Google

samedi 22 septembre 2007

Pain quotidien : le prix à payer

Le prix de la farine a, depuis quelques jours, augmenté sur le marché local. Cela est dû à la flambée du prix de blé sur le marché international, selon les responsables de l'entreprise commerciale Les Moulins d'Haïti (LMH).

Le prix pain et autres produits à base de farine a légèrement augmenté sur le marché local. Et cela n'est pas sans répercussion sur le budget des ménages. Certains grossistes et revendeurs se plaignent de l'augmentation brusque de la farine. « Nous payons actuellement un surplus de 25 % sur la farine, explique Midguet Sanchez, directeur de la boulangerie adventiste d'Haïti. Donc, nous sommes bien obligés d'augmenter nos prix jusqu'à 15 %.» Les consommateurs, pour leur part, font remarquer que le pain qu'ils achètent aux coins des rues est moins volumineux. « Le sachet de ''pain bois'' qui coûtait autrefois 10 gourdes est passé aujourd'hui à 12 gourdes. Dans certaines zones, on peut le payer jusqu'à 15 gourdes », explique une jeune femme rencontrée ce matin dans les parages de la boulangerie de Delmas 60. Le pire, poursuit-elle, c'est que le prix a augmenté tandis que le volume du pain diminue considérablement.

Cette réalité n'est pas la même partout. Des boulangeries font carrément varier le prix du pain entre cinq à dix gourdes, sans pour autant modifier le poids. Cette politique appliquée suite à la flambée du prix de la farine atténue l'effet de la hausse qui affecte le consommateur, la principale victime.
Chez les grossistes, un sac de farine de blé coûtait autrefois 1000 gourdes contre 1225 à 1240 aujourd'hui. A la boulangerie adventiste d'Haïti à Diquini, le pain enrichi est passé de 30 à 35 gourdes. Le prix d'un plateau de 24 pains n'a pas changé à la boulangerie L'Eternel est Grand à Delmas 89. « Les petits détaillants refusent de payer le plateau au prix fixé », lâche Will Dossou, un boulanger de Delmas.
Cette hausse a un impact direct sur la clientèle. Depuis début septembre, des boulangeries reçoivent moins de clients que d'habitude. Une situation qui inquiète certains propriétaires de boulangeries. « Si la clientèle se réduit davantage, nous finirons par fermer nos portes », se désole Midguet Sanchez, directeur de la boulangerie adventiste de Diquini. L'artisan-boulanger dit toutefois espérer à une amélioration de la situation.
Une amélioration qui ne dépend nullement des autorités haïtiennes, selon Saurel Gilet, directeur du commerce intérieur au Ministère du Commerce et de l'Industrie (MCI). Haïti est un pays importateur de blé et par conséquent dépend des variations du prix sur le marché international. « Les consommateurs doivent attendre. Nous dépendons du marché international », reconnaît Emmanuel Brinvil, assistant commercial de Les Moulins d'Haïti (LMH).

Cependant, tout comme les consommateurs, M. Brinvil ne sait pas trop quand cela va changer. Les causes de l'augmentation sont multiples et un peu délicates. Les pays producteurs de blé ont connu une période de vache maigre cette année. Les fortes pluies qui se sont abattues dans diverses régions des Etats-Unis, troisième producteur mondial de blé, ont considérablement diminué le produit sur le marché international.

D'autant plus que, l'utilisation de certaines céréales, telles que le maïs, comme intrants dans la fabrication du biocarburant, notamment l'éthanol, affecte quelque peu la filière. Les spécialistes jettent le cap sur le blé pour la fabrication du biocarburant. Ce qui porte certains pays producteurs de blé à garder leurs marchandises chez eux. La demande étant plus élevée, les producteurs jouent sur le prix.

Haïti n'est pas le seul pays à être victime de la flambée de blé sur le marché international. Plusieurs pays de l'Europe, de l'Amérique et de l'Afrique subissent également le contrecoup. Le prix du blé dans certains pays a presque doublé. En France, par exemple, le prix de la baguette subit régulièrement l'effet yoyo. « Le prix de la baguette n'est plus réglementé en France depuis 1978. Traditionnellement, les boulangers décident de modifier les étiquettes à la hausse ou à la baisse en septembre, et de rares fois en janvier », a rapporté une agence en ligne.
Dans certains pays d'Afrique, notamment au Bénin, on commence à expérimenter d'autres intrants, tels le manioc, dans la fabrication du pain. En Haïti, on pourrait faire de même, souligne Dieuseul Lefèvre, assistant directeur à la direction du commerce interne à Ministère du Commerce et de l'Industrie. « Nous pouvons utiliser certains vivres et tubercules riches en amidon, comme l'arbre véritable, le manioc et autres, dans la fabrication de pain », a-t-il conclu.

Jean Max Saint-Fleur
tmaxner@yahoo.fr

Sherline Chanlatte Duplan
sherlinecduplan@yahoo.fr

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=48613&PubDate=2007-09-22

Aucun commentaire: