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mardi 2 octobre 2007

Les héros du marché du travail...En faveur des personnes à besoins spéciaux..

En dépit de leur formation académique et de leur compétence dans leur champ d'action, une infime quantité de handicapés se faufile difficilement dans l'administration publique. D'après les chiffres avancés par Michel Péan, sur chaque 10 000 employés du secteur public, on ne trouve que 4 personnes à besoins spéciaux.

« C'est alarmant de constater, en plein XXIe siècle, qu'embaucher un handicapé, en dépit de sa formation académique et sa compétence dans son champ d'intervention, s'apparente à une marque de faveur », s'offusque Ronald Montès, réceptionniste à l'Institut du Bien-être social (IBESR) et étudiant finissant en communication sociale à la faculté des Sciences humaines de l'Université d'Etat d'Haïti.
C'est une preuve, déduit-il, que dans la mentalité collective haïtienne, le handicapé est loin d'être une personne à part entière.
Aveugle dès sa prime enfance suite à une maladie dont il ne se rappelle pas exactement le nom, Ronald Montès, 40 ans, a intégré l'IBESR en 1994 grâce à la sollicitude de Jean-Marie Féquière, directeur d'alors de cette institution. Il fait partie de l'infime quantité de handicapés qui arrivent à se faufiler difficilement dans l'administration publique.
S'il faut croire les chiffres avancés par le secrétaire d'Etat à l'Intégration des Personnes handicapées, Michel Péan, sur chaque 10 000 employés, seulement 4 sont des handicapés.
Ces chiffres doivent interpeller la conscience de tous sur l'urgente nécessité de prendre en compte les besoins de cette couche sociale marginalisée. « Les personnes à besoin spéciaux ont, elles aussi, des besoins primordiaux à satisfaire et même plus que les gens soi-disant normales », argumente M. Montès.
En vue d'élaborer une politique nationale sur la problématique des personnes vivant avec un handicap, un forum sera organisé les jeudi 4 et vendredi 5 octobre 2007, informe le Dr Michel Péan contacté par téléphone.« Seule une véritable politique d'intégration peut combler les retards accumulés en ce sens », croit pour sa part Philippe Lefèvre, également réceptionniste/ standardiste au ministère de l'Education nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) depuis 1989.
Ce handicapé visuel, qui au début a été une curiosité pour d'autres employés, reconnaît que des progrès sont faits sur le plan des rapports sociaux. « Il se développe aujourd'hui des relations plus cordiales entre mes collègues de travail et moi. On se rend finalement compte qu'une personne à besoins spéciaux peut être aussi compétente que beaucoup d'autres », a t-il déclaré fièrement.
Philippe Lefèvre a intégré le MENFP grâce à l'intervention directe de Ludovic Comeau, directeur à l'époque de la Société haïtienne d'Aide aux Aveugles et de l'ancien ministre de l'Education Rémy Zamor. Réceptionniste, il gère les appels entrants et sortants du ministère. Marié et père de deux enfants, M. Lefèvre se rend à son boulot avec l'aide de sa femme. A son retour, il sollicite l'aide de ses collègues qui le conduisent vers un taxi. « Mon salaire mensuel ne me permet pas encore de posséder ma propre voiture et mon chauffeur », se plaint-il sans vouloir révéler le montant exact.
La situation n'est pas trop différente pour Prévoir Sonson, cet unijambiste de 47 ans, portier au ministère des Affaires sociales depuis six mois. Il a été embauché, avec trois autres camarades, suite à une série de revendications et de mobilisations lancées par la communauté de handicapés. « Le ministre Gérald Germain a été attristé par notre situation, il a retenu quatre d'entre nous. Quel homme de coeur il est, ce ministre ! », a-t-il lancé.
« Grâce à ce petit boulot, je nourris ma femme et mes huit enfants », se réjouit-il. Prévoir Sonson n'a pas caché sa fierté de vendre sa force physique. « Nous avons de la force physique et de la volonté, nous travaillons comme tout le monde. Et nos supérieurs hiérarchiques sont satisfaits de notre résultat », explique-t-il au moment d'ouvrir un pan de barrière laissant entrer une voiture. Avec une note de tristesse dans la voix, M. Hercule décrit l'accident-survenu en 1976- qui le prive aujourd'hui de l'usage de son pied droit.


Nélio Joseph

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