écrite un peu partout dans l'île : «Haïti tend ses bras et crie pitié». «La réalité est pire encore que ce que j'imaginais», a-t-il confié avant de quitter l'île, quatre heures exactement après son atterrissage.
http://www.lefigaro.fr/international/2010/02/18/01003-20100218ARTFIG00008-en-haiti-sarkozy-offre-l-aide-de-la-france-.php
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