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mercredi 31 octobre 2007

Noël laisse son lot de victimes

Philius Pierre, 35 ans, a laissé sa peau, lundi soir, dans les eaux en crue de Rivière Blanche à Ganthier. Une femme qui l'accompagnait est portée disparue. Les victimes de la tempête tropicale Noël se comptent par dizaines, par centaines et même par milliers dans le département de l'Ouest. Bilan : 8 morts, dont quatre à Pétion-Ville, 2 à Grand-Goâve et 1 à Cité Soleil, trois blessés, des dizaines de maisons détruites et endommagées.
Les habitants de Croix-des-Missions aux abois
(Photo: François Louis)

La périphérie nord de la zone métropolitaine a connu de mauvais moments suite aux pluies qui se sont abattues sur le pays au cours de la nuit du 29 au 30 octobre. Les habitants de Duvivier, de Croix-des-Missions, de Tabarre et de Croix-des-Bouquets se sont réveillés dans la douleur après avoir vu tous leurs biens emportés par les eaux.

Ganthier n'a pu échapper non plus à la fureur de la rivière Blanche qui a laissé son lit au détriment de la route internationale de Malpasse. Un homme et une femme ont péri dans cette rivière en crue après avoir tenté de la traverser. Le corps de Philius Pierre, 35 ans, a été retrouvé aux environs de 6 heures ce matin à Babako, une localité située à une dizaine de kilomètres de l'autoroute. Celui d'une femme qui l'accompagnait reste introuvable.

Cette maison construite au bord de l'autoroute à Ganthier n'a pas été épargnée par les eaux
(Photo: François Louis)
Laissant son lit en s'étendant sur la route à la hauteur de Tombe Bleue, la rivière Blanche emporte tout sur son passage, même les champs des agriculteurs, laissant dans le plus grand désarroi les autorités communales. « En attendant l'aide des autorités centrales, nous distribuons des céréales aux habitants des quatre quartiers les plus touchés de Ganthier afin de les tenir en vie, déclare Jean Délès Leximé, maire adjoint de la commune de Ganthier. Mais la situation est plus que grave. » Un tracteur dominicain - de la compagnie Implementos & Maquinarias - déblaie la route en vue de frayer la voie aux véhicules bloqués dans les eaux.
L'ignorance des uns et l'irresponsabilité des autres
Despizo, Bois Léger, Bois Gorman et Babako demeurent les localités les plus touchées tant les pertes sont énormes, dit le maire adjoint qui estime à 3 388 dollars l'aide alimentaire disponible.


Un camion de transport bloqué sur la route internationale de Malpasse à hauteur de Ganthier
(Photo: François Louis)

« Heureusement que nos familles ne paient pas de leur vie les frais des catastrophes », lâche Beauvais Laguerre, dont la maison et les animaux ont été emportés par les eaux de la rivière Grise. Habitant d'un quartier de Tabarre 27 dénommé « Dèyè mi », cet homme de 45 ans, comme ses voisins, croit rêver.
Racontant ses déboires d'assister impuissant à la destruction de sa maisonnette de trois pièces et à la perte de ses cochons et de ses volailles, M. Laguerre laisse croire en sa force de lutter pour assurer la survie de ses onze fils et petits-fils vivant avec lui.
« Nos maisonnettes n'étaient pas du tout construites dans le lit de la rivière », répliquent des habitants de « Dèyè mi » aux commentaires d'un curieux qui estime le contraire. « Il y avait un monticule de terre qui nous séparait de la rivière », se défendent-ils à l'unanimité, tout en désignant plus bas d'autres maisons menacées par les eaux. « Pensez-vous qu'il y avait des maisons plus sécurisées que celles-ci », demandent les riverains.
Cette route conduisant à Thomazeau en passant par Ganthier est complètement envahie par la rivière Blanche
(Photo: François Louis)


La rivière Grise laisse sur tout son cours des victimes. Et sa force délétère continue d'effrayer les nombreux habitants ayant construit leurs maisons dans son voisinage. Ces derniers n'arrêtent pas de fuir leurs demeures. « On a peur de la force menaçante des eaux », laissent entendre des femmes fuyant avec des enfants sur les bras. A Croix-des-Missions, la même scène est observée. Le marché est complètement inondé, des maisonnettes et des têtes de bétail ont été emportées. Les autorités policières ont été obligées de bloquer la circulation automobile sur le pont après y avoir constaté des fissures. « On interdit aux véhicules de passer sur le pont afin d'éviter le pire », a avancé l'un des policiers remarqués dans les parages.
Les quartiers de Barrière Fer, de Terre Noire et de Duvivier ont également été inondés par la rivière Grise, laissant aux abois des milliers de riverains qui ne savent à quel saint se vouer.
A Duvivier, la quasi-totalité des maisonnettes ont leurs pieds dans l'eau
(Photo: François Louis)

Les dégâts matériels causés par la tempête Noël sont aussi considérables. A Petite Rivière de l'Artibonite ainsi qu'au Wharf de Jérémie à Port-au-Prince, plusieurs maisonnettes ont été emportées par les eaux. A Léogane, une partie de la ville a été inondée. Du côté de Tabarre, plusieurs personnes vivant en dessous du pont de cette zone ont vu leurs maisons inondées, ont révélé les habitants de la zone
En Plaine, à Carrefour Marin, le pont qui traverse la Rivière Grise a été interdit à toute circulation, voitures comme piétons.
A Cité Soleil, cent personnes ont été déplacées afin d'éviter qu'elles ne subissent de plein fouet les outrages de Noël.
Le cabotage dans les eaux territoriales haïtiennes est interdit jusqu'à nouvel ordre.
« C'est une grande épreuve que nous sommes en train de traverser pour le moment, reconnaît le ministre de l'Intérieur et des Collectivités territoriales Paul Antoine Bien-Aimé, qui intervenait à un point de presse mardi soir au local dudit ministère. Le gouvernement assurera la prise en charge des personnes sinistrées. »« Des pluies intenses continueront de s'abattre sur le pays jusqu'à jeudi, prévoit le météorologue Roland Semelfort. Ces pluies peuvent provoquer des inondations en dépit du fait que la tempête tropicale s'éloigne totalement des côtes d'Haïti. »

Lima Soirélus
Victor Jean, Junior
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=50357&PubDate=2007-10-30

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